Ils sont jeunes, ils sont Français et vivent à Madrid. Dans une vidéo pleine de fraîcheur, Claire, Américaine amoureuse de l’Espagne, tend son micro à ces expatriés qui racontent, avec humour et spontanéité, leur adaptation à la vie locale. Entre choc culturel, reggaeton endiablé et nostalgie du bon pain, portrait croisé d’une intégration (presque) réussie.


Bars bruyants, abuelos fêtards et tutoiement : bienvenue en Espagne !
Manon, Clément, Estellina, Cléo… Ils viennent de Marseille, de Bretagne, du sud et de l’ouest de la France, et vivent à Madrid depuis quelques mois ou années. Tous partagent un constat : l’accueil espagnol est chaleureux, détendu, spontané. « Les gens sont sympas, ouverts, prêts à aider… et surtout très chill », résume l’un d’eux.
Mais rapidement, les différences surgissent : manger à 14h30, dîner à 22h30, voir des enfants jouer dans la rue à 23h, ou tutoyer son voisin au premier regard, autant d’habitudes qui déconcertent.
En France, le vouvoiement c’est sacré, on l’apprend dès l’école, sinon on manque de respect.
Même étonnement face au volume sonore : « En Espagne, un bar tranquille, ça n’existe pas. » Tous soulignent une vie sociale plus intense, plus spontanée, où même les personnes âgées prennent part à l’ambiance nocturne. « Ici, tu croises des abuelos qui sortent entre amis, et ça fait plaisir. En France, on ne voit pas ça. »

Et si certains notent un usage du ghosting un peu trop courant sur les applis, les quatre compatriotes s’accordent à dire qu’en Espagne, on vit davantage « dans la rue, dans l’instant, avec fierté ».
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Du pain, du fromage… et des stéréotypes
Quand on leur demande ce qui leur manque le plus, la réponse des Français est unanime : « Le pain, le fromage et la pâtisserie. » « Une vraie baguette, ça n’existe qu’en France. Et le fromage espagnol ? Deux choix, maximum. Nous, on en a des centaines. » Les plats traditionnels comme la tartiflette ou le croque-monsieur sont aussi regrettés.

Mais c’est surtout quand on les pousse à choisir entre les deux cuisines, que la diplomatie franco-espagnole est mise à rude épreuve. Beaucoup admettent aimer les deux, mais penchent pour la française, jugée « plus saine, plus fine, moins grasse. » D’autres, plus intégrés, mélangent les genres : « J’incorpore le fromage français dans des plats espagnols. Et c’est parfait. » La tortilla espagnole, elle, recueille les suffrages… à condition de ne pas la servir avec du pain !
5 clichés français sur les Espagnols
Ce que les Français et les Espagnols se reprochent (gentiment)
Avant d’arriver, nos Français avaient en tête quelques stéréotypes sur les Espagnols : désorganisés mais joyeux. « Ils vivent tard, prennent le temps, profitent de la vie après le travail… Et c’est vrai. » D’autres découvrent un patriotisme très assumé, avec drapeaux aux balcons et fierté nationale affichée, « comme aux États-Unis. En France, personne ne fait ça. »
Et les clichés vont dans les deux sens. Du côté espagnol, les Français seraient froids, arrogants, râleurs, malodorants et... toujours avec une baguette sous le bras. « C’est exagéré, bien sûr, mais je l’entends souvent. Une image largement nourrie, selon eux, par les Parisiens, auxquels on attribue tous les défauts. « Paris n’est pas la France, hein. On le dit même entre nous. »
Pourquoi les Espagnols boudent-ils les Français ?
Et puis il y a ce fameux “syndrome de Paris”, ce désenchantement qui frappe les étrangers venus chercher l’amour et la beauté et qui trouvent… des visages fermés. « Ils idéalisent, puis découvrent la vraie vie. » Sans oublier la réputation française : refuser de parler anglais, exiger que tout le monde parle français — même à l’étranger. « Ce complexe de supériorité, ça agace. Et parfois, je les comprends. »
Naranja, una pesadilla
Côté apprentissage, les Français mettent en avant l’importance de l’immersion. Téléphones en espagnol, colocs hispanophones, séries en VO, cours à la fac : tout y passe. Malgré leurs efforts, des difficultés persistent.
La lettre R, par exemple, est un vrai supplice : « R-E-R. Je n’y arrive pas. » Le subjonctif aussi leur donne du fil à retordre, tout comme certains mots simples : naranja, par exemple, une vraie épreuve de diction !
Mais ce sont surtout les expressions espagnoles qui font sourire. Me cago en tus muertos laisse sans voix, qué guay, vale ou ser la leche amusent et finissent par faire partie du vocabulaire courant, parfois même… en plein français.
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Madrid, la capitale sans stress
Pour ces jeunes Français, Madrid est une grande ville où il est facile de se sentir bien. « C’est une capitale sans stress. » Le Templo de Debod pour les couchers de soleil, Chueca ou Malasaña pour les soirées… chacun a son QG.

Rencontrer du monde est simple, notamment via les universités ou les réseaux sociaux. Mais tisser de vraies amitiés espagnoles demande plus d’effort : « Ils ont déjà leurs groupes d’amis depuis longtemps. Nous, Erasmus, on reste souvent entre nous. »
Quant aux soirées, ils sont unanimes : « En France, on saute. En Espagne, on danse. Et longtemps. » Entre reggaeton, perreo, ambiance détendue et rencontres spontanées, la fête espagnole est plus intense, plus joyeuse, plus vivante.
Le conseil final ? “Sors de ta bulle”
Tous terminent avec le même message : pour profiter pleinement de l’Espagne, il faut s’ouvrir. S’ouvrir à la langue, à la culture, à l’autre. « Ne reste pas dans un groupe de Français. Parle, ose, va vers les locaux. Ici, les gens sont curieux, accueillants. Il faut juste faire le premier pas. » ¿Vamos?
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