En situation internationale, l’interculturel est un mot un peu galvaudé, souvent mal compris et qui peut sembler abstrait. Mais l’interculturel touche toutes les sphères de la vie de ceux qui partent à l’étranger, en milieu professionnel autant que dans la vie sociale.
Comme monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir, vivre à l’étranger ou travailler en situation de diversité vous amène à être au cœur de l’interculturel.
Quand nous parlons d’interculturel, nous touchons à l’essence même des interactions humaines. Développer son intelligence culturelle est la capacité à naviguer entre différentes cultures, à comprendre et à s’adapter aux différences pour créer un terrain commun de communication. Pour les expatriés, qu'ils soient en mission professionnelle ou en recherche d’aventure, l'interculturel n’est pas une option, c’est une réalité. Alors autant se préparer !
Un peu d’histoire de l’interculturel
Depuis toujours, migrations et rencontres interculturelles façonnent notre histoire. Aujourd’hui, l’interculturalité s’enrichit de disciplines comme la psychologie, l’ethnologie, la sociologie ou le management. Dans les années 50, Edward T. Hall introduit le concept de contexte culturel : par exemple certaines cultures préfèrent une communication implicite, d’autres explicite. Dans les années 70, Geert Hofstede (étude chez IBM de 110.000 participants, 50 pays), identifie de nouvelles dimensions: le rapport à la hiérarchie, la tolérance à l’incertitude... Erin Meyer, Shakil Choudhury, Olivier Meier ou Michel Sauquet poursuivent, chacun dans leur discipline, l’exploration de l’interculturel. Nos codes culturels influencent directement notre manière de travailler
Ce qui paraît normal en France peut être vu comme de l’arrogance au Japon ou ailleurs. Côté communication, les cultures dites « haut contexte » (Chine, Arabie saoudite, Inde) privilégient des échanges implicites, avec de nombreux non-dits. À l’inverse, les cultures « bas contexte » (Allemagne, Scandinavie) valorisent une communication directe, explicite.
Damien, nouveau chef de projet, a eu beaucoup de mal à intégrer le côté très direct, un peu trop brut pour lui, de la communication au travail aux Pays-Bas. Ses équipes locales le trouvaient trop théorique et diplomatique. Une collaboration laborieuse qui a bien failli lui coûter son poste.
Quelques thématiques interculturelles à travers le monde
Communiquer, mais de la bonne manière
Les conflits culturels résultent souvent de malentendus. Si au Japon par exemple, le silence signifie le respect, il peut être perçu comme de la désapprobation ailleurs. Dans une équipe multiculturelle, les styles de communication peuvent varier grandement. Les Américains prennent beaucoup de place, tandis que les Finlandais seront tout en réserve. Au Québec, loin des joutes oratoires et de la confrontation, le consensus est roi.Le rythme, l’organisation, jusqu’au ton de la voix, la manière de mettre en valeur la tâche ou les personnes, de faire une présentation... À chaque culture, ses bons usages. Mais il faut les connaître et s’adapter.
Vision du monde et prise de risque
Les cultures diffèrent également dans leur tolérance à l’incertitude. En France, la prise de risque calculée est valorisée dans les secteurs innovants, mais moins qu’aux États-Unis. En effet, la manière de travailler y est plus empirique. Dans des cultures comme au Japon ou en Allemagne, une approche plus conservatrice est de mise. Ces différentes visions impactent directement la gestion des projets, des équipes.
Le rapport à la hiérarchie et au pouvoir
Des cultures comme en Scandinavie, aux États-Unis, au Québec, la structure organisationnelle est plus plate, la prise de décision collaborative. Le tutoiement est courant au Québec. À l’inverse, dans des pays comme le Brésil ou la Russie, la hiérarchie est bien plus marquée, et les décisions sont souvent prises au sommet..
Au Brésil, Valérie a été surprise de la présence lourde de la hiérarchie, même dans une entreprise innovante.
Le temps, c’est de l’argent ?
Le concept du temps est un autre point sensible. Certaines cultures (Italie, Moyen-Orient, Caraïbes, Afrique…) auraient une approche flexible, voire polychronique (plusieurs tâches en même temps) alors que les Suisses ou les Allemands, eux, s’en tiennent scrupuleusement à la ponctualité. Certaines cultures privilégient la relation et d'autres, la tâche ou l’argent.
Le Guanxi en Chine
Tout expatrié français est frappé dès son arrivée en Chine par l’importance des relations personnelles dans le monde professionnel, un concept appelé « guanxi». Il doit apprendre à naviguer entre les réunions informelles, les déjeuners d’affaires, et les cadeaux protocolaires. L’adaptation aux subtilités de la communication chinoise, souvent indirecte, est un exercice de haut vol.
L’interculturel est l’art du trait d’union. Quelle que soit votre destination, votre compétence interculturelle est à développer pour faire de votre expérience internationale un succès. Bâtissez des ponts plutôt que des barrières !