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Rapport Sue Gray : à Downing Street, la fête est finie

Une photo dévoilée par le rapport Sue Gray de Boris Johnson à l'une des soirées du PartygateUne photo dévoilée par le rapport Sue Gray de Boris Johnson à l'une des soirées du Partygate
Wikimedia Commons
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 27 mai 2022, mis à jour le 27 mai 2022

Accusé d’avoir participé à des fêtes illégales en pleines restrictions sanitaires, le premier ministre a présenté des excuses publiques avant de s’acquitter d’une maigre amende. Mais Boris Johnson n’est toujours pas tout à fait tiré d’affaire : le très attendu rapport produit par la haut fonctionnaire Sue Gray l’accable un peu plus encore. Au total, seize événements ont été investigués, dont douze faisaient déjà l’objet d’une enquête approfondie par la Met Police.

 

L’objectif de ce rapport, déterminer si ces différentes soirées tenues à Downing Street en pleine pandémie ont constitué une violation des réglementations strictes en vigueur à l’époque, en contexte de forte propagation du Covid-19.

De nombreux éléments accablant les Tories dévoilés

Le rapport Sue Gray, rédigé fin janvier 2022, n’est paru que le 25 mai pour ne pas obstruer le travail de la Metropolitan Police au cours de ces derniers mois. Si 83 hauts-responsables politiques ont déjà dû s’acquitter d’amendes, les conclusions édifiantes de ce document plongent le gouvernement Johnson plus profond dans l’embarras. Les démissions de Tories se poursuivent par ailleurs, jusqu’à celle du MP Paul Holmes le 27 mai, qui explique son départ par une « défiance profonde » en le gouvernement, à la lumière du rapport. 

 

Une manifestation pour la démission de Boris Johnson en vue du Partygate
Wikimedia Commons

 

Pour rappel, la « Christmas party » à l’origine de ce Partygate aurait rassemblé près de cinquante personnes alors que les Britanniques avaient l’interdiction de se rassembler. Mais la découverte du caractère récidiviste de ce type d’infractions a fait redoubler l’indignation générale dans le pays depuis des mois. S’ajoutent à cela des témoignages rendant compte de « tâches de vin sur les murs », de « consommation excessive d’alcool par certains individus », ou même d’ « altercations mineures ».

Le rapport couvre ainsi toute une série de fêtes alcoolisées organisées entre mai 2020 à avril 2021. Chacune d’entre elles y est documentée selon les préparatifs, le nombre de personnes conviées, et son déroulement. Le dossier révèle même de très nombreuses conversations, tenues par email ou sur WhatsApp, entre différents MPs haut placés qui craignaient de se faire surprendre. Pour exemple, concernant la soirée du 20 mai 2020, on peut lire “C’est une bonne idée de boire des verres ce soir […] la conférence de presse devrait se finir à peu près au même moment. Il faudra faire attention puisque les intervenants et les caméras partiront aussi, on essayera de ne pas se promener avec des bouteilles de vin à la main etc. ». Le message provient d’un conseiller spécial du numéro 10, et obtient pour réponse « Je ferai de mon mieux ! » d’un Martin Reynolds enjoué, désormais surnommé « Party Marty ».

À quel point Boris Johnson est-il personnellement incriminé ?

Le Premier Ministre s’est lui-même rendu à sept de ces évènements, dont celui du 20 mai 2020 pour lequel Sue Gray dénombre plus de 200 invitations, et où chacun était sommé « de ramener de l’alcool !». Une commission parlementaire se tiendra bientôt pour discuter de la responsabilité individuelle de Boris Johnson, afin de déterminer s’il a bel et bien « trompé » les représentants de la nation, en déclarant plusieurs fois qu’aucune règle n’avait été enfreinte. Cette commission tiendra compte des conclusions relevées par Sue Gray. Dans le même temps, la Met Police a annoncé avoir achevé son enquête le 19 mai dernier, et se tenir prête à donner des sanctions disciplinaires « si nécessaire ».

On ignore donc si de telles sanctions s’appliqueront au chef des Tories, qui se tient déjà en mauvaise posture face aux appels à la démission pleuvant depuis plusieurs semaines. D’aucuns estiment que l’amende de £50 n’était pas suffisante au regard des violations flagrantes des règlementations qu’il avait lui-même imposées.

Le gouvernement tente de diluer ces protestations, et d'échapper à la menace d’un vote de défiance. Le chancelier de l’échiquier Rishi Sunak - lui aussi concerné par le Partygate - a annoncé un plan d’aide aux plus démunis, notamment en raison de la hausse des coûts de l’énergie. Une mesure visant à endiguer la colère de toute une nation, mais qui semble déjà loin d’être suffisante au regard du trou béant laissé dans la confiance du peuple britannique.