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Coronavirus : le suivi des étudiants par l’enseignement supérieur

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Écrit par Déborah Collet
Publié le 7 avril 2020, mis à jour le 10 avril 2020

Avec l’apparition du coronavirus, les établissements d’enseignement supérieur prennent des dispositions pour assurer la sécurité de leurs étudiants et leur apporter un suivi psychologique. Des rapatriements de toute urgence s'organisent de l'autre côté du globe. Comment les universités et les écoles du supérieur font-elles pour venir en aide à leurs étudiants ? 

 

La priorité, informer les étudiants 

La plupart des écoles du supérieur ont immédiatement réagi en contactant leurs étudiants français pour mettre en place des accompagnements spécialisés, au cas par cas, et si besoin, organiser un rapatriement de toute urgence. 

 

Chloé suit des cours universitaires en anglais et en italien à Florence. Son école en France, ESPOL (European School of Political and Social Sciences) l’a contactée dès l’apparition de cas de contamination du coronavirus en Italie. Elle nous a confié : "Mon école m’a prévenue qu’elle m’apporterait de l’aide pour rentrer en France si je le souhaitais, que ce soit dans les jours à venir ou dans les semaines suivantes."

 

Les universités partenaires dans lesquelles les étudiants réalisent un cursus de cours ont endossé le rôle de médiateurs et d’accompagnateurs. Lucie, étudiante en quatrième année à l’EFAP, École des nouveaux métiers de la Communication en témoigne "Nous avons reçu un tas de mails de notre université à Elche, certains étaient spécialement dédiés aux Erasmus, qui comme moi, suivent des cours en espagnol. Ils nous demandaient si nous voulions rentrer dans notre pays d’origine. Ils ont mis en place un système de questions qui nous permettait d’aborder des problématiques spécifiques tels que les vols à destination de chaque pays" Elle poursuit "Je me suis sentie très soutenue par mon université d’accueil dans cette situation qui est d’autant plus difficile à vivre dans un pays étranger !"

 

D’autres écoles ont contacté leurs étudiants pour organiser un rapatriement. Elles ont choisi de leurs faire signer une "décharge de responsabilité" s'ils souhaitaient rester dans le pays d'accueil.  C’est le cas de Lisa, étudiante à ESPOL : "J’ai choisi de signer cette décharge qui stipule que je prends l’entière responsabilité de ma santé si j’attrape le coronavirus et si je fais le choix de rester à Madrid pour poursuivre mes cours à distance."

 

Des recommandations pour un retour en France

Certaines écoles du supérieur ont choisi de diffuser les recommandations et les mesures sanitaires gouvernementales pour prévenir leurs étudiants. 

 

C’est le cas de EDHEC Business School, Richard Perrin, directeur international nous précise : "Nous avons essayé de rester au plus près des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé et des autorités françaises pour ne pas s’improviser expert en pandémie mondiale et coller en permanence aux recommandations du gouvernement français". L'École des Hautes Études Commerciales a créé une adresse pour permettre aux étudiants et leurs familles de rester en lien direct avec l’école. 

 

HEC Montréal a choisi d’adopter une communication proche de ses étudiants comme nous l’explique Faustine Chevet, Directrice du Bureau Europe : "Pour les étudiants qui n’ont pas répondu aux mails que nous leur avons adressés, je les ai appelés pour obtenir de leurs nouvelles et savoir si la situation qu’ils vivaient était bien celle voulue. Pendant cette crise sanitaire, l’école a démontré que nous ne laissions pas de côté nos étudiants, nous trouvons des solutions adaptées ensemble." Agnès Darmaillacq, directrice du service des activités internationales et de la mobilité étudiante ajoute : "Sur notre site web que nous mettons à jour régulièrement, tout le monde s’y retrouve, les étudiants, mais aussi les professeurs et le personnel. Nous pouvons répondre aux questions de chacun."

