Vous souhaitez savoir quels seront les rapports de force au sein des équipes dans une vingtaine d’années ? De quelle manière votre manager s’adressera à vous? Comment les mentalités d’entreprises changeront à l’avenir ? Ne cherchez plus. Elodie et Dimitri, deux étudiants de l’emlyon sont partis à la recherche des pratiques managériales du futur à travers huit pays.
Mieux concilier vie privée et vie professionnelle : cette nouvelle mentalité dans le monde de l’entreprise émerge depuis quelques années, d’autant plus depuis la pandémie. Elodie et Dimitri ont voyagé à travers 8 pays en 6 mois pour définir les crises globales et internes actuelles que traversent les entreprises et en déduire les nouvelles pratiques managériales du futur. Avec l’association L’Odyssée Managériale, les deux étudiants sont partis en Allemagne, Suisse, Australie, Nouvelle-Zélande, en Israël et au Chili. Ils ont répondu à nos questions.
Elodie et Dimitri, à la conquête du management international
Elodie et Dimitri sont, tous deux, étudiants à l’emlyon business school. Après leur stage de première année, ils commencent à se questionner plus sérieusement sur le futur du monde du travail. “Comment mieux concilier bien-être des salariés et performance?” se demandent déjà Elodie et Dimitri à l’aube de leur carrière après quelques premières expériences professionnelles.
Inquiets, ils ressentent une dissonance et un besoin d’évolution du management actuel vers quelque chose qui leur ressemble davantage. Leurs questionnements ont été alimentés par plusieurs évènements, notamment le témoignage d’un ancien étudiant expliquant son burn-out. “Pour la première fois, nous ne nous sentions plus seuls face à notre envie de modernisation du monde du travail.” nous confient-ils.
Ils commencent à se renseigner sur les tendances actuelles du management et sur les entreprises qui cassent les codes du management classique. La crise du Covid a évidemment permis d’amplifier leur nombre. “Sans vraiment nous en rendre compte, nous entrions peu à peu dans l’écosystème de l’innovation managériale.” avouent-ils.
L’Odyssée managériale : un projet d’envergure pour déceler le management de demain
Ils apprennent l’existence de ce projet atypique, l’Odyssée Managériale, un projet “fait pour eux”. “Quelle meilleure manière de finaliser notre master en management que de réfléchir au sens même de ce qu’est le management et de ce qu’il doit devenir, via une étude de terrain ?” se questionnent-ils. En mai 2022, ils candidatent et apprennent avec joie leur sélection en septembre.
Chaque année, un duo (ou un trio) est sélectionné pour représenter l’association pendant 1 an. Le projet de l’Odyssée Managériale se déroule en trois phases. D’abord une phase de préparation : établissement de partenariats avec des entreprises françaises et des centres de recherche, organisation de la logistique du voyage, instruction… S’ensuit la phase de voyage qui dure souvent six mois avec en moyenne huit pays visités pour chaque édition. Enfin, la phase de restitution, qui consiste en la rédaction d’un grand rapport final, où sont dressées les conclusions de toutes les observations faites. Cela s’accompagne bien souvent de conférences faites en entreprises ou à l’université, de rédactions d’articles journalistiques etc…
Pendant leur période de préparation, Elodie et Dimitri ont choisi la thématique précise suivante: “Comment les crises d’aujourd’hui nourrissent-elles le management de demain ?”.
Entreprises : quelles sont les crises d’aujourd’hui ?
“Au fur et à mesure de l’étude, nous nous sommes rendu compte que pouvions définir trois grandes catégories de crises qui impactent le management.” nous ont-ils confié avant de nous les lister :
- Les crises globales touchent tout type d’entreprise, partout dans le monde, par exemple, la crise Covid, la crise environnementale, la quête d’un réel sens au travail, la crise intergénérationnelle…
- Les crises locales dépendent d’un pays ou d’une région du monde. “Par exemple, la pénurie de talents à laquelle fait face l’Océanie la pousse à innover pour attirer; la crise géopolitique en Israël qui façonne le style de management là-bas ou encore les séquelles de la dictature de Pinochet au Chili qui font émerger un écosystème d’entreprises engagées pour un management plus humain face à la forte concurrence et privatisation.” expliquent Elodie et Dimitri.
