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Guan-gong dit oui, les aventures étonnantes d’une étudiante à Taïwan

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Écrit par Alhéna Domela
Publié le 3 avril 2019, mis à jour le 3 avril 2019

Charlotte Pollet, professeure de philosophie et d’histoire des sciences à Taïwan, vient de publier son premier roman, Guan-gong dit oui. L’auteure raconte avec beaucoup de dérision ses aventures rocambolesques lors de son arrivée sur l’île en tant qu’étudiante en thèse.

« On demande souvent aux étudiants de faire des stages à l’étranger, de participer à des programmes d’échanges comme si les systèmes éducatifs étaient tous les mêmes. Il y a toute une publicité qui est faite pour dire que partir à l’étranger c’est merveilleux. Pourtant ça reste un choc ». Charlotte Pollet a posé ses valises à Taïwan en 2007. Passionnée par la recherche, l’étudiante a obtenu une bourse du ministère de l’éducation de Taïwan pour réaliser une thèse en histoire et didactique des mathématiques.

Si ce départ à l’étranger apparaissait comme un nouveau défi, la jeune femme ne pensait pas faire face à tant d’obstacles. Et l’apprentissage du chinois était loin d’être le challenge le plus redoutable. « La barrière de la langue peut se franchir. Par contre, il y a un véritable fossé culturel dans la façon d’apprendre. Il faut réapprendre à apprendre », explique-t-elle. A Taïwan, Charlotte Pollet découvre une nouvelle façon d’enseigner, très éloignée de celle pratiquée en Europe. « Les professeurs ne travaillent pas de la même manière. Les étudiants sont entraînés depuis tout petit à utiliser leur mémoire d’une certaine façon : ils ont beaucoup de devoirs et beaucoup de contrôles. Je n’avais jamais été habituée à ça. On se retrouve tout à coup très encadré, c’est très déroutant», confie-t-elle.

Charlotte Pollet étudiante Taïwan philosophie mathématiques
Charlotte Pollet

Aujourd’hui installée sur l’île depuis 12 ans, Charlotte Pollet enseigne la philosophie et l’histoire des sciences à la National Chiao-Tung University. Mais ses cours n’ont rien à voir avec ceux qu’elle dispensait au lycée international de Suisse avant son départ. « Je ne peux pas faire un cours comme je l’aurais fait auparavant en Europe. Je crois que les étudiants ne comprendraient pas ce qu’il se passe. Ils n’apprennent pas de la même façon. Ils sont constamment connectés, même en classe. Ce n’est pas intéressant pour eux d’avoir un professeur Wikipédia qui répète ce qu’ils peuvent trouver sur internet. C’est pourquoi on fait beaucoup de débats et d’exercices en groupe. Ils ressentent ainsi ce qu’ils doivent faire », constate-t-elle.

La Française, à présent totalement intégrée dans la société taïwanaise, récompensée en 2016 par le Trophée Education des Français de l’étranger, fait le bilan de ses premières années en Asie. Malgré les nombreuses difficultés rencontrées, elle a su surmonter le choc culturel. Elle souhaite à présent partager son expérience et aider les nouveaux expatriés grâce à son roman Guan-gong dit oui.

Un témoignage rassurant  

« J’ai régulièrement des étudiants européens qui viennent dans mon bureau et qui me disent c’est horrible, tous les cours sont en chinois ! », raconte Charlotte Pollet. « Certains ne comprennent pas ce qu’ils sont supposés faire en cours. J’essaye de leur expliquer. Je me suis dit qu’en écrivant un petit livre, cela pourrait peut-être les aider. Ils sont tout aussi désemparés que moi quand je suis arrivée à Taïwan », ajoute-t-elle.

L’été dernier, pendant un séjour en France, la professeure a laissé de côté l’écriture scientifique pour se consacrer à son roman. « J’avais envie de m’aérer en écrivant des choses un peu différentes par rapport à ce qu’on me demande au travail. Mais j’avais surtout envie d’écrire en français » confie-t-elle. D’après l’auteure, ce livre n’a pas pour objectif de « montrer quelque chose de spécial mais d’égratigner l’image paradisiaque que l’on fait de l’expatriation. Il montre que les difficultés se surmontent. D’ailleurs, ce ne sont pas des difficultés mais des expériences par lesquelles on apprend énormément ». Elle espère que son roman suscitera une certaine réflexion sur l’expatriation. Mais plus encore, elle souhaite que ses lecteurs rient de ses aventures et s’aperçoivent que chaque expatrié vit des choses similaires, car à l’étranger, « on est tous dans la même galère ».   

 

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Guan-gong dit oui de Charlotte Pollet, L’Asiathèque, 14,50 euros 

Photo Alhéna Domela (1)
Publié le 3 avril 2019, mis à jour le 3 avril 2019
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