 

Le rapatriement des étudiants organisé au cas par cas

Les hausses des prix des vols à destination de la France et la confusion dans les aéroports internationaux ont impacté le retour des jeunes Français. Certains se sont retrouvés dans l’incapacité de rentrer en France. 

 

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Campus HEC Montréal.

 

La question se pose aussi du côté des écoles qui tentent de trouver des vols pour que les étudiants puissent retrouver leurs proches. Marie-Hélène Jobin, Directrice des relations et des partenariats internationaux à HEC Montréal nous donne plus de détails sur les problèmes auxquels elle a dû faire face : "Nous avons connu des situations où les étudiants essayaient en vain d’appeler les lignes d’Air France ou d’Air Canada pour obtenir un vol, mais les lignes étaient suspendues. Nous les avons mis en relation avec une agence de voyage avec qui nous travaillons pour accélérer le processus de rapatriement."

 

Erasmus, programme d'échange d'étudiants européens a communiqué aux étudiants que "les frais supplémentaires inhérents" seront pris en charge par l’organisme lors d’un retour en France. 

 

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IÉSEG School of Management. ©Barbara GROSSMANN

 

IÉSEG School of Management a fait le choix de suivre la voie institutionnelle. "Nous avons mis en relation les étudiants français avec l’ambassade française ou le consulat français pour qu’ils puissent, sur place, prendre en charge et accompagner chaque étudiant. " indique Antonio Giangreco, Directeur des relations internationales.

 

Quand l’épidémie est apparue début janvier en Chine, les 650 étudiants de l’EDHEC partis en échanges avaient terminé leur semestre et ils étaient pour la plupart rentrés dans leurs pays pour les fêtes de Noël. "C’est seulement début mars que nous avons pris la décision d’autoriser tous nos étudiants de l’EDHEC à rentrer dans leur pays, dont les étudiants français à l’étranger, pour qu’ils puissent retrouver leurs familles et suivre nos cours en ligne ou bien ceux de l’université partenaire." nous a expliqué Richard Perrin.

 

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Campus de Belo Horizonte, au Brésil. SKEMA Business School

 

SKEMA Business School, qui depuis la mi-janvier a dû fermer son campus de Suzhou, en Chine, a accompagné ses étudiants de manière personnalisée pour qu’ils puissent rentrer dans leurs pays. D’autres campus de SKEMA présents à l’étranger ont été impactés par l’épidémie. Patrice Houdayer, directeur des Programmes, de l’International et de la Vie étudiante de SKEMA Business School nous donne un exemple "Nous avons un campus à Belo Horizonte, situé à 1h30 de vol des villes de São Paulo ou de Rio de Janeiro, qui sont les connexions principales pour obtenir un vol direct pour Paris. La directrice du campus présente sur place, a assuré le déplacement des étudiants par bus de Belo Horizonte jusqu’à São Paulo ou Rio de Janeiro et lorsqu’il y avait un décalage entre l’arrivée des bus et le départ du vol, elle a réservé des hôtels pour pouvoir les héberger sur place." Il a ajouté : "C’est de notre responsabilité d’accompagner nos étudiants."

 

HEC Montréal a dû suspendre toutes ses activités à Hong-Kong et en Chine en vue de l’apparition du coronavirus début janvier. L’école a suivi de près l’évolution de la situation sanitaire dans chaque pays où ses étudiants sont présents pour pouvoir informer leurs étudiants en continu. Marie-Hélène Jobin, Directrice des relations et des partenariats internationaux précise "Nous avons fortement recommandé aux étudiants de rentrer chez eux, que ce soit à Montréal ou dans leurs pays. Nous nous sommes assurés de rester continuellement en communication avec eux, pour savoir où ils étaient à peu près tout le temps." Elle poursuit : "Il y a beaucoup de Français qui ont choisi de rester au Québec parce qu’ils se sentent chez eux et veulent poursuivre leur vie ici, après l’obtention de leur diplôme." Marie-Hélène Jobin précise que HEC Montréal a pris en compte les souhaits de ses étudiants : "Malgré nos recommandations, ce sont des adultes et ce sont à leur discrétion s’ils souhaitent rentrer dans leur pays ou rester dans le pays d’accueil." 

