Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Covid-19 : la justice britannique sur le banc des accusés

Justice britannique CovidJustice britannique Covid
Unsplash - Hansjorg Keller
Écrit par Colin Porhel
Publié le 20 janvier 2021

Les système judiciaires anglais et gallois n’échappent pas aux conséquences de la pandémie. Selon les conclusions d’un rapport de quatre inspecteurs, l’allongement des délais pour le jugement des crimes fait peser « une menace sans précédent » sur le fonctionnement de la justice pénale.

 

Le mois dernier, les Cours d’assises devaient encore étudier près de 54 000 dossiers. Le retard pris s’explique notamment par les différents confinements, qui ont causé un ralentissement des procédures. En décembre 2020, le nombre d'affaires pénales en cours était supérieur de 44 % à celui de février de la même année.

 

Un système à bout de souffle

L’épidémie met en lumière les carences du système judiciaire britannique, dénoncées dès 2018 par l’un des plus hauts responsables en la matière, Lord Bunnet of Maldon. Le manque de moyens menace la bonne tenue des procès, tandis que l’étroitesse des tribunaux ne permet pas d’assurer une sécurité suffisante face au virus. Parmi les 410 salles d’audience, seules 290 peuvent accueillir des procès dans le respect des mesures sanitaires.

Le nombre de prisonniers détenus de manière préventive représente désormais 15% des prévenus. En décembre dernier, plus de 78 000 personnes restaient incarcérées. Là encore, Justin Russel, l’un des auteurs du rapport, déplore le manque cruel de moyens concédé au recrutement de personnel.

Malgré l’investissement de £450 millions octroyé par le gouvernement au système judiciaire, la situation demeure critique. Si le ministère de la Justice affirme que son engagement a largement contribué à une reprise rapide des procédures, certains experts prédisent une aggravation des retards en 2021.

 

Des conséquences à long terme

Face à la paralysie de l’organe judiciaire, plusieurs procès prévus initialement l’année passée ne se dérouleront qu’en 2022. Des reports qui risquent de nuire aux enquêtes, selon Justin Russel. Les souvenirs des témoins s’altèrent progressivement, rendant plus difficile le travail des juges.

Dans le même temps, la crainte de voir les victimes perdre confiance en la justice est réelle. L’allongement de la période avant le jugement peut créer un sentiment d’abandon et les pousser « à retirer leur plainte », regrette l’inspecteur.

Afin de faire face aux effets dévastateurs liés au Covid sur la justice britannique, le Conseil du barreau réclame la création de plusieurs dizaines de nouveaux tribunaux ainsi que la mobilisation de £55 millions pour recruter du personnel. De son côté, le Parti travailliste, par l’intermédiaire du parlementaire David Lammy, a également exigé une augmentation des moyens pour le personnel judiciaire, tout en fustigeant « les tergiversations et retards » du ministère de la Justice.

 

Pour ne rien rater de l’actu londonienne, abonnez-vous à notre newsletter en deux clics !

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions