Installée depuis deux ans à Berkhamsted, dans le Hertfordshire, Hélène Engrand construit un univers artistique qui oscille entre plusieurs styles. Originaire de Picardie, attachée à la France malgré des années d’expatriation, elle a vu son projet franchir les portes du Consulat général de France à Londres, une étape importante, selon elle, qui : “N’en revenais pas qu’on accueille mes œuvres là-bas. Pour moi, c’était un honneur et un moment très émouvant “.


Hélène Engrand a exposé certaines de ses œuvres au Consulat général de France, et elle n’en revenait pas elle-même. Alors qu’elle quitte la France à dix-huit ans, guidée par une curiosité insatiable : “Je voulais partir, voir ailleurs, apprendre autrement”, elle passe quelque temps aux États-Unis, en Espagne puis au Royaume-Uni. Toute cette inspiration est là, cachée ; mais la création reste longtemps en retrait. “J’ai toujours été attirée par l’art, mais je n’avais jamais trouvé l’espace ni le temps pour m’y consacrer pleinement. La vie passait avant.”
Le tournant survient lorsqu’elle entame un B-Tech en Graphic Design, une formation qui la reconnecte immédiatement à sa sensibilité artistique : “On ne commence pas avec Photoshop ou Illustrator. Nous commençons par dessiner, chercher, toucher la matière. Ça m’a réveillée”, enseigne-t-elle. Cette reconnection s’intensifie pendant le Covid où elle se retrouve pour la première fois avec du temps libre : “Là, j’ai créé tous les jours. Je me suis rendu compte que je ne pouvais plus m’en passer.”
Un univers artistique en construction : entre couleurs, nature et architecture
Depuis 2022, Hélène développe donc plusieurs séries, qui reflètent la diversité de ses inspirations. Sa collection Kew Gardens, composée de dix grandes illustrations au stylo graphique et à l’encre, est l’une des premières à avoir trouvé une véritable cohérence selon elle. “Kew Gardens est un endroit qui m’apaise profondément. Je pourrais y aller dix fois par semaine. J’aime ce mélange de nature et d’architecture, de structure et de liberté. C’était évident d’en faire une série”, justifie-t-elle.

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À l’inverse, pour une commande de la ville d’Hemel Hempstead, elle adopte un style pop, très coloré, et ose mêler techniques manuelles et numériques. “J’aime les contrastes. Je peux passer d’une illustration botanique très détaillée à une œuvre totalement pop le lendemain. Je suis encore en exploration et je n’ai pas envie de me brider.” Elle évoque d’ailleurs pour les prochaines semaines une série centrée sur l’architecture : musées londoniens, serres victoriennes, jardins parisiens : “L’architecture m’inspire autant que la nature. Les lignes, les volumes, la lumière… tout cela me fascine.” Et déjà, de grandes toiles à l’acrylique l’attendent dans son atelier : “J’ai envie de travailler sur des très grands formats, avec des couleurs plus tranchées. Quelque chose de plus audacieux.”
Une scène artistique britannique “plus accessible”
Une des spécificités de son parcours ? La scène artistique britannique, qui l’a encouragée au long de son processus : “Ici, tout me semble plus facile d’accès. On peut envoyer un portfolio, participer à un art trail, proposer son travail sans avoir l’impression d’enfreindre un code.” Elle donne justement l’exemple du consulat : “J’ai simplement envoyé un mail. Je n’avais aucun contact et le consulat m’a dit oui. C’est une forme d’ouverture qui m’a beaucoup touchée.”

Cette exposition au sein des couloirs français à Londres a aussi eu un fort impact émotionnel sur elle : “En venant, j’entendais du français partout. Ça m’a fait un bien fou. Là où j’habite, je n’entends jamais ma langue. Je me suis sentie “chez moi” pour la première fois depuis longtemps.” Certaines œuvres ont même été choisies pour être accrochées dans le bureau du consul intérimaire. Parmi elles, un portrait pop d’une femme chauve, aux couleurs vivantes : “Cette œuvre évoque la résilience, ce que l’on porte en soi, ce que l’on transforme. Qu’elle soit accrochée là-bas a beaucoup compté pour moi.”

La vente comme transmission, et des ambitions assumées
Hélène vend tout ce qu’elle crée, et à chaque vente elle ressent la même émotion : “Quand quelqu’un achète une œuvre, ce n’est pas le geste commercial qui me touche, mais plutôt l’idée qu’une partie de moi entre dans leur maison, qu’ils vont la voir chaque jour. Il s’agit-là d’une émotion très forte.”
Alors, elle évoque ses ambitions prochaines : “J’aimerais proposer mon travail à la Saatchi Gallery, tenter la Royal Academy, pourquoi pas… Je veux y aller étape par étape, mais j’ai envie d’oser.” Elle prévoit aussi de lancer son site internet en 2026 : “Je fais tout ce que je peux, avec le temps que j’ai : un travail à temps plein, une famille, la création le soir et le week-end. Mais je ne lâche rien !”
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