La passation s'est formalisée mardi dernier, lors de l'Assemblée générale extraordinaire, qui s'est tenue à la Résidence de France à Madrid. Fondatrice et présidente de l'association féministe d'amitié hispano-française Mujeres Avenir, Maria Luisa de Contes a exprimé son souhait d'effectuer "un pas de côté", pour "assurer la transition et la relève" tout en donnant de la visibilité aux nouvelles générations et à leurs préoccupations. Rebeca Avila, jusqu'alors Vice-présidente de Mujeres Avenir et en charge de la communication de l'association incarnera donc cette nouvelle étape, un défi qu'elle déclare relever avec "un mélange de vertige et d'enthousiasme".
Avec près de 330 membres individuels et quelque 70 entreprises adhérentes, et comme a pu le démontrer au cours de l'AG la Trésorière -et désormais Vice-Présidente- Anne Viard, Mujeres Avenir se porte aujourd'hui mieux que jamais. Après 7 ans d'existence, suite à sa génèse en octobre 2015, l'association d'amitié hispano-française fondée et promue par l'hyperactive Maria Luisa de Contes est devenue "une des associations féministes les plus influentes d'Espagne". Et ce n'est pas qu'une formule, en témoigne notamment l'impressionante liste d'événements organisés depuis son lancement, avec toujours pour ambition "de donner plus de visibilité aux femmes dans la société" et de "lutter pour l'égalité salariale". Le succès de la dernière conférence en date, regroupant 5 juges afghanes exilées en Espagne qui ont témoigné de leur expérience, reflète la capacité de mobilisation d'une association qui jouit aujourd'hui d'une visibilité médiatique certaine.
Une des associations féministes les plus influentes d'Espagne
Depuis l'activisme entrepreneurial, l'association féministe a su s'entourer de décideuses issues des grandes sociétés françaises et espagnoles, mais aussi de personnalités de renom de la sphère politique et diplomatique des deux pays. Dépassant la relation franco-espagnole, ciment fondateur de l'organisation, Mujeres Avenir s'est rapidement positionnée comme une association dédiée à impulser le changement. Son engagement au sein des univers de la francophonie et de l'hispanité, avec notamment le Prix Mujeres Avenir remis tous les ans à deux femmes issues de ces zones d'influence, mais aussi son ancrage dans l'univers de la diplomatie, incluant à ses actions et ses débats les ambassadrices de tous horizons en poste à Madrid, ont participé à visibiliser l'association et à porter sa cause au-delà de l'épiphénomène transpyrénéen. Les exemples de la France et de l'Espagne constituent néanmoins un solide socle -la France avec sa loi des quotas en entreprise, l'Espagne avec sa législation avant-gardiste de lutte contre la violence de genre- permettant de hausser le niveau des débats et de porter les ambitions de Mujeres Avenir au plus haut niveau. Hommage leur est rendu par la Franco-espagnole Maria Luisa de Contes, à chacune des manifestations jusque-là présidées par ses soins.
Maria Luisa de Contes a été une visionnaire
Car si Mujeres Avenir a su dans la sororité orchestrer un succès choral, avec un mélange de bienveillance et d'ambition constituant le lien fédérateur du regroupement, il reste indéniable qu'une grande part de cette réussite est à mettre sur le compte de la fondatrice de l'association. Au cours de l'AG, Rocio Fernandez, directrice des affaires juridiques, a exprimé avec justesse la redevance de l'association envers la présidente sortante. "Maria Luisa de Contes a été une visionnaire", a-t-elle déclaré, "elle a su mobiliser autour d'elle un noyau dur de décideuses, qui ne se connaissaient pas entre elles, et nous transmettre son sens de l'amitié et son enthousiasme". Pour l'anecdote, les prémisses de cet engagement remontent à 2002, il y a tout juste 20 ans, et la création du Foro Mujeres, au sein d'une autre association d'amitié franco-espagnole, Diálogo. La création de l'association Mujeres Avenir remonte quant à elle à 2015, sous l'ère de l'Ambassadeur Jérôme Bonnafont, qui fut l'un des faire-valoir de sa constitution. Mais déjà la dynamique était scellée, la fidélité acquise. À chaque conférence organisée, c'est un public considérable qui a depuis lors toujours répondu présent, sur des thématiques pourtant toujours exigeantes, donnant, c'est vrai aussi, la parole à des expertes de renom et à de véritables pointures dans leurs domaines, souvent porteuses de discours innovants. "Nous avons, au bon moment, su répondre à un véritable besoin et à une demande forte de la société", juge à cet égard Maria Luisa de Contes. Pour autant, 20 ans après, "les problèmatiques sont en train de changer et les nouvelles générations arrivent en force". Le changement de présidence de Mujeres Avenir constitue donc une façon "d'anticiper l'avenir", de profiter des synergies existantes entre l'expériences des plus anciennes et l'énergie des plus jeunes.
