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De Gaulle et l’Angleterre : « Je t’aime… moi non plus »?

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Charles de Gaulle et Winston Churchill
Écrit par Clara Grouzis
Publié le 9 novembre 2020, mis à jour le 9 novembre 2020

A l’occasion des cinquante ans de l’anniversaire de la mort du général de Gaulle, nous revenons sur la relation particulière qu’il entretenait avec les îles britanniques.

« Car la France n'est pas seule ! […] Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. » Le 18 juin 1940, le général de Gaulle prononçait ces mots à la BBC, depuis Londres. Un discours qui est devenu emblématique de la Résistance française pendant la Seconde Guerre Mondiale.

En effet, l’arrivée à Londres du général Charles de Gaulle en 1940 marque le début d’une relation particulière entre la France et l’Angleterre, et encore plus précisément, entre le général et le Royaume-Uni.

Se battre pour la France, aux côtés de l’Angleterre

Alors que la Seconde Guerre Mondiale a éclaté depuis près d’un an, les Français sont déjà vaincus et le nouveau dirigeant Pétain s’apprête à signer un armistice avec les allemands. De Gaulle, qui refuse la défaite, est accueilli à Londres par le Premier ministre Winston Churchill. Le général français, qui s’était illustré pendant la première Guerre Mondiale, était en effet, proche du gouvernement français depuis peu. Il était sous-secrétaire d’Etat à la Guerre et à la Défense nationale.

Même si de Gaulle est encore un homme méconnu outre-Manche, le gouvernement de Winston Churchill et le roi d’Angleterre George VI (père d’Elisabeth II) le reconnaissent comme le chef de la France Libre. Depuis Londres, le général pilote la Résistance, créant le Conseil National de la Résistance et ralliant les colonies. Il bénéficie de l’appui de Winston Churchill, avec qui une relation spéciale se crée. Ainsi, c’est depuis la capitale britannique que de Gaulle devient la figure de proue de la Résistance française.

Des tensions récurrentes avec les anglo-saxons

Mais après l’entrée en guerre des Américains, Churchill et Roosevelt, le président américain, décident de faire débarquer les troupes en Normandie pour libérer la France. Ils n’en informent de Gaulle que quelques jours avant le 6 juin 1944. Le général français est donc mis de côté par ses alliés, mais loin de se laisser faire, il continue de se battre pour la France libre. C’est à partir de ce moment-là notamment que les frictions s’avèreront récurrentes entre les alliés jusqu’à la fin de la guerre. De Gaulle était alors chef du Gouvernement Provisoire de la République Française, gouvernement finalement reconnu par Churchill comme légitime, en dépit du gouvernement de Vichy, dirigé par Pétain.

Dès lors, de Gaulle se méfie des intentions anglo-saxonnes. Sa relation privilégiée avec Winston Churchill endure des tensions, mais les deux hommes deviendront amis.

L’opposition à l’entrée du Royaume-Uni dans l’UE

Le général de Gaulle quitte le pouvoir en 1946, malgré son rôle reconnu et honoré dans la libération de la France lors de la Seconde Guerre Mondiale. C’est en 1958 que le général revient sur le devant de la scène. Il devient président de la République, avec toujours le même objectif : que la France retrouve sa grandeur. Et sa relation avec les anglais en pâtira. En effet, le général était contre toute forme d’américanisme. Il ne supportait pas la mondialisation de la culture américaine et souhaitait qu’en France, et au delà, ce soit la culture française qui rayonne.

Or, historiquement, les Britanniques sont proches des Américains, ce qui ne plaisait pas du tout au président de Gaulle.

Malgré la relation privilégiée qu’avait entretenu le général avec les anglais au moment de la Seconde Guerre Mondiale, il s’oppose dès 1963 à l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché Commun Européen, ancêtre de l’Union Européenne. De Gaulle affirme lors d’une conférence de presse que « L’Angleterre a demandé à y entrer mais selon ses propres conditions » et que « la nature, la structure qui sont propres à l’Angleterre diffèrent profondément de celles des continentaux ».

Le royaume ne réussira à se joindre à la communauté européenne qu’après le retrait du pouvoir de de Gaulle. Le nouveau président Pompidou acceptera l’arrivée des Britanniques en 1969, pour une entrée effective en 1973, 43 ans avant le vote sur le Brexit.

 

C’est donc, il y a cinquante ans, le 9 novembre 1970, un homme controversé qui s’éteignait. En France, son nom n’échappe à personne. Mais de Gaulle est peu connu des Britanniques. Pourtant, le 4 Carlton Gardens à Londres abrite une statue de l’ancien Président français : c’est là qu’était installé le quartier général de la France libre.

C’est aussi à l’occasion du cinquantenaire de sa mort que la chaîne France 2 diffuse une série intitulée « De Gaulle, l’éclat et le secret », série historique qui retrace les éléments essentiels de sa vie au pouvoir, et évoque aussi sa relation amicale et privilégiée avec Winston Churchill.

« Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres. »avait affirmé de Gaulle le 18 juin. Et moi de dire : demain, comme aujourd’hui, j’écrirai dans lePetitJournal.com de Londres.

 

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