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Retour en France : comment réussir son insertion sur le marché du travail français ?

Femmes et hommes en réunion Femmes et hommes en réunion
Écrit par Article Partenaire
Publié le 23 avril 2023, mis à jour le 13 juin 2023

Si l’expatriation s’accompagne de nombreux défis, l’impatriation soulève, elle aussi, de multiples challenges.

Comment s’intégrer sur le marché de l’emploi français après avoir travaillé à l’étranger pendant plusieurs années ? Quels sont les outils, ressources et bonnes pratiques à connaître pour anticiper ce retour en France ? Pour le savoir, nous avons interrogé deux experts en mobilité internationale de Pôle emploi, qui nous livrent leurs conseils avisés pour bien vivre ce retour de mobilité.

 

Lepetitjournal.com - Quels sont les principaux défis liés au retour en France ?

 

Bruno ANTOINE, Conseiller en mobilité internationale chez Pôle emploi - Avant tout, il est important de rappeler que l’on compte aujourd’hui près de 3 millions de Français établis à l’étranger, avec des projets de mobilité extrêmement hétérogènes (VIE, expatriation en famille, PVT, Erasmus…). Les défis rencontrés au retour en France dépendent du profil et du parcours de chacun.

Selon un rapport d’Anne Genetet (députée des Français d’Asie, d’Océanie et d’Europe de l’Est) réalisé auprès de 40 000 expatriés, plus de 80 % des sondés ont un projet de retour en France, tandis que 20 % envisagent de s’établir à l’étranger définitivement.

Les répondants identifient par ailleurs trois difficultés majeures liées au retour en France :

  • la problématique du logement ;
  • la problématique des soins et de la sécurité sociale ;
  • la problématique de l'emploi.

Séveryne MULLER, responsable de l’équipe mobilité internationale de Nouvelle-Aquitaine chez Pôle emploi - Les défis rencontrés au retour en France dépendent également de la durée de la mobilité. Après un séjour d’1 ou 2 ans à l'étranger, il faudra, certes, se réadapter aux codes du marché de l'emploi français. Mais quand la mobilité a duré 10, 15, voire 20 ans, c’est un vrai « décrochage culturel » qui se produit vis-à-vis du marché du travail français.

 

Les défis liés au retour vont aussi varier selon le pays de destination. Après une mobilité en Europe, les repères culturels sont par exemple plus facilement transférables qu’après une mobilité hors Europe.

C'est pourquoi, face à toutes ces variables, nous proposons chez Pôle emploi un accompagnement personnalisé en fonction de la réalité de chacun, du parcours, de la durée de la mobilité, du pays de destination…

 

En quoi Pôle emploi participe au retour de mobilité des expatriés ?

 

B. A. : Très souvent, l’impatriation est perçue comme un simple « retour à la maison » qui peut sembler, à tort, plus facile qu’un départ à l’étranger. Or, après plusieurs années à résider et à travailler hors de France, le retour dans le pays d’origine est rarement simple. Il est donc très important de se faire accompagner par un conseiller afin de se réapproprier les codes, de s’informer sur le marché et de savoir comment rassurer les employeurs.

Chez Pôle emploi, nous accompagnons les candidats avec une approche individualisée qui répond à trois enjeux majeurs :

  • Anticiper les démarches administratives : nous aidons les candidats à s’informer, avant leur retour, sur les nombreuses formalités à réaliser à leur arrivée en France (sécurité sociale, scolarité des enfants, droits aux allocations chômage…) ;
  • Réactiver le réseau professionnel en France, qui est souvent mis de côté lors du séjour à l’étranger ;
  • Apprendre à convaincre les employeurs et à argumenter face aux idées reçues liées à la mobilité internationale.

 

S. M. : Pour accompagner les candidats sur ces différentes problématiques, nous organisons, deux fois par mois, un webinaire sur le retour en France. Cette webconférence a vocation à sensibiliser les candidats sur la nécessité de se réapproprier leur environnement sur le plan administratif, culturel et professionnel avant leur retour en France. Le webinaire permet de s’informer sur les démarches administratives à réaliser, les droits et obligations au retour, les conseils pour se positionner sur le marché du travail en France…

Par ailleurs, grâce à l’accompagnement du conseiller Mobilité internationale, le candidat apprend à valoriser toutes les compétences et soft skills acquises pendant sa mobilité professionnelle (autonomie, capacité d'adaptation, compétences linguistiques, capacités interculturelles…). Le conseiller Pôle emploi aide le candidat à identifier comment ces qualités intrinsèques peuvent répondre aux besoins des entreprises françaises. C’est une étape très importante qui permettra de briser les a priori qu’ont certains employeurs vis-à-vis de la mobilité internationale.

 

L’équipe Mobilité internationale peut également faire le relais avec les conseillers de proximité. Ces derniers sont dotés d’une solide connaissance du marché local et des entreprises à la recherche de profils internationaux dans le bassin d'emploi. Ils pourront aussi fournir de nombreuses données sur le marché du travail français, sur les métiers en tension et sur les compétences recherchées par les entreprises au niveau national, régional et local.

