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Ces Français qui viennent faire des études de santé en Espagne

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Écrit par Eva Sannino
Publié le 30 octobre 2017, mis à jour le 28 février 2024

La pratique est de plus en plus courante chez les étudiants de l’Hexagone. Avantages, inconvénients, coût : zoom sur une aventure universitaire pas comme les autres.

 

Ce n’est pas un secret, le numerus clausus et l’année de PACES (première année commune aux métiers de santé) ont poussé certains à faire leurs études de médecine, dentaire, ou encore kinésithérapie dans d’autres pays de l’Union européenne. La Belgique et la Roumanie, destinations longtemps privilégiées, sont désormais concurrencées par le dispositif universitaire espagnol.

 

Un choix avantageux…


En tête de liste des intérêts, la proximité géographique, les diplômes reconnus, l’absence de concours à l’entrée motivent le choix des étudiants. Nathalie Sanchez, fondatrice de FrancEspagne Education et connaisseuse des systèmes français et espagnols, accompagne les étudiants dans le cursus espagnol. Elle affirme : “Il s’agit d’universités privées, plus facilement accessibles qu'en France car il n'y a pas de concours en Espagne mais des examens. On y travaille pour soi au lieu de se battre contre les autres”. Il est vrai que le fonctionnement à la française peut rebuter. Alexandra et Charlotte témoignaient il y a un an pour LCI sur la décision d’aller en Espagne : “C’est une nouvelle vie, une nouvelle langue, un nouveau système qui nous convient”.

 

...qui a un coût


Pour suivre leur exemple, il faudra tout de même un investissement personnel et financier. Tout d’abord, les étudiants doivent avoir un niveau B1-B2 en espagnol en arrivant dans les universités concernées, où le castillan représente la langue de référence. Même si certains établissements proposent des cours en français, comme la Universidad Europea de Madrid en kiné, ou la CEU Valencia pour le cursus vétérinaire. "C 'est ce que nous appelons les ‘cursus piège’, car ils attirent les élèves qui ont le moins envie de faire d'efforts et qu'un niveau B2.2 en espagnol est obligatoire pour accéder aux patients en stage, chose très difficile à obtenir quand on ne parle pas un mot d'espagnol pendant un an ou deux, ce qui est le cas de beaucoup d'étudiants de ces cursus", estime Nathalie Sanchez.

 

Des universités privées dont les coûts peuvent monter jusqu’à 20.000€ l’année

 

Les étudiants devront donc maîtriser la langue pour interagir avec les patients, et le plus tôt sera le mieux. D’autre part, les universités publiques espagnoles sont très difficiles d’accès pour les étrangers, même de l’Union européenne. Les étudiants désireux de suivre leur cursus en Espagne devront envisager les universités privées dont les coûts peuvent monter jusqu’à 20.000€ l’année. La note diffère selon les cursus, selon Europe Santé Formations : comptez entre 6.000 et 12.000 euros par an pour kinésithérapeute et entre 14.000 et 20.000 euros par an pour dentaire. Les prix varient aussi selon les villes universitaires. Thomas, étudiant en kiné à Murcie, justifie son choix de cette ville du sud-est du pays par rapport à Madrid : son année à 6.100€ aurait coûté 8.000€ à Valence et 10.000€ à Madrid, explique-t-il. Combiné au fait que le nombre d’années d’étude varie également, le poids financier doit être pris en compte. La fondatrice de FrancEspagne Education souligne qu’en France, “ces études ont un prix de revient assez similaire sauf que, pour la plupart des cursus, ce sont les finances de l'Etat qui assument ces coûts et non l'étudiant”. Si les Français peuvent prétendre aux bourses des conseils régionaux et départementaux, l’option du prêt étudiant auprès des banques doit être envisagée. En somme, il s’agit d’une décision réfléchie. Le conseil bonus de Nathalie Sanchez : “Bien réfléchir avant de s'engager, se mettre à fond à l'espagnol pour étudier et aussi s'intégrer en Espagne, se déplacer avant de se décider, croire en soi et faire les efforts pour réaliser ses rêves…

 

L’offre espagnole, mode d’emploi


Les universités privées de Madrid, Valence, Murcie et Gérone accueillent les étudiants français régulièrement. Pour rejoindre l’une d’entre elles, les étudiants doivent solliciter auprès de l'université à distance, l’UNED, un “credencial”, qui fera valoir le Baccalauréat français. Certains établissements feront passer un test de langue à l’entrée. La kinésithérapie, l’odontologie, l'audioprothèse, la pharmacie et la médecine vétérinaire constituent les filières des métiers de la santé les plus sollicitées d’après la spécialiste des études universitaires en Espagne, par rapport à la médecine, la psychologie, la physiothérapie ou encore l’infirmerie. L’équivalence des diplômes délivrés en Espagne est assurée en France et dans l’Union Européenne grâce aux crédits universitaires, appelés ECTS. A la fin des études, il faudra simplement s’inscrire aux Ordres professionnels français pour les dentistes et vétérinaires, alors qu’une autorisation d’exercice sera nécessaire pour les audioprothésistes et les kinésithérapeutes par exemple.

 

La kinésithérapie, l’odontologie, l'audioprothèse, la pharmacie et la médecine vétérinaire constituent les filières des métiers de la santé les plus sollicitées


Difficile de chiffrer le nombre d’étudiants français dans le domaine de la santé en Espagne. “Il n'y a pas de statistiques nationales mais FrancEspagne Education accompagne plus de 500 étudiants français tous les ans”, commente Nathalie Sanchez. LCI, qui a fait un reportage au campus UAX à Villanueva de la Cañada, ville de la Communauté de Madrid à forte population française, recensait 2.000 élèves de l’Hexagone sur les 14.000 de l’université. L’Ordre des masseurs-kinésithérapeute français offre également un ordre d’idée : “En 2017, 858 kinésithérapeutes de nationalité française titulaires d’un diplôme espagnol [...] sont inscrits au Tableau”. Peut-on s’attendre à une augmentation massive dans les années à venir ? Selon Nathalie Sanchez, pas vraiment. Elle assure que “la situation sera certainement stable car le nombre de places disponibles par cursus est fixé par l'Etat espagnol”. La fondatrice de FrancEspagne Education ajoute : “D'autres cursus seront de plus en plus demandés (architecture, digital, finances, marketing, ingénieurs...) car l'Espagne propose des formations d'un excellent rapport qualité-prix”.