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Covid et Brexit : Eurostar ne voit pas le bout du tunnel

Crise Eurostar Royaume-UniCrise Eurostar Royaume-Uni
Isriya Paireepairit-flickr
Écrit par Marie Lagache
Publié le 20 janvier 2021, mis à jour le 21 janvier 2021

Avec un pied de chaque côté de la Manche, tout le monde se renvoie la balle pour sauver Eurostar de la crise du coronavirus malgré une mobilisation générale.

Eurostar est sur le point de dérailler. Avec un seul aller-retour par jour et uniquement 10% des trains remplis, l’entreprise ferroviaire traverse difficilement la Manche et la pandémie de coronavirus. Le nombre de voyageurs a diminué de plus de 90%, passant de 11 millions de passagers par an à seulement 2 millions. Le chiffre d’affaires depuis le 1er avril ne se situe qu’à 5% du montant habituel. La société souffre des restrictions de déplacement imposées des deux côtés du tunnel. Une situation qui inquiète.

Depuis une semaine, une forte mobilisation générale s’observe pour sauver la compagnie ferroviaire. Le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, a été le premier à faire part de sa préoccupation. Un groupe de chefs d’entreprise londoniens a aussi écrit au gouvernement britannique pour demander “une action rapide pour garantir l’avenir de l’entreprise”.

Jacques Damas, directeur général d’Eurostar, a pris la parole une nouvelle fois, après un premier cri d’alerte en novembre dernier, à l’occasion d’un entretien à l’AFP lundi 18 janvier. “La catastrophe est possible” estime le haut dirigeant. Ce dernier évoque une possible cessation de paiement "quand on aura brûlé tout notre cash, quelque part dans le deuxième trimestre, plutôt dans la deuxième moitié, mais si jamais la crise était encore plus dure, ça pourrait même arriver un peu plus tôt".

 

Un modèle hybride qui dérange

Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF, appelle lui aussi à l’aide pour sauver l’entreprise au micro de France Inter ce mardi 19 janvier. Le dirigeant français explique pour commencer : “Nous avons remis de l’argent dans le capital d’Eurostar pour les aider à passer cette mauvaise phase”. “Il faut réfléchir à comment aider cette société comme les compagnies aériennes l’ont été. Il ne serait pas normal que Eurostar ne bénéficie pas d’aide pour traverser cette mauvaise phase” ajoute Jean-Pierre Farandou. Pourtant, ça coince entre Londres et Paris.

Le siège social de la compagnie ferroviaire se situe en effet dans la capitale britannique, ce qui représente un frein pour les actionnaires français. Pourtant, 55% d’Eurostar est détenu par la SNCF et 5% par la Société nationale belge des chemins de fer (SNCB). Les 40% restants appartenaient auparavant au gouvernement anglais, mais ce dernier a revendu ses parts en 2015 à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et à Hermes Infrastructure. Cette majorité française dans l’actionnariat gène également les Britanniques pour intervenir en faveur de la compagnie.

La particularité, c'est que Eurostar a deux autres défauts : c'est une entreprise française en Angleterre, donc elle n'est pas aidée par les Anglais, et elle n'est pas aidée par les Français parce qu'elle est en Angleterre” résume Christophe Fanichet.

 

Nous discutons avec les gouvernements français et anglais

Mais alors, comment sauver le soldat Eurostar ? Jean-Pierre Farandou redonne espoir : “Nous discutons avec les gouvernements français et anglais, tous deux concernés par la situation. Nous espérons que grâce à ces discussions nous trouverons un système qui permettra d’aider la société”.

En plus de cette potentielle aide financière, la fusion entre Eurostar et Thalys en une nouvelle entité nommée “Green Speed”, prévue normalement pour cette année 2021, pourrait aussi participer au sauvetage de la compagnie ferroviaire. Ce changement permettrait en effet à l’entreprise de faire d’importantes économies.

La compagnie ferroviaire reste indéniablement ancrée dans le paysage franco-britannique. Pour la génération Eurostar, il paraît difficile d’imaginer les déplacements entre le vieux continent et le royaume de sa majesté sans l’entreprise. Toutefois, la crise s'annonce encore longue et les restrictions de déplacement ne risquent pas d’être levées de sitôt. Le sauvetage d’Eurostar semble être une nécessité. Reste à savoir qui prendra le train en marche.

 

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