Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

FLOYD - Quand l'enfance expatriée inspire un titre de rap

Rap expatriationRap expatriation
LuK & Floyd (à gauche)
Écrit par Stéphane Monier
Publié le 27 mars 2019, mis à jour le 18 février 2021

Théophile, de son nom de scène Floyd, a sept ans quand il vit sa première expatriation en Thaïlande. Âgé de dix-huit ans aujourd’hui, il a récemment sorti, avec son meilleur ami, son deuxième titre de rap intitulé Rasmusologie, une ode à l’expatriation, où il explique comment grandir loin de l'Hexagone a forgé l’homme qu’il est devenu. 

 

lepetitjournal.com : Tu as été un très jeune expatrié. Explique-nous ton parcours et pourquoi tu as grandi hors de France ?

Floyd : J’ai effectué toute ma primaire à Bangkok, en Thaïlande, puis, à partir du collège je suis parti à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis. Quand j’étais en seconde, je suis rentré à Paris, j’habitais dans le XIVème arrondissement, puis j’ai déménagé dans les Hauts-de-Seine. Ma mère travaillait dans la communication et mon père dans la logistique, donc c’est pour cela qu’on est parti. 

 

Grandir à l’étranger, qu’est-ce que ça a changé dans ta façon de voir les choses ?
Franchement, c’est ce qui m’a forgé ! Grâce à mon expatriation, je prends un recul supplémentaire sur la vie. D’une manière générale, c’est quelque chose qui est difficile à saisir. J’ai l’impression qu’entre personnes qui ont connu des déplacements, on se comprend plus facilement qu’avec ceux qui n’ont pas vécu cette expérience. Même si bien sûr, je ne juge pas ceux qui n’ont pas eu la chance de vivre une expatriation. 

 

Et tu as décidé de mêler ta passion du rap à celle de ton expatriation…
Oui, j’ai commencé à écrire à 14 ans, quand je suis revenu à Paris. J’étais en seconde. À la base, c’était pour exprimer mon incompréhension. C’était aussi une façon de trouver un interlocuteur sur certains sujets qui me tiennent à coeur. 

 

Dans ton morceau, tu partages le micro avec un ami à toi. Tu dis à son propos, que « vous vous êtes rencontrés dans une autre réalité ». Quelle relation partages-tu avec lui ?

C’est mon meilleur pote, il s’appelle Lucas. Lui aussi a vécu une enfance similaire, à Abou Dabi puis Dubaï. On s’est rencontré là-bas au collège, et notre amitié s’est encore plus renforcée depuis qu’on habite tous les deux en Île-de-France. 

 

Pourquoi sortir un morceau maintenant, alors que tu es rentré en France depuis quatre ans ?

J’avais envie de faire un texte dessus depuis que j’ai commencé à écrire. Mais c’est un sujet tellement personnel que j’avais vraiment du mal à être satisfait, à rester dans le thème. Mes amis se sont cotisés pour me payer des séances au studio, pour que je me remette à écrire. Avec Lucas, on a discuté des thèmes que l’on allait aborder, et naturellement, on a choisi la mobilité.

Pourquoi avoir choisi « Rasmusologie » comme titre. Cela vient de Erasmus ?

Même pas (rire). C’est une question que me posent beaucoup d’amis. On n’y avait même pas pensé avant que les gens nous demandent. Rasmusologie, c’est un clin d’oeil à une icône de notre enfance, qui s’appelle Rasmus. C’était un homme que l’on a rencontré à Dubaï, le père d’une amie, et on a beaucoup de respect pour lui. On était souvent chez lui. Son prénom est devenu une sorte de cri de guerre pour nous. 

 

« Mobilité, le seul moyen d’approcher de la vérité. Tous les quatre ans, je dois changer d’identité ». Peux-tu nous en dire plus sur cette punchline ?

Le fait d’avoir pu changer d’environnement, cela me permet de me focaliser sur ce qui est important. A chaque fois, tu quittes un endroit qui est chez toi, où tout le monde te connait, tu n’as pas besoin de te présenter. Puis tu arrives quelque part et tu dois tout recommencer. Tu peux être quelqu’un de différent à chaque fois.

 

Déménager, ça te fait te questionner sur qui tu es réellement.

 

Tu parles aussi de tes anciens amis, à qui tu n’a pas donné de nouvelles et qui te l’ont reproché…

Je ne suis pas très actif sur les réseaux sociaux. Du coup, pas mal d’amis me l’ont reproché, en pensant que je les oubliais. Quand on s’est revu, j’ai pu m’expliquer, ils ont compris. Ce n’est pas une question de message. Une fois que tu n’habites plus dans le même pays, c’est difficile de garder le contact tous les jours. La distance fait aussi un tri dans les amis. C’est un schéma classique. 

 

Est-ce que tu as un projet d’expatriation pour les prochaines années ?

Je suis en train de rentrer dans la vie active, je travaille dans un hôtel. Cela fait quatre ans que je suis en France, il va bientôt être l’heure de repartir. Si je fais de l’hôtellerie, c’est aussi pour ça : c’est un métier qui permet de voyager. Et puis, la prochaine expatriation, ce ne sera plus mes parents, ce sera moi. Il y a plein d’endroits que je rêve de découvrir, comme l’Amérique du Sud. Mais je veux aussi retourner en Asie, sur les traces de mon enfance. 

 

Publié le 27 mars 2019, mis à jour le 18 février 2021
Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

© lepetitjournal.com 2024