Construire le futur de Mujeres Avenir
Dans bien des organismes, et qui plus est ceux à caractère associatif et bénévole, la perdurabilité de l'entité dépend trop souvent d'une seule personne, qui joue simultanément le rôle de moteur, de combustible, d'embrayage et de direction assistée, non sans se laisser griser par les effets du pilotage et de la vitesse. La métaphore aurait pu valoir pour l'ex membre du Conseil d'administration des filiales de Renault en Espagne. On aurait pu craindre que, comme s'est souvent le cas, un mélange de narcissisme et d'inertie la maintienne ad vitam aeternam à la tête de Mujeres Avenir. Il n'en sera rien et de nouveau la fondatrice de l'association d'amitié hispano-française aura su démontrer son avant-gardisme et la fidélité à ses principes. "Cette Assemblée générale est celle de la transition et de la relève", a-t-elle annoncé mardi dernier, "qui nous permettront de donner une nouvelle impulsion à Mujeres Avenir. Nous, les femmes qui avons fondé l'association, nous allons continuer la lutte, au sein de Mujeres Avenir, tout en laissant le protagonisme aux plus jeunes (...) C'est ainsi que nous construisons le futur de l'association". Pour Maria Luisa de Contes, "il ne s'agit pas d'un pas en arrière, mais bien d'un pas de côté". La désormais "Présidente fondatrice" continuera à conseiller et appuyer le nouveau bureau et la nouvelle Présidente, pour une transition sans heurts.
Feuille de route et calendrier des événements à venir
La montée en puissance de Rebeca Avila au sein de l'association ne date pas non plus d'hier. La Sévillane, Vice-Présidente pour la communication et la RSE du Groupe Accorhotels pour l'Europe du Sud, est depuis plusieurs années de plus en plus impliquée dans la vie de Mujeres Avenir. Elle a pris une part prépondérante dans l'organisation de la conférence organisée pour la première fois dans la capitale andalouse en mars dernier à l'occasion de la Journée de la femme. Lors de sa prise de fonctions mardi dernier, la nouvelle Présidente a évoqué son parcours aux côtés de sa prédecesseur, incarnation "du vrai féminisme", avec "sa générosité, sa capacité à tendre des ponts entre femmes, son travail sans répit pour la défense d'idéaux et de droits inaliénables". Elle a aussi tenu à esquisser les lignes directrices de la nouvelle étape qui s'ouvre, qui devrait être marquée par un nombre croissant de projets "avec impact", à l'instar du mentoring pour un retour vers l'emploi de femmes victimes de violence de genre et réalisé par des cadres dirigeantes de l'association, qui sera lancé dès octobre prochain en partenariat avec l'association Integra. L'implication croissante des nouvelles générations, via la Commission "Joven" est aussi à l'ordre du jour. Le nouveau bureau, avec désormais 3 Vice-présidentes (Beatriz Medina, Anne Viard et Teresa Castillo, responsable de la Commission Jeune), une Secrétaire Générale inchangée (Pauline Leroyer) et la Présidente fondatrice, Maria Luisa de Contes, devrait être le garant de la tenue de cette feuille de route.
"Je suis sûre que vous allez faire un travail formidable", a estimé Marie Christine Lang, Consule générale de France à Madrid, en clôture de l'AG. "Vous pouvez compter sur mon soutien indéfectible". Le programme des actions à venir promet en tous cas, avec le 3 novembre prochain une conférence sur la place de la femme dans les arts, au Musée Reina Sofia et avec la participation de Ángeles González-Sinde. Le 25 novembre, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes, c'est cette fois-ci à l'Institut français que l'association organisera sa traditionnelle rencontre, qui sera suivie le 6 décembre par une rencontre à caractère littéraire tournant autour des "dystopies patriarcales" et du dernier ouvrage de la philosophe Alicia Miyares. La 6e Conférence internationale "Femmes et Diplomatie", au cours de laquelle est traditionnelement remis le Prix Mujeres Avenir aura lieu le 3 mars 2023, tandis que la 2e Conférence organisée à Séville se tiendra le 7 juillet. Dans le même temps, la Commission Jeune ne restera pas inactive, avec plusieurs événements prévus prochainement, notamment une rencontre tournant autour des femmes et du sport en octobre, un rassemblement de jeunes entrepreneuses actives dans le secteur de la mode dite "durable" ou, à l'occasion de la Journée mondiale des Mathématiques, le 11 février prochain, une conférence qui devrait permettre de débattre sur le futir de la génération Y dans le monde des Sciences.
Le dernier mot à la fondatrice de Mujeres Avenir, pour qui "les femmes de ma génération n'abandonneront jamais le travail qu'elles font en faveur du féminisme". "C'est en permettant aux plus jeunes de prendre la direction effective de notre association que nous continuons notre combat", conclut-elle.