La proposition de loi visant à reconnaître et soutenir les entrepreneurs français a été adoptée par le Sénat. Une victoire pour les EFE mais aussi pour Alain Taieb, Conseiller du commerce extérieur et président d’EFE International, une structure lancée conjointement par les Chambres du commerce et de l’industrie (CCI) et les Conseillers du commerce extérieur (CCE).
Alain Taieb se réjouit. Les entrepreneurs français à l’étranger sont enfin reconnus par l’Etat français. La proposition de loi visant à reconnaître et soutenir les entrepreneurs français, rédigée par les sénateurs Evelyne Renaud-Garabédian et Jean-Pierre Bansard, a été adoptée par le Sénat. Une reconnaissance importante pour les EFE mais aussi pour le chef d’entreprise, qui a mené ce combat « nourri par mon expérience sur le terrain ». Alors que les prochains mois seront cruciaux pour identifier les EFE et définir le label qui les regroupera, Alain Taieb a répondu à nos questions.
Entrepreneurs français à l’étranger : enfin une reconnaissance pour les EFE ?
La proposition de loi visant à identifier et reconnaitre les Entrepreneurs Français à l’étranger a été adoptée au Sénat, comment vivez-vous cette reconnaissance du travail réalisé par EFE International ?
J’ai envie de dire que c'est un aboutissement mais le travail n'est pas fini. Il s’agit cependant d’une étape qui est psychologiquement très encourageante et vrai signal fort de l’Etat. Les secteurs public et privé ont travaillé dans une harmonie totale sur un sujet qui n'est pas évident pour les Français de l’étranger : la quête de reconnaissance. Pourtant 3 millions et demi de nos concitoyens vivent à l'étranger, créent des emplois et des richesses. Dans cette population, vous avez des retraités, des étudiants, des salariés qui travaillent dans des entreprises locales et puis vous avez ceux qui travaillent dans des entreprises qui appartiennent à des Français. On estime à 130.000, ces Français qui créent ainsi leur entreprise et emploient en moyenne trois personnes mais souvent bien plus. Les entreprises fondées par des Français à l’étranger génèrent des richesses et donc un lien économique avec la France, mais elles participent aussi à son rayonnement. L'architecte qui a fait ses études en France va nécessairement construire, dessiner en fonction des styles et des critères français. Lorsqu’il aura gagné un concours, il pourrait utiliser des entreprises françaises pour réaliser ce projet.
En tant que CCE et membre de l’UFE, je suis très impliqué dans la vie des Français de l’étranger et notamment des entrepreneurs français à l’étranger
Quel est l’intérêt de ce projet de loi pour les EFE ?
Ce projet de loi permet de les faire exister, tout comme cela a pu être le cas avec les ETI (entreprises de taille intermédiaire) lors de la Loi de Modernisation Economique en 2008. Ce statut leur a permis d’entrer dans le paysage économique français, d’être reconnues mais aussi entendues quant à leurs différents besoins.
En tant que CCE et membre de l’UFE, je suis très impliqué dans la vie des Français de l’étranger et notamment des entrepreneurs français à l’étranger. Je vois qu’il y a un vrai désarroi de nos compatriotes qui ne se sentent pas exister auprès des pouvoirs publics. La pandémie a été un vrai déclic. L’Etat s’est occupé des Français à l’étranger, les a aidés, les a rapatriés, mais il n’y avait aucun dispositif pour aider les entreprises françaises de droit local. J’ai été ravi d’entendre que le ministre Olivier Becht avait remercié EFE International, une initiative complètement privée, dans son discours. Nous sommes des entrepreneurs et nous avons su rebondir, être créatifs pour survivre et donner un nouvel élan aux entrepreneurs français à l’étranger. A l’heure actuelle, nous avons pu leur permettre de recevoir 50 VIE. Cette proposition de loi prouve que les secteurs privé et public peuvent travailler main dans la main.
L’idée est de s’en servir pour identifier les entreprises qui commercent avec la France et participent à son rayonnement économique et intellectuel
On ne connait pas encore les contours du label évoqué par la proposition de loi, qu’en attendez-vous ?
Nous sommes en train de travailler sur le sujet et notamment sur le nom de ce label. L’idée est de s’en servir pour identifier les entreprises qui commercent avec la France et participent à son rayonnement économique et intellectuel. Ce label sera évalué par un comité composé des chambres de commerces internationales et des Conseillers du commerce extérieur. Là encore, on nous fait confiance.
Je suis moi-même à la tête d’une entreprise française, le groupe Mobilitas, présent dans 98 pays et dont la direction opérationnelle a été reprise par Cédric Castro. Je suis fier aujourd’hui de pouvoir aider les entrepreneurs français mais aussi d’être entouré d’une relève formidable : Nicolas Retournard, CCE et patron d’une EFE en Allemagne, Frédéric Guiral, CCE au Japon et qui travaille notamment sur le financement des EFE ou encore Yves Bozzi, CCE et en charge de développer les services en France pour les EFE.
Les EFE veulent pouvoir s’agrandir, investir et innover
Aujourd’hui dans une économie post-pandémie, quels sont les défis auxquels font face les entrepreneurs français à l’étranger ?
Les entrepreneurs français à l’étranger ont souffert de la pandémie. Certains ont dû arrêter leur activité. Ceux qui ont survécu en sont ressortis plus forts. Aujourd’hui, nous avons tourné la page de la pandémie mais le nerf de la guerre reste le financement. Les EFE veulent pouvoir s’agrandir, investir et innover. Les Français de l’étranger ont un handicap car les banquiers ne veulent pas leur prêter d’argent. Nous sommes donc en train de travailler sur le sujet et nous souhaitons créer un fonds privé pour financer les entreprises les plus performantes. Nous sommes également en train de trouver des solutions que pour les entrepreneurs français à l’étranger puissent avoir des points d’ancrage en France pour leurs achats ou commandes.