Depuis le “Partygate”, le maintien du Premier ministre britannique au pouvoir semble de plus en plus incertain. Même au sein de son propre parti, Boris Johnson a perdu la confiance de plusieurs parlementaires.
La tension ne retombe pas pour Boris Johnson, toujours empêtré dans des scandales de soirées et d'anniversaires tenus au 10 Downing street pendant le confinement. Il s’agit sans doute de la crise la plus grave traversée par le Premier ministre depuis le début de son accession au pouvoir.
Le 31 janvier, un rapport mené par la haut fonctionnaire Sue Gray a conclu à des manquements et des “erreurs de jugement” au sein du bureau du Premier ministre, ainsi qu’à une “consommation excessive d’alcool inadaptée à un environnement de travail”. Suite à la publication dudit rapport, Boris Johnson a renouvelé ses excuses.
Pour autant, les excuses du leader conservateur ne semblent pas apaiser les tensions, remontées jusqu’à son propre parti. Au sein des Tories, plusieurs annoncent officiellement avoir perdu confiance en leur dirigeant auprès du Comité 1922 par le biais d’une “no confidence letter”, soit une “lettre de défiance”.
Qu’est-ce que le Comité 1922 ?
Le Comité 1922 est un comité interne au parti conservateur, Boris Johnson en fait d’ailleurs partie. Il est constitué de 18 députés d’arrière-ban, appelés les “hommes en costumes gris” après qu’ils aient provoqué la démission de Margaret Thatcher. Tous se réunissent de manière hebdomadaire lorsque la Chambre des communes siège.
Surnommé le “22”, il permet, entre autres, aux parlementaires les moins expérimentés d’échanger sur certains problèmes ou de présenter des rapports quant au travail des différentes circonscriptions. Chaque mois, le comité se réunit et mène également un bilan sur les opinions du parti.
Le 22 n’est pas constitué de membres officiels, et peut ainsi débattre sans avoir à craindre de semer le trouble au sein du gouvernement ou de s’attirer les foudres des Ministres. Cela dit, son influence peut s’avérer colossale au sein du gouvernement, puisqu’il évalue et vote lorsque la direction du parti est remise en question. Actuellement, c'est le cas avec Boris Johnson qui fait l’objet de multiples lettres de défiance.
Qu’est-ce qu’un vote de défiance ?
Lorsque le leader d’un parti perd le soutien de ses pairs, et qu’il ne démissionne pas de son propre chef, les députés peuvent soumettre au Comité 1922 des “lettres de défiance” pour exprimer leur mécontentement. Extensivement, ces lettres peuvent déclencher un “vote de défiance”, menaçant le maintien au pouvoir de la personne visée.
Pour qu’un vote soit déclenché, il faut que 15% des députés conservateurs écrivent une lettre au président du Comité. Sur les 365 élus conservateurs, 54 devront donc soumettre leur lettre de défiance pour amorcer la procédure. S’il a lieu, le vote prend la forme d’un scrutin anonyme et doit parvenir à la majorité absolue - soit la moitié des votants plus une voix au minimum - pour que le Premier ministre reste au pouvoir. Si tel est le cas, son maintien à la tête du gouvernement ne peut plus être contesté pendant un an.
La dernière fois que le Comité 1922 a été saisi, c’était à l’encontre de Theresa May en 2018. Malgré sa victoire (200 votes pour contre 117 voix contre), elle avait démissionné en mai 2019.
Boris Johnson peut-il être évincé ?
Saisir le Comité est souvent vu d’un mauvais œil au sein du gouvernement, et cette situation est évitée autant que possible par le 22 lui-même. Malgré ces précautions politiques, la grave crise dans laquelle se trouve le Premier ministre actuel pourrait justifier la saisine du Comité 1922 et déclencher un vote.
Aujourd’hui, il est difficile d’estimer exactement le nombre de députés qui ont officiellement déclaré avoir perdu confiance en Boris Johnson, dans la mesure où les lettres sont soumises de manière confidentielle au Comité. Le 22 étant tenu au secret le plus strict, il est uniquement possible de connaître les noms de celles et ceux qui revendiquent publiquement avoir déposé une lettre, ce qui est dans leur bon droit.
Actuellement, environ une vingtaine de “no confidence letters” auraient été soumises au Comité. Parmi les Tories conservateurs ayant annoncé le dépôt de leur lettre, on retrouve notamment Sir Gary Streeter, Anthony Mangnall, Tobias Ellwood, Peter Aldous, Andrew Bridgen, Douglas Ross et Sir Roger Gale. Les nouvelles révélations concernant la fête d’anniversaire de Boris Johnson pourraient pousser d’autres élus conservateurs à participer à ce mouvement de rébellion.
Certains estiment que la perspective d’un vote de défiance pourrait pousser Boris Johnson à la démission, tandis que des experts s’accordent à estimer qu’il serait plutôt susceptible de remporter le vote s’il venait à avoir lieu.