Cette année, lepetitjournal.com Espagne souffle sa vingtième bougie. Et en 20 ans, l’Espagne a connu de nombreux évènements et traversé plusieurs crises. Témoin d'exception de ces changements, lepetitjournal.com revient sur certains des plus importants qui ont définitivement métamorphosé le pays.
Une société de plus en plus diversifiée
Le processus d'immigration en Espagne a changé à jamais la société et la changera certainement encore plus à l'avenir. En 1993, la population étrangère représentait à peine 1% des résidents en Espagne. En 2022, ce pourcentage atteignait 15,8%, pratiquement une personne sur six. L'INE signalait d'ailleurs dans son dernier rapport sur la population, que l'Espagne vient d'atteindre le chiffre record de 48,2 millions d'habitants exclusivement grâce à l'augmentation des étrangers qui compense en plus la réduction du nombre de ressortissants espagnols. Aucun autre pays de l'UE n'a connu un processus de changement aussi rapide et profond qui, jusqu'à présent, n'a pas causé de problèmes significatifs d'intégration et d'acceptation par une société de plus en plus diversifiée.
L'Espagne, pays pionnier pour l'égalité des femmes
Les clichés ont la peau dure et l'Espagne est souvent perçue comme une terre de "machistes". Pourtant, le pays a été pionnier depuis le début des années 2000 en matière de législation en faveur de l'égalité des hommes et des femmes. Depuis le vote en 2004 d'une loi globale dite "des mesures de protection intégrale contre la violence de genre", l'Espagne a adopté une perspective éminemment féministe. Sa dernière loi sur la liberté sexuelle, plus communément appelée "ley del solo sí es sí" est toutefois empreinte de polémique. Quoiqu'il en soit, l'égalité entre les hommes et les femmes a considérablement progressé en Espagne au cours des 20 dernières années et la réduction de l'écart entre les hommes et les femmes dans l'accès au travail et aux postes de décision des femmes est un fait irréversible, même s'il reste encore beaucoup à faire.
Loi espagnole du "solo sí es sí" : pourquoi une telle polémique?
La fin du terrorisme d'ETA
En 2001, les années les plus sanglantes d'ETA touchaient presque à leur fin, avec des attentats et des attaques particulièrement violentes dans les décennies de 1980 et 1990. Entre 1998 et 2004, deux trêves avaient été déclarées, mais les attentats continueront pourtant : en 2001, c'est à Madrid que l'explosion d'une voiture piégée par des membres d'ETA blessera 95 personnes. Le dernier attentat revendiqué par le groupe terroriste basque remonte à 2009. En 2011, l'organisation terroriste annonce la fin de toute activité armée, mais il faudra attendre 2018 pour qu'ETA démantèle officiellement toutes ses structures, mettant ainsi un point final à près d'un demi-siècle de violences. Aujourd'hui, de nombreux sympathisants ou membres d'ETA, comme Arnaldo Otegui, sont entrés en politique au travers du parti Euskal Herria Bildu.
L'Espagne, une société vieillissante
Au cours des 20 dernières années, nous avons assisté à un processus accéléré de vieillissement de la population espagnole. Le poids démographique croissant des personnes âgées, dû à l'augmentation de l'espérance de vie, s'est accompagné d'un taux de fécondité de plus en plus faible. En fait, l'Espagne est passée du statut de société européenne ayant les taux de fécondité les plus élevés à celui de pays de l'UE-28 ayant le deuxième taux de fécondité le plus bas, juste derrière Malte: alors qu'en 1975, les femmes espagnoles avaient en moyenne 2,8 enfants, elles n'en avaient plus que 1,3 en 2020, loin du seuil de remplacement. Cette situation a également entraîné un report à plus tard des événements importants de la vie des Espagnols, tels que la fin des études, l'accès au travail, le phénomène grandissant des "ninis" (les tanguys espagnols) ou la formation d'une famille.
