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Rapport du GIEC sur le réchauffement climatique : que faut-il en retenir ?

Un incendie en Australie causé par le réchauffement climatique Un incendie en Australie causé par le réchauffement climatique
Écrit par Caroline Chambon
Publié le 17 août 2021, mis à jour le 17 août 2021

Le 9 août 2021, le groupe d’experts intergouvernementaux sur le climat (GIEC) publiait la première partie de son sixième rapport. Bilan : limiter les émissions de gaz à effet de serre est crucial, et de toute urgence.

 

Le groupe d’experts intergouvernementaux sur le climat (GIEC) a publié lundi 9 août 2021 la première partie de son sixième rapport sur l’évolution du climat dans le monde. Etablissant un constat de l’état de la planète aujourd’hui et modélisant plusieurs scénarios futurs potentiels, ce rapport est alarmant. Respecter les accords de Paris de 2015 et limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C depuis le début de la période industrielle serait déjà presque impossible. Alors que la COP 26 - retardée d’un an - est prévue en novembre à Glasgow, les données fournies par les quelque 230 scientifiques seront précieuses pour dessiner le futur de l’action climatique intergouvernementale. En attendant les deuxième et troisième partie du rapport prévues pour le premier trimestre 2022, voici les grandes lignes de l’évolution du climat mondial.

 

Le dérèglement climatique est sans précédent et directement lié à l’activité humaine

Pour les scientifiques, cela ne fait plus aucun doute : le dérèglement climatique est causé par l’activité humaine. Si, dans les rapports précédents, le doute persistait encore, la plus grande précision des données a cette fois permis aux rédacteurs du rapport d’affirmer la responsabilité humaine.

Autre point important : certaines des conséquences du réchauffement climatique sont irréversibles, du moins à court ou moyen termes. Il s’agit par exemple de l’acidification des océans, causée par la plus grande proportion de CO2 dans l’eau. La montée des eaux est également irréversible pour les années à venir, au même titre que les épisodes de sécheresse dans certains territoires. Le seul espoir consiste aujourd’hui à limiter le réchauffement climatique afin de contenir ses conséquences. Si cela est atteint, à plus long terme, ces effets pourraient s’atténuer et les températures se stabiliser.

 

Graphique montrant la hausse des températures depuis la période préindustrielle
Graphique montrant la hausse des températures depuis la période préindustrielle.

 

Limiter le réchauffement de la surface planétaire à 1,5°C est déjà quasiment infaisable

C’était le grand objectif de la COP21 de Paris et de l’accord qui y avait été signé : limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Aujourd’hui, la hausse des températures sur la planète atteint une moyenne de +1,1°C. Cependant, de fortes disparités existent non seulement entre différentes régions, mais surtout entre la surface terrestre et les océans : ces derniers se réchauffent à un rythme plus lent. L’augmentation de la température des océans se situe entre 0,68°C et 1,01°C, tandis que celle de la surface terrestre est en moyenne de 1,59°C (avec une marge de 1,34 à 1,83).

Dans ces conditions, l’accord de Paris semble inatteignable, à moins de réussir à atteindre des niveaux d’émissions de gaz à effet de serre presque nuls. Si les gouvernements font de gros efforts et mettent en place des mesures drastiques, le scénario le plus probable est que la hausse des températures soit contenue à un niveau inférieur à +2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Si aucun effort ne venait à être fait, le scénario serait celui d’un réchauffement climatique avec des températures atteignant +4°C. Si les choses en arrivaient là, certaines zones comme le bassin méditerranéen, le centre de l’Afrique, ou encore le Chili, connaîtraient des épisodes de sécheresse particulièrement longs, et les incendies se multiplieraient. Les effets du réchauffement de la planète sont divers et dépendent des zones et des conditions météorologiques, mais les scientifiques sont aujourd’hui capables d’affirmer et de prédire que toutes les régions du monde seront affectées, d’une façon ou d’une autre.

 

Cartes représentant les différents scénarios possibles en fonction du niveau de la hausse des températures
Cartes représentant les différents scénarios possibles en fonction du niveau de la hausse des températures.

 

Nous rejetons plus de gaz à effet de serre que la planète ne peut en absorber

Les gaz à effet de serre qui jouent le rôle le plus important dans le réchauffement climatique sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (Ch4), et le protoxyde d’azote (N2O). Les émissions de chacun de ces gaz atteignent respectivement 410 partie par millions (ppm) pour le CO2, 1.866 partie par milliards (pbb) pour le Ch4 et 332 pub pour le N2O. Leur concentration dans l’atmosphère augmente systématiquement, car l’activité humaine en rejette plus que ce que les arbres et l’océan sont capables d’absorber.

 

Chaque année, environ 40 milliards de tonnes métriques de pollution au CO2 dans l’atmosphère sont enregistrées. Selon les calculs des scientifiques, il reste autour de 3.000 milliards de tonnes d’émissions de CO2 parmi les combustibles fossiles encore présents sur terre (gaz, pétrole charbon). Or, ils ont calculé que le budget carbone restant à l’humanité est de 500 milliards de tonnes. Au-delà de ce seuil, le scénario le plus critique pourrait avoir lieu et toutes les conséquences pourraient être entièrement irréversibles.

 

Graphique montrant le budget carbone restant pour limiter le réchauffement climatique
Graphique montrant le budget carbone restant pour limiter le réchauffement climatique.

 

Seuls des changements drastiques permettraient d’éviter le scénario catastrophe

La solution miracle n’existe pas : la seule voie pour limiter le réchauffement climatique consiste à diminuer fortement et rapidement les émissions de gaz à effet de serre, affirment les experts du GIEC dans le rapport. Pour cela, le taux d’émissions de CO2 doit s’approcher le plus tôt possible de zéro, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

 

Tableau représentant les émissions de CO2
Tableau représentant les différents scénarios futurs en fonction des émissions de CO2. 



Mais les émissions de méthane devront également diminuer fortement. Si ce gaz se dissipe rapidement dans l’air, son pouvoir de réchauffement est « 28 fois supérieur » à celui du dioxyde de carbone, et il représente « un quart du réchauffement climatique » aujourd’hui. Dans le détail, les émissions de méthane émanant de l’activité humaine ont pour origine les trois secteurs suivants : l’agriculture (40%) notamment du fait de l’élevage de bovins, les énergies fossiles (35%) et les déchets (20%).

 

Il faut donc d’urgence revoir nos modes de production afin d’éviter la réalisation des scénarios modélisés par les scientifiques. Au premier trimestre 2022, ils devraient publier les deuxième et troisième parties du rapport, qui tentent d’apporter des solutions aux constats effectués dans la première partie. Une chose est sûre : les gouvernements devront trouver des accords bien plus ambitieux que les précédents en novembre à Glasgow (Ecosse), lors de la COP 26, et s’atteler encore plus à les mettre en oeuvre.