Le Royaume-Uni s’apprête à rejoindre 11 pays dans un pacte économique et politique, dans la lignée du Brexit. Il deviendra le premier membre non-fondateur à rejoindre le Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership (CPTPP).
“Cela va marquer le point à partir duquel le Brexit ne pourrait plus être inversé". Selon Shanker Singham, ancien conseiller commercial du gouvernement, l’accord qui s’apprête à être signé vendredi entre le Royaume-Uni et le Comprehensive and progressive agreement for Trans-Pacific (CPTPP) marquera un tournant dans l’histoire du pays.
Créé en 2018, le CPTPP couvre actuellement 11 pays : Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam. À ce titre, l’accord en question permettrait d’avoir “au moins autant” d’impact diplomatique et économique que l’Union européenne. Mais que représente-t-il exactement ?
Premièrement, les entreprises britanniques devraient accéder plus facilement à des dizaines de millions de consommateurs étrangers, de la classe moyenne, mais surtout l’accord serait un moyen de se placer sur un nouveau marché de 10 000 milliards de dollars.
En plus de ce nouveau soutien commercial, le deal serait un coup de force politique majeur : le Royaume-Uni jouerait un nouveau rôle sur la scène mondiale, après la récente signature du pacte de défense Aukus avec les États-Unis et l'Australie.
S’affranchir du passé européen
Si accord il y a, toute tentative de réintégrer l'Union européenne deviendrait impossible en raison des réglementations contradictoires entre CPTPP et UE. Shanker Singham, déclare à ce titre : “L'adhésion serait un énorme triomphe pour les négociateurs britanniques, et en particulier pour le Premier ministre et le secrétaire d'État aux affaires et au commerce international.”
Gérard Lyons, ancien conseiller de Boris Johnson (membre du parlement) le rejoint : "C'est quelque chose qui n'aurait pas été possible si nous avions été dans l'UE. La sortie de l'union douanière permet au Royaume-Uni de se repositionner dans une économie mondiale en pleine mutation.” Plus qu’un rejet du retour en Europe, l’accord est une plus-value pour la scène mondiale.
Un accord, pour plusieurs enjeux
"Il est tout à fait logique que le Royaume-Uni se positionne dans ce qui sera probablement la partie la plus dynamique de l'économie mondiale”, affirme Gérard Lyons. Il poursuit : “non seulement en ce qui concerne les pays actuellement présents au sein de l’accord, mais aussi en ce qui concerne le potentiel d'autres pays au sein de ce bloc commercial à l'avenir". Des opportunités pour le commerce numérique et électronique en plus de services, sont déjà en ligne de mire.
Ainsi, selon William Bain, responsable de la politique commerciale à la Chambre de commerce britannique : “90 % de la croissance de la classe moyenne mondiale se fera dans la région indo-pacifique au cours des sept prochaines années, ce qui donnera à la Grande-Bretagne une longueur d'avance sur ses rivaux européens qui cherchent à exploiter une nouvelle base de clients fortunés." Les traders et hommes d’affaires britanniques ont déjà une carte à jouer dans cet accord selon William Bain, avec un tout nouveau “groupe de travail” qui cherchera à s’étendre à travers certains pays du monde.
Royaume-Uni : le nouveau leader du marché économique mondial ?
Si les États-Unis étaient auparavant membres du Partenariat Transpacifique, une version antérieure de l'accord, rejetée sous Donald Trump en 2017 ; ils pourraient voir là une nouvelle offre économique à ne pas manquer. L’autre géant économique : la Chine a bien tenté d’entrer dans l’accord CPTPP en 2021, mais a vu sa candidature rejetée en raison de sa surpuissance économique. Une autre source de satisfaction pour le Royaume-Uni qui réussit là où la seconde puissance économique mondiale a échoué.
Pour l’heure, le Royaume-Uni a déjà conclu des accords commerciaux avec la majorité des membres du CPTPP, mais l'accord ouvrira de nouvelles relations avec la Malaisie et le Brunei, par exemple, ainsi que de nouvelles opportunités à mesure que le bloc s'élargira.
Les échanges avec les membres du CPTPP représentent actuellement 8 % des exportations britanniques, mais ils devraient croître rapidement après la conclusion de l'accord.