Le SMIC se rapproche de l'Europe
Lorsque l'euro a commencé à circuler en Espagne en janvier 2002, de nombreuses personnes se sont inquiétées de son impact sur le pouvoir d'achat. Le salaire minimum était passé cette année-là à 442,2 euros par mois, et peu de gens auraient pu imaginer à l'époque que, vingt ans plus tard, il aurait augmenté de plus de 220% pour atteindre 1.000 euros. Toutefois, malgré cette amélioration, l'Espagne est encore loin du salaire minimum le plus élevé de l'UE, qui est versé au Luxembourg (2.387 euros bruts par mois en 12 mois), suivi de l'Allemagne (1.987 euros). La France arrive en 6e position, avec 1.709 euros. Le fossé s'est donc réduit avec le reste des grands pays européens, mais reste encore important.
Il en est de même avec le salaire moyen en Espagne, qui s'élevait à 26.537 euros en 2020, soit près de 10.000 euros de moins que la moyenne de la zone euro. (il est inférieur de 30,3% au salaire moyen en France). Et si l'on compare avec l'an 2000, le salaire moyen en termes réels en Espagne a diminué de 1,1%, alors qu'il a augmenté de 12,5% en moyenne dans la zone euro. En analysant les données de l'OCDE, le salaire réel moyen en Europe a augmenté à prix constants entre 2000 et 2020, alors qu'il a reculé en Espagne.
Les salaires en Espagne, plus bas qu'il y a 20 ans, et plus hauts en Europe
La fin du bipartisme
Au cours des 20 dernières années, le multipartisme a mis fin au bipartisme du PP (parti conservateur) et du PSOE (parti socialiste) à la chambre des députés. Lors des élections générales de 2000, le système bipartite -PP et PSOE- remportait 78,6% des voix. Ce chiffre n'était plus que 48,8% en 2019. Finies, donc, les majorités absolues. Avec un hémicycle plus divisé que jamais, des alliances sont devenues nécessaires pour pouvoir gouverner, que ce soit au niveau national (avec la première coalition de l'exécutif PSOE-Unidas Podemos en 2019), municipales ou régionales Cette instabilité politique en Espagne remonte aux élections de décembre 2015, avec l’irruption de Podemos et de Ciudadanos.
L'utilisation quotidienne d'Internet a été multipliée par 14
L'étude générale sur les médias, réalisée par l'AIMC, recueille des données sur l'utilisation d'Internet par la population. En 2000, le pourcentage de personnes interrogées qui s'étaient connectées était de 5,6%, contre 80,2% dans le dernier rapport. Ce chiffre a été multiplié par 14. La technologie a démontré son potentiel à changer radicalement l'éducation, la santé, l'entreprise, la vie familiale et sociale et même la vie politique. Elle a cessé d'être un outil pour devenir un élément fondamental de l'écosystème personnel et social dans lequel nous vivons. Le succès du déploiement des réseaux en fibre optique en Espagne est tel que, selon les données de l'OCDE, l'Espagne se classe désormais au troisième rang mondial des pays de l'OCDE, derrière la Corée du Sud et le Japon, pour le nombre d'abonnements à la fibre optique par rapport au nombre total d'abonnements à la large bande.
Royauté: une histoire d'amour entre une journaliste et le futur roi
Et pour finir, une petite touche "people". Il y a 20 ans, l'histoire d'amour entre le futur Felipe VI et Letizia Ortiz débutait. Celle qui allait devenir la future reine du Royaume d'Espagne était alors une jeune journaliste de télévision, fraichement divorcée d'un premier mariage. Cette relation entre une roturière et le futur roi d'Espagne n'était pas du tout du goût des Rois d'Espagne Juan Carlos II et Sofía mais, cette fois, Felipe a tenu bon aux pressions et les fiançailles de Felipe de Borbón, Prince des Asturies, et de Letizia furent officiellement annoncées par la Famille Royale espagnole en novembre 2003. Le mariage princier fut ensuite célébré en 2004 à la Cathédrale de Santa María la Real de La Almudena de Madrid sous une pluie diluvienne. Felipe IV fut proclamé roi d'Espagne dix ans plus tard en 2014, suite à l'abdication de son père Juan-Carlos Ier pour des raisons jamais filtrées officiellement.