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L’Europe divisée par la question du passeport vaccinal

Passeport vaccinal europePasseport vaccinal europe
Écrit par Adèle Hourdin
Publié le 17 février 2021, mis à jour le 22 février 2021

L’idée fait son bout de chemin en Europe. Un « passeport vaccinal » qui pourrait permettre de voyager, d’aller au restaurant ou d’assister à un concert, ça fait rêver. Mais le débat, largement plus complexe, divise les pays européens. L’adopter ou non ? En tout cas, l'Europe y réfléchit.

La fermeture des frontières, au gré des situations sanitaires, aura mis à rude épreuve le principe de libre circulation de l’espace Schengen. Depuis que la vaccination est lancée en Europe et dans le monde, tout le monde s’interroge sur la mise en place d’un « passeport vaccinal ». Il pourrait être délivré à toute personne ayant reçu une double injection d’un vaccin contre le Covid 19 et pourrait être réclamé pour voyager. Certains y sont favorables, espérant ainsi un quasi-retour à la normale. D’autres y sont complètement opposés, jugeant qu’un tel dispositif viendrait porter atteinte aux libertés individuelles. 

Fin janvier, les États membres de l’UE se sont mis d’accord sur la standardisation de certificats de vaccination. Ceux-ci sont pour l’instant uniquement utilisés à “des fins médicales”. Mais les pays se sont aussi mis d’accord sur la possibilité d’utiliser ce certificat pour d’autres raisons à l’avenir. Et c’est là que la question divise. 

 

La Grèce veut revoir ses touristes

En janvier, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, interpellait l’Union Européenne jugeant que « les personnes vaccinées devraient être libres de voyager ». La Grèce, pays qui vit essentiellement du tourisme, espère sauver sa saison estivale. 

Le 8 février, Chypre et la Grèce ont signé un accord de libre circulation avec Israël. Les ressortissants vaccinés peuvent circuler librement entre ces pays. Suivant l’exemple, plusieurs pays européens espèrent relancer le tourisme en mettant en place ce type de dispositif. La Suède et le Danemark ont commencé à délivrer des passeports de vaccination numériques permettant de faciliter les déplacements à l’étranger. L’Espagne et l’Italie sont aussi en train de réfléchir à son élaboration. En Estonie, les voyageurs présentant leur certificat de vaccination sont exemptés de quarantaine à l’arrivée. Le pays développe, en partenariat avec l’OMS, un passeport vaccinal numérique.

 

Un débat “prématuré” pour la France

Au vu du faible nombre de personnes vaccinées en Europe, plusieurs pays jugent l’instauration d’un passeport vaccinal trop prématurée. Seule environ 3% de la population européenne serait déjà vaccinée d'une première injection contre le Covid-19. Le nombre de personnes ayant reçu une deuxième dose descend lui à 1,2 %. L’inégalité d’accès, qui pour l’instant ne permet pas à toutes les personnes qui le souhaitent de se faire vacciner, pose aussi problème. 

La Belgique et l’Allemagne sont très opposés à cette mesure. En France, où seulement 1,07% de la population a reçu une seconde injection du vaccin, le secrétaire d’Etat au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, a estimé dans Libération que le débat sur le passeport vaccinal était encore “prématuré” et pouvait même se révéler “discriminatoire”. Le ministre de la Santé, Olivier Véran a jugé que ce débat ne pourrait pas avoir lieu avant “quelques mois”.

Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est du même avis : « Tant que tous les citoyens n'ont pas eu la possibilité de se faire vacciner, les certificats ne devraient pas être utilisés à d'autres fins ». De son côté, l’OMS recommande pour l’instant de ne pas utiliser ces passeports pour le voyage. Elle estime que les connaissances actuelles ne prouvent pas s’ils sont une protection suffisante contre la contamination. L’efficacité du vaccin face aux nouveaux variants et la durée de son efficacité ne sont pas non plus connues pour l’instant.

 

Pour qu’une mesure comme le passeport vaccinal soit mise en place, l’Europe va devoir  s’organiser à l’échelle des 27 Etats. Mais cette restriction appliquée au voyage viendrait mettre à mal le principe de la “libre circulation”, au cœur de l’espace Schengen.