- Les crises internes sont propres à chaque entreprise, à l’instar d’une vague de démissions, d’un changement brutal d’activité ou de raison d’être…
Toutes ces crises accélèrent les mutations du monde du travail, mais ils se sont aussi rendu compte que “parfois, le changement provient aussi simplement de l’impulsion de dirigeants créatifs et visionnaires.”
Les pratiques managériales de demain : à quoi s’attendre ?
Les deux étudiants nous confient d’abord que “trois niveaux sont également de mise pour établir les échelles au sein desquelles le changement de demain se fera.”
D’abord, à l’échelle du collaborateur, la flexibilité est devenue reine : ce n’est plus un secret car l’augmentation folle du télétravail en est l’illustration. Mais derrière cela se cache une volonté plus profonde, celle de rétablir une certaine confiance perdue entre managers et managés.
Quant est-il à l’échelle de l’équipe ? Pour retrouver la confiance, Elodie et Dimitri démontrent que le management par objectifs doit primer face au présentéisme. Ce dernier, une culture qui semble d’ailleurs plus présente en France qu’ailleurs : “En France on me disait souvent que je prenais mon après-midi si je partais à 17h. Ici, si c’est le cas, on se dit que j’ai été efficace”, leur confie notamment Christophe Hoareau, associé EY qui travaille aujourd’hui en Australie. “La posture du manager doit évoluer vers celle d’un manager coach, qui donne les outils nécessaires au collaborateur, plutôt qu’un manager-surveillant.” expliquent-ils.
D’ailleurs les mots même de “management” et de “manager” tendent à devenir obsolètes. Nous parlons plutôt aujourd’hui de “leadership”. Tandis que le manager se place en surplomb, le leader se place en support. Le nouveau management voit donc naître des postes tels que “servant leader” plutôt que manager dans les entreprises à la pointe des innovations managériales.
Si l’on va plus loin, la complexité du monde actuel (crises à répétition, mutations technologiques…) impose une décentralisation de ce leadership, pour profiter des talents de chacun. C’est-à-dire que le leadership n’est plus exclusivement réservé aux managers ou aux cadres, mais à l’ensemble des collaborateurs qui sont de plus en plus amenés à impulser eux-mêmes des idées pour résoudre les problèmes auxquels ils font face. |
Finalement, la dernière échelle: celle de l’entreprise. L’atout principal de l’entreprise de demain : elle doit être capable de créer des pratiques de management sur mesure. “Les entreprises que nous avons rencontrées, qui réussissent le mieux ont toutes quelque chose en commun : un organe permanent dédié à ce processus d’amélioration continue.” déclarent finalement Elodie et Dimitri.
On peut dire en vrac que l’entreprise de demain : → a une identité d’entreprise forte à laquelle les salariés s'identifient, qui doit être un reflet réel de sa raison d’être. → accepte de redonner une place à l’émotion au travail →responsabilise les salariés, pas de management inutile ou infantilisant, va faire une décentralisation du leadership → est transparente et ouverte sur le monde → cherche à créer des écosystèmes entre entreprises permettant aux jeunes de satisfaire leurs désirs de mobilité →repense ses locaux pour avoir des espaces plus réduits mais mieux aménagés, voire s’inclure dans des écosystèmes d’entreprises → considère le bien-être salarial comme un atout de la performance et travaille à son amélioration |
Elodie et Dimitri sont donc partis à la recherche des nouvelles pratiques managériales, partout à travers le monde, pour en définir une logique commune. Cependant, les 8 pays visités se trouvent partout à travers le monde, avec des employés aux mentalités différentes et des crises actuelles causées par des facteurs divers. Découvrez bientôt leurs conclusions quant aux mutations de la culture d’entreprise sur nos éditions locales!