A défaut de pouvoir vacciner tous ses citoyens en même temps, le Royaume-Uni a décidé de privilégier l’immunisation des personnes les plus âgées. Une stratégie adoptée par une majorité des pays dans le monde, même si quelques-uns se sont engagés dans une autre voie. Tour d’horizon des stratégies vaccinales à travers le monde.
Le Royaume-Uni est en passe de gagner son pari de la vaccination à grande échelle. Après avoir administré le vaccin aux personnes les plus âgées, le pays souhaite maintenant immuniser tous les Britanniques de plus de 50 ans d’ici la fin du mois d’avril. Une stratégie axée sur le niveau de vulnérabilité des citoyens qui semble fonctionner, puisque la Grande-Bretagne commence à entrevoir la lumière au bout du tunnel. Mais si la politique vaccinale de Boris Johnson semble porter ses fruits, qu’en est-il dans les autres pays ?
En France, une stratégie identique mais un succès moindre
De l’autre côté de la Manche, les autorités sanitaires donnent priorité également aux plus anciens. La vaccination dans les EHPAD (Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) a débuté dès la fin du mois de décembre, tandis que, depuis le 18 janvier, les Français âgés de plus 75 ans sont habilités à recevoir une première dose de sérum. Par ailleurs, le vaccin Oxford/AstraZeneca est disponible pour le personnel soignant depuis quelques jours, et le deviendra la semaine prochaine pour les patients de 50 à 64 ans.
Largement critiquée à ses débuts, la campagne de vaccination dans l’Hexagone paraît désormais mieux lancée. Au 16 février, plus de 2,3 millions de Français avaient reçu une première injection. Un chiffre qui devrait encore s’accroitre à partir de la semaine prochaine, lorsque le pays aura accusé réception d’autres doses du vaccin AstraZeneca.
Pour autant, et ce malgré des progrès significatifs, la France reste en proie à des problèmes logistiques qui ralentissent le rythme de la campagne. A cause du manque d’approvisionnement, les candidats à la vaccination doivent parfois attendre plusieurs heures au téléphone pour pouvoir décrocher un rendez-vous. Le choix de la France de ne pas vacciner les personnes de plus de 65 ans avec l’antidote d’Oxford/AstraZeneca, par peur que celui-ci ne procure pas l’efficacité escomptée pour cette tranche d’âge, constitue aussi un frein à une protection rapide de la population.
L’Indonésie à contre-courant des autres pays
Plus au sud de la planète, l’Indonésie fait figure d’exception dans sa manière d’aborder la vaccination. L’archipel, qui a reçu plus d’un million de doses en provenance de la Chine, privilégie ainsi l’immunisation des plus jeunes. Une stratégie logique selon le professeur Amin Soebandrio, conseiller du gouvernement local. Interrogé par la BBC Indonésie sur cette politique peu commune, il considère « logique de donner la priorité aux travailleurs et aux personnes qui sortent régulièrement du domicile familial » afin d’atteindre l’immunité collective. Territoire le plus touché d’Asie avec plus d’un million de cas, le pays espère ainsi protéger, par ricochet, sa population plus âgée.
Un raisonnement pourtant rejeté par l’OMS, qui recommande, tout en rappelant que les vaccins n’assurent pas une transmission moindre du virus, de protéger en premier lieu les personnes de plus de 60 ans. Près d’un mois après le début de la campagne de vaccination, il est encore trop tôt pour évaluer l’efficacité du choix indonésien. Mais nul doute qu’elle sera largement commentée une fois les premiers résultats dévoilés.
Le Danemark choisit de vacciner en priorité les sans-abris
Retour en Europe à présent, où le Danemark garantit, en priorité, l’accès aux vaccins pour les personnes sans-abris. Si, au départ, elles n’étaient pas considérées comme particulièrement à risque, la pression mise par les défenseurs des droits de l’homme a fait changer d’avis le gouvernement. Dans un message publié sur Facebook, l’association Gadejuristen, qui vient en aide aux plus démunis, estimait ainsi « urgent de prioriser les citoyens vivant dans la rue ». Le pays nordique compte environ 6 500 sans-abris, selon les chiffres officiels.
Plus de 7 % de la population danoise a déjà reçu une première dose de sérum, d’après l’institut OurWorldinData, ce qui en fait l’Etat ayant vacciné le plus au sein de l’Union européenne, proportionnellement au nombre d’habitants. Le gouvernement espère désormais proposer une injection à l’ensemble de sa population avant l’été.
Mais, si dans la majorité des pays développés, la campagne d’immunisation avance peu à peu, ce n’est pas le cas dans les régions les plus pauvres du globe. Afin d’y remédier, plusieurs Etats, dont le Royaume-Uni, ont entrepris de rejoindre le programme Covax, qui assure un accès aux vaccins à 92 pays en développement. Une initiative qui profitera notamment au Pakistan, qui devrait recevoir 17 millions de doses de l’antidote développé par les laboratoires d’Oxford et d’AstraZeneca.
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