1,3 million de Français de l’étranger sont appelés à s’exprimer pour les élections du Parlement européen, un scrutin qui ne les avait pas mobilisés en 2014 (89% d’abstention !!). Retour en quelques chiffres sur les enjeux de cette élection
Taxé d’inutilité, de déconnexion avec la vie des citoyens de l’Union Européenne et de technocratisme, le Parlement européen est mal-aimé des Français. Pourtant, la seule institution de l’UE élue au suffrage universel direct a voté des lois qui ont un impact direct sur la vie de millions d'Européens. Par exemple, la fin des frais supplémentaires quand on utilise notre smartphone en Europe, le Règlement général sur la protection des données (RGPD), la directive sur les travailleurs détachés prévoyant que ces derniers touchent le même salaire que les travailleurs du pays dans lequel ils sont envoyés, ou encore, l’interdiction des plastiques à usage unique d’ici à 2020.
Les élections européennes se dérouleront entre le 23 et le 26 mai selon les pays. En France, le scrutin aura lieu le dimanche 26 mai en métropole, à la Réunion, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et-Futuna ainsi que dans les ambassades et consulats pour les Français résidant hors de France, hors continent américain. Il est avancé au samedi 25 mai dans les Caraïbes et sur le continent américain ainsi qu’en Polynésie française.
Qui vote ?
47,1 millions d'électeurs étaient inscrits en avril 2019 sur les listes électorales françaises, soit 93 % des Français en âge de voter, selon les données publiées, mardi 7 mai, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Le taux d'inscrits grimpe à 97 % chez les moins de 30 ans. Un chiffre très élevé qui s'explique par la procédure d'inscription d'office des jeunes à leur majorité.
1,3 million de Français expatriés sont inscrits sur une liste consulaire pour pouvoir continuer de voter depuis l'étranger. Genève est le plus important vivier d'électeurs expatriés avec 102.000 inscrits. Londres, Bruxelles et Montréal comptent aussi plus de 50.000 inscrits. Àl’autre extrémité, les listes d’Ekaterinbourg, Tripoli, Bagdad, Chisinau et Oulan-Bator comptent moins de 50 électeurs.
Pour connaître la liste des bureaux de vote à l’étranger : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2019/4/12/EAEF1909570A/jo/texte
Les listes électorales générales de Nouvelle-Calédonie, établies selon un processus différent, comptaient par ailleurs 211.000 électeurs au 28 février 2019.
Des étrangers qui votent en France ?
Des ressortissants d’un autre État membre européen résidant en France peuvent demander à être inscrits sur une liste électorale pour voter à deux types d’élections : les élections municipales et les élections des représentants au Parlement européen.
331.000 étrangers ressortissants de l'Union européenne (UE) ont fait cette démarche. Avec près de 100.000 inscrits, les Portugais sont les plus nombreux sur les listes complémentaires, suivis par les Italiens (48.000), les Britanniques (46.000) et les Belges (40.000). Viennent ensuite les Allemands (30.000) et les Espagnols (29.000). Parmi les autres nationalités, seuls les Néerlandais dépassent 10.000 inscrits en France.
Pour qui voter ?
74 eurodéputés seront choisis par les Français. La loi du 25 juin 2018 a rétabli une circonscription unique, alors qu’en 2014, le vote des Français de l’étranger était dilué dans celui de la circonscription Île-de-France. Seules les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés pourront bénéficier d’un nombre de sièges proportionnel au nombre de voix recueillies.
34 listes de candidats ont été officiellement enregistrées. De Lutte ouvrière au Rassemblement national, on y trouve les formations politiques habituelles. Il faut y ajouter trois listes issues du mouvement social des "gilets jaunes" mais aussi une liste royaliste, un Parti pirate, un Parti fédéraliste européen, un Parti animaliste, une liste composée uniquement de moins de 30 ans, des partisans de la décroissance, de l’égalité hommes/femmes ou encore de l’espéranto…
Depuis les premières élections européennes de 1979, la participation n’a quasiment pas cessé de baisser au niveau national pour atteindre 43 % en 2014. A l’étranger, l’abstention était vertigineuse, à 89%. Il faut dire que c’était la première fois depuis 2004 qu'ils pouvaient voter, où qu'ils soient dans le monde et beaucoup étaient mal informés. Seront-ils plus motivés cette année ? Pour beaucoup, en l’absence de vote électronique, se déplacer dans un bureau de vote reste un casse-tête.
Le Front National était arrivé en tête en 2014 avec 25% de voix en France, devançant largement l’UMP (20,8 %) et le PS (14 %). Les Français de l’étranger semblaient moins sensibles aux thèses du parti de Marine Le Pen et ne lui avaient accordé que 8,9% des suffrages. Il sera intéressant de vérifier si le Rassemblement National gagne du terrain aujourd’hui chez les électeurs expatriés. Les Français de l’étranger avaient massivement voté pour Emmanuel Macron à la Présidentielle, qui avait recueilli plus de 40% des voix au premier tour et plus de 89% au 2e. Vont-ils se mobiliser aux Européennes ?
Pas de campagne à l’étranger ?
Difficile, même pour les « grands » partis, de faire des meetings ou de tracter sur les marchés à l’étranger. Certains parlementaires ou militants ont fait ou feront tout de même des réunions publiques.
Vous avez peut-être reçu des mails de certains candidats. Ne vous en étonnez pas, un parti ou un candidat peut utiliser la liste électorale consulaire, où vous avez renseigné votre adresse courriel, à des fins de communication politique, notamment pour vous envoyer son programme électoral à l’approche des élections européennes. Ce n’est pas interdit par la loi, qui bannit seulement l’usage commercial de ces listes.
Si ces courriels vous agacent, vous avez la possibilité de demander aux candidats de ne plus vous écrire en utilisant le lien de désinscription qui doit se trouver en bas du message.