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Expo "Refugees", ou comment vous mettre dans la peau d'un réfugié

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julie ricard - unsplash
Écrit par Pauline Berger
Publié le 23 novembre 2020, mis à jour le 10 décembre 2020

Après l'exposition Arctic: culture and climate au British Museum, Refugees est la deuxième exposition à faire impérativement après le confinement. Elle aborde la question des réfugiés d'une façon originale, en mélangeant les expériences de personnes ayant migré de leur lieu de vie à un autre, de la Première Guerre Mondiale à la crise des Rohingyas. Tout simplement fascinant.

71 millions. Ce chiffre impressionnant correspond au nombre de personnes contraintes et forcées de partir de chez elles à cause d'un conflit ou de persécutions selon les Nations Unies en octobre 2020.

Parmi celles-ci, des réfugiés, des personnes déplacées, des demandeurs d'asiles, des migrants, dont on méconnaît trop souvent les différences de statuts, l'ensemble de ces personnes étant pourtant meurtries par une même violence. La violence du départ de son chez soi, la violence de voir sa famille déchirée par les déplacements forcés, la violence des bombes et des tirs qui détruisent tout ce qu'elles n'avaient jamais connu.

Ce sont les témoignages et les souvenirs de ces millions de personnes qui sont racontés à l'Imperial War Museum. Memories of home est une série d'enregistrements audio de réfugiés racontant leur expérience au cours des cent dernières années. Gulwali Pasarlay explique la fuite de son pays natal, l'Afghanistan en 1994, tandis qu'Aleksanda Ptak énumère ses souffrances en tant que réfugié polonais pendant la Seconde Guerre Mondiale. Des objets matériels témoignent également de ces déplacements de population. L'ours en peluche de la jeune Anne Simpson, qu'elle a pu garder alors qu'elle fuyait l'invasion allemande en 1940. Des fragments d'obus ramassés dans le jardin de l'ambassade néerlandaise à Antwerp en Belgique. Une peinture particulièrement émouvante d'un adolescent afghan décrivant son pays comme envahi par des agresseurs en tout genre, et implorant les dirigeants politiques d'arrêter le combat. "BUSH AND BLAIR STOP IT, IT HURTS" est inscrit au bas de l'œuvre.

Des informations sur la procédure de demande d'asile au Royaume-Uni, une fresque renseignant les visiteurs sur tous les conflits depuis la Première Guerre Mondiale ayant entraîné des déplacements de population, et des chiffres sur les pays accueillant aujourd'hui le plus de réfugiés sont également renseignés. Cela permet de mesurer la dimension actuelle de cet enjeu des migrations humaines, causées par des conflits.

Enfin, l'exposition nous apprend que l'intelligence artificielle est en train de faire son apparition dans la gestion des demandeurs d'asile partout dans le monde. L'objectif ? Prendre une décision plus objective quant à l'acceptation ou le rejet de cette demande. En effet, Frances Webber, avocat de l'immigration, déplore que de nombreux officiers en charge de cette décision voient les réfugiés comme des menteurs de façon quasi-systématique. Des logiciels tels qu'AVATAR, testé en 2014 sur la frontière américano-mexicaine, permettrait donc une gestion de l'immigration plus efficace et surtout plus impartiale.

Pour autant, le risque d'un système d'intelligence artificielle intraçable, et donc de manquer de transparence quant au nombre de données qu'il collecte ainsi que sur les critères qui lui permettent de prendre une décision met également en péril la procédure de demande d'asile de nombreux réfugiés.

Cette exposition émouvante où il vous sera possible d'apprendre énormément de choses sur un phénomène qui nous concerne tous, est à voir gratuitement jusqu'au 24 mai 2021, à l'Imperial War Museum.

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