8 mars « Journée internationale des femmes » ou « journée des droits de la femme » : nous avons choisi de mettre en avant cinq femmes indonésiennes dans cinq domaines différents : politique, entreprenariat, associatif, journaliste-écrivain et sportif.
Sri Mulyani Indrawati, la très populaire ministre des Finances
Femme brillante et énergique, elle est l’actuelle ministre des finances du gouvernement indonésien. Économiste de formation, elle fut déjà en charge de ce ministère de 2005 à 2010. Une maîtrise des dossiers et sa bataille contre la corruption lui ont assuré une grande popularité. Avant son retour au sein du cabinet du président Joko Widodo en 2016, elle occupa pendant 6 ans un poste de directeur général à la Banque mondiale.
Shinta Dhanwardoyo, l'entreprenariat
Lors de ses études en architecture aux États-Unis en 1995, Shinta découvre l’informatique et internet. Changement d’orientation, elle décide de se rendre dans un laboratoire informatique du campus pour poursuivre son apprentissage. En 1995, le monde de l’informatique est encore peu connu et très masculin. À son retour en Indonésie, elle fonde P.T Bubu, une société spécialisée dans la création numérique. Shinta crée plusieurs sociétés qui ne réussiront pas toutes mais c’est ainsi qu’elle se forgera une connaissance du milieu. Aujourd’hui, Bubu organise des évènements tels que le prix BUBU qui met en avant la création d’entreprise dans l'univers du web, des conférences avec des intervenants de chez Google, Yahoo, Facebook… Shinta est aussi ce que l’on appelle un business angel, elle investit dans les start-up. Le conseil qu’elle donne aux jeunes qui se lancent : « trouver l’idée qui apporte une solution à un problème, ensuite vous pourrez développer un modèle qui vous permettra d’en vivre. ». Elle est une source d’inspiration pour la jeunesse entreprenante indonésienne.
Butet Manurung, la protection du peuple indigène par l'éducation
Anthropologue de formation, Butet s’intéresse aux tribus qui vivent à Sumatra au sein du parc de Bukit Dua Belas, proche de la ville de Jambi. Les kubu sont des nomades qui ont peu de contacts avec l’extérieur. Butet sera leur enseignante pendant plusieurs années. Elle crée une méthode d’apprentissage alternatif afin d’aider ces populations à se défendre particulièrement contre les forestiers qui souhaitent les expulser de leurs territoires. De son expérience, Butet a fondé une association, Sokola. Elle a également écrit un livre, « The jungle book » relatant sa vie avec la communauté Kubu. En 2014, un très beau film a été réalisé à partir de ce livre : « Sokola Rimba »
Aujourd’hui, cette association a démultiplié ce programme appelé « éducation pour le peuple indigène » dans une douzaine de communautés à travers le pays.
Susi Susanti, icône nationale du Badminton
Lucia Francisca Susi Susanti est une joueuse de badminton légendaire. Elle a rapporté à l’Indonésie sa première médaille d’or lors des Jeux Olympiques de 1992 à Barcelone. En 1996 aux JO d’Atlanta, elle décroche la médaille de bronze. Durant 5 années consécutives, Susi remporte tous les championnats. Elle est considérée comme l’une des meilleures joueuses de tous les temps.
Un film sorti en 2019, " Susi Susanti – Love all " retrace la vie de la championne de badminton, icône nationale. Jeune fille, elle est repérée dans son village près de Tasikmalaya sur l’île de Java, elle viendra à Jakarta continuer son entrainement au sein de la toute nouvelle école nationale de badminton. Le pays a pour ambition d’obtenir une reconnaissance mondiale, elle se fera à travers le badminton.
En 1992, Susi remporte la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Barcelone. Ce moment est inscrit dans la mémoire collective indonésienne tout comme le 13 juillet 1998 en France.
Ce film relate non seulement la vie de cette jeune fille d’origine chinoise, sa persévérance et sa volonté de gagner, mais on y découvre également une partie de l’histoire indonésienne. Notre article publié en 2019.
Leila Chudori, journaliste écrivain engagée
Leila Chudori est journaliste, critique de cinéma, scénariste et écrivain. Son père, le journaliste Muhammad Chudori, travaillait pour le magazine Tempo. Leila étudie au Canada ; avant de rentrer en Indonésie, elle s’arrête à Paris et rencontre rue de Vaugirard des anciens journalistes indonésiens exilés suite au coup d’état de 1965. De cette rencontre, elle fera plus tard un livre : « Pulang ».
A son retour en 1988 à Jakarta, elle écrit pour des magazines dont Tempo qui sera interdit sous le présidence de Suharto, et sera à nouveau publié en 1998 après la chute du gouvernement Suharto.
En 2009, Leila se lance dans l'écriture de romans historiques : Pulang (Retour), qui relate l'exil d'Indonésiens durant la période de purge anticommuniste du milieu des années 1960, puis Laut Bercerita (La Mer dit son nom), qui retrace la lutte pro-démocratie des mouvements estudiantins ayant contribué à la démission du général Soeharto en 1998. Retrouvez ici l’article que nous lui avions consacré.
Son roman Pulang a été traduit en français, édité par l’association Pasar Malam. Un livre à lire pour décrypter cette période noire de l’Indonésie. Ici le portrait de Leila Chudori que nous avions publié en 2017.