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Yan Chantrel : "Nous avons à coeur de nous mobiliser contre les reculs sociaux"

Yan Chantrel, candidat aux sénatorialesYan Chantrel, candidat aux sénatoriales
Écrit par Caroline Chambon
Publié le 9 septembre 2021, mis à jour le 26 septembre 2021

Alors que le Parti socialiste vient de lui accorder son soutien, Yan Chantrel continue sa course vers les sénatoriales 2021. Le candidat du Rassemblement de la gauche écologiste, sociale et solidaire, qui souhaite un dialogue pérenne avec les Français de l'étranger, revient sur les enjeux de son projet en matière d'éducation, de santé, d'écologie ou encore de fiscalité. 

 

Nous avons particulièrement à cœur de continuer à nous mobiliser contre les reculs sociaux

 

Quels sont les principaux points de votre programme et comment comptez-vous les porter si vous êtes élu ? 

Tout d’abord, nous préférons parler de “projet” ou de “corpus de propositions” car un parlementaire n’est pas doté du pouvoir exécutif lui permettant de dérouler un programme.

Notre projet et nos propositions reposent sur un processus préalable de concertation avec de nombreux élu·es, parmi lesquels bien sûr les membres de notre équipe de campagne et de notre liste. C’est à ce titre un projet participatif. Il s’appuie aussi fortement sur l’expérience que nous avons acquise tout au long du dernier mandat en tant que conseiller·es consulaires et membres de l’Assemblée des Français de l’étranger et dans les travaux que nous y avons menés.

Nous avons particulièrement à cœur de continuer à nous mobiliser contre les reculs sociaux concernant la protection sociale pour les retraité·es, une fiscalité injuste, notamment pour les  Français·es vivant en dehors de l’union européenne, et l’affaiblissement des moyens alloués à l’activité consulaire et au rayonnement culturel français à l’étranger. Nous souhaitons également faire évoluer les mandats des élus de proximité pour une plus grande efficacité.

Pour que cela soit mis en place, nous utiliserons bien sûr tous les moyens d’action mis à disposition des parlementaires pour exercer le mandat (propositions de loi, amendements, interpellations écrite et orale du gouvernement). Nous souhaitons également nous appuyer sur les élus de terrain que sont les Conseillères et Conseillers des Français de l’étranger pour faire valoir leurs observations et propositions. Nous continuerons aussi à avoir un dialogue direct avec nos concitoyen·nes, cela passera par la mise en place d’une plate-forme participative pérenne.

 

Le mandat de Sénateur ne se limite toutefois pas à la défense de sa circonscription, c’est un mandat national consistant à voter la loi, à contrôler l’action du gouvernement et à évaluer les politiques publiques. Nous prendrons toute notre part dans ces processus et serons particulièrement vigilants et réactifs dans les domaines de l’écologie et de la justice sociale qui sont indissociables pour assurer l’avenir des générations futures. 

 

Nous sommes très attaché·es  à la mixité sociale

 

Dans une tribune, vos soutiens évoquent la volonté de mettre en place un « plan d’éducation française pour toutes et tous ». De quoi s’agira-t-il ? 

La sociologie des Français·es de l’étranger a beaucoup changé, notamment ces deux dernières décennies. Les expatrié·es détaché·es par leur entreprise ont cédé la place à des Français·es s’expatriant de leur propre chef et s’installent durablement à l’étranger où ils fondent des familles, souvent binationales, tout en restant très attaché·es à leur culture d’origine. La plupart d’entre eux n’ont pas accès à un enseignement français pour leurs enfants, soit par manque d’établissement dans la région de résidence, soit pour des raisons financières, bien souvent même pour les deux raisons.

 

Concernant les établissements français directement gérés par l’Agence pour l'Enseignement Français à l'Étranger ou partenaires conventionnés, les frais de scolarité sont rédhibitoires pour de nombreux Français·es, en particulier les classes moyennes et populaires. Nous sommes très attaché·es  à la mixité sociale, qu’il faut garantir au sein de ces établissements car cela relève des valeurs fondamentales de notre République. Or, le système actuel des bourses scolaires est structuré de telle sorte qu’y accéder est devenu difficile, voire impossible, pour des familles à revenus modérés. Il faut donc revoir la structure même du barème et étudier les possibilités permettant de faire baisser les frais de scolarité.

 

Toutefois, il est également essentiel de s’intéresser aux très nombreuses familles qui n’ont pas accès à cet enseignement mais qui souhaitent que leurs enfants évoluent dans la langue et la culture française. Depuis maintenant une vingtaine d’années, le gouvernement, par le biais du dispositif de subventionnement FLAM (Français LAngue Maternelle) et l’AEFE, apporte une aide financière au démarrage et au montage de projets à des associations, pour la plupart gérées bénévolement, proposant à ces publics des activités et enseignements en langue française. Le dispositif actuel ne répond plus aux besoins et aux nécessités d’évolution. Il doit donc urgemment être revu pour donner une réelle reconnaissance, sous la forme d’un statut et de meilleures conditions financières, à ces structures qui sont en outre très fortement affectées par la crise COVID-19. Par ailleurs, ces associations se sont, de leur propre initiative, réunies depuis un an dans un collectif qui travaille entre autres à la création d’une fédération mondiale. Cette initiative va dans le bon sens et doit faire l’objet d’un soutien financier.

