Donald Trump est de retour à la Maison Blanche. Son investiture est prévue pour le 20 janvier 2025. Dans la soirée du mardi 5 novembre, il est sorti vainqueur du duel face à Kamala Harris, du Parti démocrate, avec 71 004 010 votes (51 %), contre 66 096 495 votes (47,5 %). Le grand représentant du Parti républicain est reparti pour Make America Great Again et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a le don d’inquiéter nos compères britanniques…
La réélection de Donald Trump à la présidence américaine est accueillie au Royaume-Uni avec un mélange de fascination, de sarcasme et d'inquiétude… Les responsables politiques, tout comme les médias britanniques, réagissent avec circonspection en ce lendemain d'élection, le 6 novembre 2024. Si certains médias, par exemple, s'attardent de façon ironique sur le teint orangé caractéristique de Trump, d’autres relaient plutôt les appréhensions du maire de Londres, Sadiq Khan et du Premier ministre britannique, Keir Starmer. Chacun, à sa manière, exprime les préoccupations des Britanniques face au retour de l’ancien président américain.
“Londres doit défendre ses valeurs progressistes plus que jamais”
Évidemment, la Une des tabloïds britanniques met en avant les responsables politiques britanniques et l’inquiétude tangible quant au retour de Donald Trump à la Maison Blanche. The Independent cite Sadiq Khan, le maire de Londres, qui n'a jamais caché son aversion pour le nouvel élu. Le maire exprime ouvertement son mécontentement face au résultat des élections, rappelant que : “Ce retour montre que le progrès n’est jamais acquis.” Il ajoute :
Avec les droits des femmes en danger, les attaques sur la diversité et la régression climatique, Londres doit défendre ses valeurs progressistes plus que jamais.”
D'autres responsables britanniques, comme le Premier ministre Keir Starmer, choisissent une attitude plus pragmatique. The Times rapporte que Starmer, bien que prudent, a félicité Trump pour sa “victoire historique”, ajoutant que “la relation spéciale entre le Royaume-Uni et les États-Unis continuera de prospérer, même si les défis sont multiples.”
The Telegraph cite également le ministre des Affaires étrangères, James Cleverly, qui qualifie la réélection de Trump comme une “nouvelle opportunité pour renforcer nos échanges et notre coopération sécuritaire”. Il poursuit : “Les défis de cette présidence ne seront pas faciles à gérer, mais l’amitié entre nos deux pays est résiliente.”
Les inquiétudes économiques majeures pour le Royaume-Uni
Sur le plan économique, la réélection de Trump pourrait “présenter des défis de taille pour le Royaume-Uni”, titre Reuters. Les perspectives d’une politique économique protectionniste risquent de nuire aux échanges commerciaux transatlantiques. The Financial Times cite le National Institute of Economic and Social Research (NIESR), qui anticipe une baisse de la croissance britannique de 0,5 à 0,7 point si Trump impose de nouveaux tarifs douaniers, particulièrement pour les produits chinois et européens. “Les ménages britanniques pourraient voir leur pouvoir d'achat diminuer,” avertit un économiste du NIESR.
Stephen Millard, analyste du même institut, souligne que l’augmentation des tarifs pourrait même : “Aggraver la situation des ménages à faible revenu au Royaume-Uni, qui sont déjà frappés par une inflation élevée et des coûts énergétiques en hausse”, concluant que : “Les manœuvres politiques de Trump ne sont pas sans risque pour l'économie britannique.”
Donald Trump, le personnage de “pop-culture” redouté des Britanniques
Le meilleur remède à la stupeur est parfois l’humour, et le tabloid Metro a décidé d’employer la règle à 100 %. En ce lendemain d'élection, le média n’hésite pas à caricaturer Donald Trump, soulignant son apparence “toujours plus orange” après son élection et ses manies excentriques. Le média rappelle que “le teint couleur Fanta de Trump est désormais un sujet de moquerie quasi-inévitable” et s’appuie d’ailleurs sur Emily Elsie, une figure connue sur les réseaux sociaux, qui n’hésite pas à taquiner l'ancien président, expliquant que “plus il est stressé, plus le maquillage devient intense, un signe d’une nervosité qu’il masque avec du fond de teint.”
The Guardian, de son côté, adopte un ton plus acerbe en se demandant si ce retour marquera un tournant politique ou simplement “une suite d'années d'incertitude et de chaos politique, pour les États-Unis mais aussi pour leurs alliés, y compris le Royaume-Uni”. L’article relate de manière subtile que Trump incarne non pas la rigueur politique, mais une sorte de télé-réalité mondiale qui fascine autant qu'elle inquiète.
Les réactions internationales mitigées : entre prudence et espoir
La BBC fait plutôt écho aux réactions internationales, tout aussi partagées. La Une du jour titre par ailleurs : “Netanyahou et Starmer félicitent Trump”. L’ancien Premier ministre d’Israël voit en Trump un allié crucial au Moyen-Orient, notamment pour sa politique pro-israélienne.
En revanche, Emmanuel Macron, président de la République française, reste plus prudent : selon The Guardian, le président a insisté sur la nécessité pour l’Europe de “prendre davantage son destin en main” en rappelant que les intérêts européens ne sont pas toujours alignés avec ceux des États-Unis sous une présidence exercée par Donald Trump.
Je viens d’échanger avec le chancelier @OlafScholz. Nous allons œuvrer pour une Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte. En coopérant avec les États-Unis d’Amérique et en défendant nos intérêts et nos valeurs.
Je viens d’échanger avec le chancelier @OlafScholz. Nous allons œuvrer pour une Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte. En coopérant avec les États-Unis d’Amérique et en défendant nos intérêts et nos valeurs.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 6, 2024