 

Un suivi psychologique pour accompagner le confinement des étudiants

Les étudiants français présents à l’étranger peuvent faire face à des situations extrêmement stressantes comme l’angoisse de ne pas revoir leur famille ou le confinement dans un appartement de 10 mètres carrés. Malgré la distance, les écoles du supérieur œuvrent pour les suivre psychologiquement. 

 

Chloé, étudiante à ESPOL, nous a confié : "Je suis dans une petite chambre, je ne sors pas et je ne m’entends pas forcément avec mes colocs. C’est une situation anxiogène. Je ne pourrais pas rester à Florence en confinement jusqu’à fin mai. Mais j’ai du mal à dire au revoir à mon Erasmus."

 

Les 600 salariés de SKEMA ont mis en place des systèmes d’écoute auprès des étudiants. Les responsables des programmes d’enseignement réalisent des échanges hebdomadaires avec les étudiants qui le souhaitent pour avoir un accompagnement personnalisé. La vie étudiante continue à SKEMA, Patrice Houdayer, Directeur des relations internationales rentre dans le détail : "Nous avons demandé aux associations étudiantes de continuer la réalisation d’activités, pour le coup virtuellement. C’est un bon moyen d’accompagner les étudiants qui sont seuls dans une chambre qu’ils louent. Je pense qu’il faut penser à eux, car ils sont seuls, éloignés de leurs amis, étudiants à l’école, mais aussi loin de leur famille et de leur pays d’origine."

 

IÉSEG a mis en place un suivi personnalisé comme nous l’indique Antonio Giangreco : "Un suivi psychologique est disponible à distance pour tous les étudiants qui sont confinés chez eux, parfois dans des petits appartements. Un coach professionnel les accompagne aussi lors de l’interruption d’un stage." 

 

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Campus EDHEC Business School à Lille.

 

"Chaque année, L’EDHEC Business School propose un suivi psychologique gratuit à destination de ses étudiants disponible 24h/24 quels que soient les événements." nous a affirmé Richard Perrin. Un autre service présent à l’EDHEC est mobilisé pendant cette période exceptionnelle. "L’International Students Office se compose de 7 personnes à plein temps qui accompagnent quotidiennement les étudiants internationaux  concernant des problématiques administratives, médicales ou liées à l’hébergement. Nous avons vu de nombreux étudiants quitter leur hébergement plus tôt que prévu et sans préavis." a ajouté Richard Perrin.

 

À HEC Montréal, une infrastructure et une équipe de psychologues suivent les étudiants quotidiennement. Leur rôle est dédié au bien-être des étudiants, notamment pour ceux qui sont en situation de handicap ou de détresse extrême, comme c’est le cas aujourd’hui. Marie-Hélène Jobin nous a expliqué "Le nombre de personnes présentes dans l’équipe de  psychologues a fortement augmenté aujourd’hui, mais nous avions déjà l’infrastructure. En temps de crise sanitaire, ces experts répondent aux questions de tous nos étudiants. Nous avons des comités qui se réunissent quotidiennement pour apporter des solutions à chaque étudiant, au cas par cas." Les diplômés de HEC Montréal ont été mobilisés à travers le monde pour "apporter, sur place, un soutien aux étudiants qui sont encore à l’étranger." Un fonds d’urgence a été déployé par l’école pour pouvoir venir en aide aux étudiants qui vivent une grosse détresse. 

 

Certains étudiants nous ont témoigné leurs incertitudes concernant leur retour en France. Outre leur déception de quitter leur pays d’accueil, ils se posent de nombreuses questions : "Est-ce que je fais le bon choix en rentrant en France ?" "Est-ce que je suis capable de rester tout seul en confinement à l’étranger ?" Malgré la distance qui les sépare, les universités et les écoles innovent pour mettre en place de nouvelles méthodes d’accompagnement pour qu’ils ne se sentent pas abandonnés. 

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