 

Nous proposons entre autres la mise en place de conseils consulaires dédiés à l’écologie et d’une charte pour des élu·es éco-responsables

 

Vous évoquez la défense de l’environnement comme un sujet crucial. Comment comptez-vous porter ce sujet si vous êtes élu sénateur des Français établis hors de France ? 

Il y a beaucoup d’idées à mettre en place sur ce volet pour renforcer la sensibilisation à l’éco-citoyenneté et faire des Français·es établi·es hors de France des ambassadeurs de la protection de l’environnement. Nous proposons entre autres la mise en place de conseils consulaires dédiés à l’écologie et d’une charte pour des élu·es éco-responsables. Dans le cadre de la subvention STAFE, nous préconisons que l’empreinte carbone soit intégrée aux critères d’attribution et que ce dispositif soit élargi aux projets aidant à la lutte contre le changement climatique et à la sauvegarde de la biodiversité.

Nous avons parlé précédemment d’un projet de mise en place d’une plateforme participative, celle-ci serait notamment très ouverte à tous les thèmes de sensibilisation éco-citoyenne et à la nécessité d’une transformation de nos modes de vie, notamment par la promotion des actions locales tournées vers : l’économie sociale et solidaire, la lutte contre l’effondrement de la biodiversité, l’accélération de la transformation écologique de l’économie et la préservation des biens communs.

Sur le plan national, nous souhaitons notamment proposer la mise en place d’une compensation carbone pour les déplacements de l’ensemble des élu·es par le biais d’une agence de compensation d’émissions finançant uniquement des projets certifiés « CDM-Gold Standard » – « Clean Development Mechanismus », issus du protocole de Kyoto.

Nous serons également très vigilants et actifs sur les questions relatives aux investissements de développement des filières bio, à la préservation de la biodiversité notamment dans le cadre des projets d’urbanisme ainsi qu’à la promotion des circuits courts dans les domaines des produits essentiels, tels que l’alimentation.

Et bien sûr, nous veillerons au respect des Accords de Paris. 

Enfin, nous sommes déterminé·es à combattre l’ingérence et le poids des lobbys industriels dans les politiques publiques. 

 

Nous procéderons à des consultations citoyennes sur toutes les questions relatives aux droits des Français·es  de l’étranger

 

L’un des points-clefs de votre programme est le renforcement des moyens des services consulaires et une plus grande implication des élus consulaires dans le processus décisionnel. Qu’entendez-vous par là et quel fonctionnement envisagez-vous ? 

Nos compatriotes établi·es hors de France sont une richesse pour la France, c’est pourquoi nous leur soumettrons, en lien avec les  élu·es, les projets de loi  en discussion au Sénat  afin de nourrir le débat public de leur expérience dans d’autre pays et de leurs amendements citoyens. 

 

Malgré le travail constant des conseiller·es élu·es, nos compatriotes connaissent peu ce mandat, c’est pourquoi nous souhaitons les impliquer dans le processus décisionnel en proposant notamment la désignation par tirage au sort de citoyens en tant que membres observateurs du Conseil consulaire, un vote citoyen indicatif pour le choix des projets sélectionnés dans le cadre du dispositif de soutien aux associations françaises (STAFE), des appels à projet citoyens pour atteindre l’objectif de consulats et d’établissements français durables. Plus généralement, nous procéderons à des consultations citoyennes sur toutes les questions relatives aux droits des Français·es  de l’étranger à travers la plateforme participative que nous mettrons en place dès notre prise de fonction.

 

 

Nous souhaitons mettre fin au paiement par avance des prestations maladies remboursées par la CFE

 

Vos soutiens évoquent également les enjeux liés à la santé, et notamment l’accès aux soins. Quelles améliorations pourraient être réalisées, pour les Français de l’étranger, dans ce secteur ? 

 

Nous constatons, selon nos pays de résidence, de très grandes disparités en termes d’accès aux soins et de coût des frais de santé. La pandémie a mis en exergue de grandes inégalités en la matière. C’est pourquoi, nous souhaitons mettre fin au paiement par avance des prestations maladies remboursées par la CFE, d’étendre les garanties à une plus grande gamme de soins avec les équivalences par pays en revoyant le système de remboursement par zones afin de permettre une égalité d’accès aux soins.

Il nous paraît également indispensable de rétablir l’accès à la carte vitale pour l’ensemble des Français·es retraité·es hors de France et de pérenniser la prise en charge des soins de santé dès le premier jour du retour en France.

 

Nous agirons pour que les prélèvements CSG et CRDS soient annulés pour l’ensemble des Français·es de l’étranger

 

Enfin, vous évoquez la question d’une fiscalité « juste et équitable ». Que préconisez-vous ? 


La fiscalité est un sujet complexe et anxiogène pour de nombreux compatriotes hors de France. Il faut la simplifier en la rendant la plus lisible et la plus juste possible. Nous travaillerons à permettre l’accès au service fiscal grâce à une plateforme dédiée et répondant sous 24 heures, la prise de rendez-vous par visioconférence ainsi qu’un accès à un référent fiscal dans chaque consulat. Nous agirons également pour que les prélèvements CSG et CRDS soient annulés pour l’ensemble des Français·es de l’étranger.