Cette coordination entre les services de Mobilité internationale et les services de proximité de Pôle emploi permet au candidat d'effectuer un vrai SWOT de son profil professionnel et d’identifier ses compétences et ses forces par rapport aux attentes des entreprises.

 

Quels sont les outils et ressources disponibles pour préparer son retour en France ?

 

S. M. : Il existe une myriade de sites utiles et une multiplicité d’acteurs à mobiliser pour anticiper son retour de mobilité. Avant de démarrer sa recherche d’emploi, il est très important d'investiguer ces différentes ressources pour s’informer sur le marché et pour sécuriser son insertion professionnelle.

Avant de se tourner vers un conseiller Pôle emploi, les candidats peuvent commencer par consulter l’Emploi Store et le B.A-BA du retour de mobilité, qui regroupent des conseils, des données sur le marché de l’emploi français, des offres partenaires, des salons virtuels, des serious games…

B.A. : Les candidats peuvent aussi consulter la rubrique « Je rentre en France » du site Pole-emploi.fr qui regroupe de nombreuses informations sur le retour de mobilité. Ils peuvent également identifier et expliciter les soft skills acquises à l’étranger grâce à l’application AKI, afin de valoriser ces compétences informelles auprès des employeurs.

 

Outils et ressources pour préparer son retour en France :

 

Quels sont vos conseils pour bien préparer son retour à l’emploi en France ?

 

S. M. : Nous encourageons fortement les candidats à penser au retour avant même de partir, afin d’adoucir le choc culturel une fois en France.

Avant de se lancer dans une recherche d’emploi sur le marché français, il y a trois grandes étapes préalables. Tout d’abord, il convient de sécuriser son retour en s’interrogeant sur les aspects logistiques, interculturels, administratifs lors de l’arrivée en France. Il faudra ensuite investiguer le marché de l'emploi, au niveau national, régional ou local et identifier les spécificités du marché du travail français en termes d'offres d'emploi, de missions, de métiers en tension, de secteurs porteurs, etc.

Après s’être familiarisé avec le marché de l’emploi français, le candidat pourra alors s’interroger sur les compétences acquises lors de sa mobilité internationale et sur la meilleure façon de les valoriser auprès des employeurs, que ce soit dans son CV, sur son profil LinkedIn, lors d’un entretien…

Il sera ensuite possible de se lancer de manière pertinente et efficace dans sa recherche d'emploi, d’activer ses réseaux et de candidater à des offres.

À chacune de ces étapes, il faudra mobiliser l’accompagnement auprès d’un conseiller Mobilité internationale ou d’un conseiller de proximité Pôle emploi, ainsi que les sites et outils mentionnés.

 

Il faut également savoir que la crise sanitaire a profondément transformé le rapport au travail : les métiers qui étaient en tension hier le sont encore plus aujourd'hui ; l'acculturation digitale s’est fortement accélérée et la mondialisation du marché de l'emploi est encore plus prégnante (notamment avec l’apparition de nouveaux modes de travail tels que le digital nomadisme). De plus en plus de demandeurs d'emploi ont ainsi le souhait de partir à l'étranger et de travailler à distance.

 

Comment la mobilité internationale est-elle perçue par les employeurs français ? Est-ce un levier pour l’employabilité en France ?

B.A. : Je pense que l’essor des nouveaux modes de travail hybrides ouvre de nouvelles perspectives dont les employeurs sont conscients. L’époque où la mobilité internationale était uniquement perçue comme “de longues vacances au soleil” est, selon moi, révolue. Mais il est aussi de la responsabilité du candidat de montrer qu'il a effectivement acquis des compétences qui seront transférables dans son nouvel emploi en France : une capacité de résilience, une adaptabilité, une ouverture d’esprit, une compréhension interculturelle, une capacité à gérer des équipes internationales…D’où l’importance de valoriser et d’expliciter ses acquis avant de rechercher un emploi en France.

 

S.M. : En effet, il y a une vingtaine d'années, partir travailler à l’étranger était encore très marginal. Le monde du travail est aujourd'hui beaucoup plus ouvert aux personnes ayant su saisir l’opportunité de la mobilité internationale, qui est un vrai levier d'employabilité et de développement de compétences. Toutefois, beaucoup d’employeurs ne s’intéressent aux profils intra-européens ou extra-européens qu’en dernier recours. Le sourcing de ces candidats au profil international n’est pas encore complètement entré dans les mœurs.

 

La mobilité reste, quoiqu’il en soit, un vrai levier d'employabilité qui apporte une richesse de compétences professionnelles intrinsèques. Sur de nombreux métiers, le fait de réaliser une expérience de mobilité internationale est un véritable booster d'émancipation, très facilement mobilisable, qui permet de redonner un nouvel élan professionnel à sa carrière.

 

Aujourd’hui, face à la mondialisation du marché du travail, la mobilité internationale est une expérience professionnelle et une expérience de vie qui doit être indéniablement intégrée dans le mode de pensée de chacun.

 

Vous souhaitez en savoir plus sur l’accompagnement Pôle emploi lors de votre retour en France ?

Rendez-vous sur le site Pole-emploi.fr

Publié le 23 avril 2023, mis à jour le 13 juin 2023