En déplacement à Londres les 5 et 6 mars, le ministre de l’Economie et des Finances a eu l’occasion de s’exprimer sur le rôle des femmes dans le développement des entreprises de nouvelles technologies lors de #WomenInTech, mais également rappeler fermement la position de la France sur le Brexit – des déclarations qui n’ont pas dû plaire à la Première ministre britannique… Retour sur les points forts de cette première visite Outre-Manche du ministre français.
Les femmes dans la tech : une nécessité
Lundi 5 mars, à l’occasion de l’événement #WomenInTech organisé à la Wallace Collection, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a rappelé que le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes faisait partie des priorités du Président Macron, qui en a fait une « grande cause nationale » de son quinquennat. Après avoir salué les carrières des cinq invitées qui ont participé aux débats, françaises travaillant à Londres et britanniques, le ministre a indiqué que ces inégalités constituaient un « point d’inquiétude commun » entre le Royaume-Uni et la France et que la coopération des deux pays sur cette question était « vitale ». L’occasion de célébrer en avance la Journée internationale pour les Droits des femmes tout en marquant l’attachement de la France à conserver des relations fortes avec le Royaume-Uni.
Brexit : entre coopération et intransigeance
Le lendemain, Bruno Le Maire a donné rendez-vous à la presse française pour une conférence de presse à la Résidence de France. Plusieurs sujets ont été abordés, en particulier le Brexit, sur lequel le ministre de l’Economie et des Finances s’est entretenu avec son homologue britannique Philip Hammond.
Bruno Le Maire a tout d’abord souligné sa confiance en Michel Barnier, le député européen en charge des négociations sur le Brexit et portant les décisions de l’Union européenne.
Puis, le ministre a précisé la position de la France, qui est « la position européenne » : « nous souhaitons un accord de libre-échange avec la Grande-Bretagne, le plus constructif et avec le moins de frictions possible ». Ce dernier souhaite également « des tarifs douaniers les plus bas, voire nuls » entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, afin d’assurer « une relation commerciale de grande intensité », le Royaume-Uni étant « essentiel pour la France d’un point de vue commercial », avec des intérêts économiques communs importants.
En revanche, du point de vue des services financiers, Bruno Le Maire se veut intransigeant : « ce ne sont pas des biens comme les autres, ils ont un impact sur la stabilité financière de toute l’Union européenne ». Le ministre tient au « cadre global défini par les états européens » à ce propos et rejette la volonté de Theresa May d’inclure la question des services financiers dans l’accord de libre-échange, ou de renégocier les règles européennes. Soit le Royaume-Uni adopte le cadre solide fixé par les Européens, soit une négociation « de gré à gré » est mise en place, comme le désire la Première ministre britannique pour réaliser des adaptations aux règles européennes – mais ces négociations seraient tirées « vers le bas et ne sont pas acceptables ».
Dans la langue de Shakespeare, Bruno Le Maire a bien précisé que les décisions quant au passeport financier et à l’union bancaire de l’UE n’étaient pas contre le Royaume-Uni : « Nothing against the UK » a-t-il répété. Cependant, « nous ne pouvons vivre mieux en-dehors de l’Union européenne que dedans ». Il s’agit avant tout de conserver une stabilité financière pour rassurer les épargnants, notamment français, sur la pérennité de leurs économies… mais également les banques.
Celles-ci craignent en effet l’instabilité fiscale avant tout et, suite au Brexit, Bruno Le Maire attend « plusieurs milliers d’emplois » délocalisés de Londres à Paris, sur plusieurs années.
Cependant, pour assurer cette stabilité fiscale à long terme, le ministre appelle l’Europe à comprendre « qu’elle doit apprendre à décider là où elle discute, à avoir une vision, à répondre aux inquiétudes des Européens plutôt que de délivrer des palabres, [sinon] elle sera menacée en tant qu’entité politique ».
Sur la sphère internationale, une relation bilatérale solide
Bruno Le Maire a détaillé les mesures qu’a entreprises le gouvernement d’Emmanuel Macron pour « transformer en profondeur le système économique français » et permettre ainsi un renforcement des échanges commerciaux – notamment avec le Royaume-Uni. Il a par exemple fait référence à la transformation fiscale et à la baisse globale d’imposition.
Enfin, il a tenu à rappeler que les deux pays portaient des combats communs, tels que le développement de la finance verte, la volonté de taxer les géants du numérique mais également les inquiétudes face à la « guerre commerciale » miroitée par les Etats-Unis par les barrières protectionnistes que Donald Trump désire mettre en place. La France et le Royaume-Uni souhaitent coopérer sur ces questions, car ils partagent une vision commune de l’avenir : « La France et le Royaume-Uni partagent beaucoup de points communs sur la nécessité de redéfinir un ordre mondial plus juste et plus respectueux des intérêts des Européens, et le Royaume-Uni tient à y participer ».