Damien Quintard : « SoundX s’adapte à la communauté des sourds et malentendants »

« Rendre la musique accessible à tous ». Tel est le credo de Damien Quintard, fondateur de SoundX dont la technologie vise à offrir une authentique expérience musicale aux personnes sourdes et malentendantes. Celui dont l’entreprise s’est récemment associée à la Philharmonie de Paris a répondu à nos questions. 

 

La Philharmonie de Paris et l’entreprise innovante SoundX, qui fournit des outils et des solutions pour plus d’inclusivité, se sont récemment associés pour la prochaine saison 2023-2024. Une collaboration qui a pour but la mise en place progressive de la technologie SoundX à destination des personnes sourdes et malentendantes, un défi de taille tant l’accès à la musique leur reste compliqué.

 

La technologie créée par le producteur de renommée internationale Damien Quintard leur permet de profiter de l’expérience procurée par un concert autant que n’importe qui. Celui qui s’est également associé à Brad Pitt pour faire renaître les mythiques studios Miraval nous parle de ce partenariat avec la Philharmonie de Paris ainsi que de l’influence de sa jeunesse en tant qu’expatrié sur son approche de la musique et de son universalité. 
 

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer SoundX ? 

Je pense que cela vient surtout du fait que, étant dans une industrie qui procure beaucoup d'émotions aux personnes entendantes, j'ai vécu l'expérience, en enregistrant un orchestre, de me retrouver en plein milieu du groupe de 250 musiciens qui jouaient à fond. J'ai alors ressenti toutes les vibrations et toutes les émotions que cela peut procurer. Je n’entendais rien tellement le son était fort. Je me suis dit que je pouvais faire quelque chose de similaire pour les personnes sourdes. 

 

Pour faire en sorte de pouvoir ouvrir les portes sur ce pan de culture, j'ai pensé à combiner toutes mes passions, qui sont la science, les mathématiques, la physique et le son, afin de créer cette intelligence artificielle qui analyse le son et pousser pour que des hauts lieux de culture puissent s'équiper. Je suis très content de cette première avec la Philharmonie de Paris car nous équipons beaucoup d'endroits et d'instituts à travers le monde. 

 

Que représente cette association avec la Philharmonie de Paris à vos yeux ? 

Cela m’inspire beaucoup de choses. C'est surtout inspirant parce que nous faisons le lien entre les instituts et les salles de concert. Il faut savoir qu'il s'agit d'une technologie faite par et pour la communauté sourde et malendante. A mes yeux, c'est vraiment super de se dire que nous allons pouvoir ouvrir des espaces à cette communauté qui est absolument géniale, diverse et variée. Il y a un côté inclusif qui me passionne. C'est super de faire des enregistrements et des albums, mais ce côté de recherche et d'innovation amène quelque chose d'autre. Je suis toujours partant pour essayer d'avancer dans le bon sens et de permettre d'aider, ne serait-ce qu'un tout petit peu, l'espèce humaine. 

 

 

Quelle est la place des personnes sourdes et malentendantes dans le développement de la technologie SoundX ?  

Nous sommes liés aux instituts à travers le monde. Ce sont les professeurs, les enfants, les élèves, qui nous aident à calibrer cette technologie depuis des années. Elle est utilisée dans des cours de paroles, de musique, dans les concerts. C’est quelque chose qui est grandement nourri par la communauté et qui l’est de plus en plus chaque jour, chaque semaine, chaque mois. La technologie apporte une vraie plus-value. 

 

Je suis entendant, je fais partie d’un cercle de producteurs qui fait constamment des enregistrements, j’ai une connaissance des fréquences, mais je n’avais pas connaissance de ce qu’il fallait pour la communauté sourde et malentendante. Mon but avec SoundX était de créer un outil qui pourrait s’adapter pour cette communauté et que les réglages soient faits par cette dernière. 

 

Cette technologie permet-elle à tous les publics de profiter de l’expérience d’un concert en même temps ? 

Exactement. Cela se déroule d’ailleurs en temps réel, sans aucune latence. C’est quelque chose qui a été rendu possible récemment notamment grâce à la puissance délivrée par les appareils Apple dotés de puces M1. Sans cela, nous ne pourrions pas pousser la technologie au maximum de ses capacités et nous ne pourrions pas opérer en temps réel pour les concerts. 

 

Plus jeune, vous avez vécu à Bombay, Hong Kong et Singapour. Dans quelle mesure votre parcours d’expatrié a-t-il influencé votre perception de la musique et cette envie d’universalité ? 

Ayant vécu dans beaucoup de pays différents, j’ai été exposé à tous les styles de musique. J’ai vécu et ressenti toutes les différences sociales et culturelles que l’on peut retrouver jusque dans la musique. En tant qu’expatrié, on baigne forcément dans la diversité absolue et j’ai toujours trouvé cela passionnant. Cela m’a toujours poussé à vouloir faire découvrir au public cette sublime diversité. Je pense que le fait de devoir m’adapter à chaque changement de pays a formé mon parcours et m’a inspiré dans ma carrière. 

 

Cette mentalité à l’international, je la dois au petit garçon que j’étais qui vivait sans arrêt dans plein de pays différents. Cela m’a toujours poussé à m’inspirer de la beauté de la France, de la façon de faire française - qui est très particulière - mais aussi de la beauté et des façons de faire de tous les pays où j’ai vécu. C’est toujours inspirant de voir les bons et les mauvais côtés des choses. 

 

 

Vous avez été au cœur de la rénovation des mythiques studios Miraval, qu’est-ce qui vous a poussé à accepter de vous lancer dans cette aventure ? 

Miraval a toujours été un studio absolument mythique. Tant d’artistes y ont enregistré des albums incroyables comme The Wall de Pink Floyd. Quand Brad (Pitt, ndlr) m’a proposé de diriger ce projet et de rénover le studio intégralement, je suis venu sur place et j’ai vu le potentiel immense du lieu qui était fermé depuis tant d’années. Mon rôle, au-delà de l’enregistrement d’albums, est aussi de préserver un héritage culturel, de faire en sorte de créer des choses nouvelles et que les grands albums des futures générations soient faits ici, dans ce sanctuaire. 

 

Le studio a ouvert depuis presque un an maintenant mais nous avons déjà des enregistrements incroyables et j’ai vraiment hâte que le monde les découvre. C’est toujours un moment passionnant de recevoir des artistes, de communiquer avec eux sur leur prochain album. Ce lieu est très spécial et ça a été très facile pour moi d’accepter et de créer une entreprise avec mon associé.