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Laurent Saint-Martin : “La France peut faire beaucoup plus à l’international”

Lors d'un événement organisé par Business France à l'Ambassade de France au Royaume-Uni, sportifs et entrepreneurs se sont réunis pour discuter de la Coupe du Monde de Rugby 2023 et des Jeux Olympiques de 2024. Laurent Saint Martin, directeur général de Business France, a évoqué l'avenir et les défis de l'organisation. Il met en avant la “nécessité de transformer le savoir-faire de l'agence en faire-savoir.”

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Laurent Saint-Martin, directeur de Business France / Cdt : EP
Écrit par Ewan Petris
Publié le 3 juillet 2023, mis à jour le 4 juillet 2023

À l’aube du premier coup de sifflet de la coupe du monde de rugby 2023, en France, Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France revient sur les futures échéances de l’agence, les stratégies de développement de l'exportation française et l’intérêt des entrepreneurs tricolores à se lancer à l’international. 

 

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Cela fait 6 mois que vous êtes à la tête de Business France. Quels sont vos premiers bilans, constats et axes de travail ? 

Mon premier rapport d'étonnement est que la France peut faire beaucoup plus à l'international. Il y a encore un terrain de jeu qui est phénoménal au niveau des investissements, alors que pour la quatrième année consécutive, la France est leader européen en termes d'investissements directs étrangers. 

Du côté de l'export, je suis convaincu qu'il y a encore beaucoup à faire pour porter nos PME (Petites et Moyennes Entreprises) à l'international. Il y en a une myriade qui n'osent pas s’exporter, considérant que ce n'est pas pour elles. Or ce grand mal français peut en vérité être leur rebond, leur salut. Elles y découvrent des horizons, qui vont être beaucoup plus que de simples clients additionnels. Les résultats sont tout de même encourageants sur le bilan 2022 avec 144.400 entreprises exportatrices en France. 

 

Nous avons 75 bureaux dans 55 pays, plus de 50 nationalités qui connaissent les marchés et les pays étrangers

 

Quelle est la stratégie prévue par Business France pour se faire connaître davantage et encourager les entreprises françaises à se tourner vers l'exportation ?

Business France a une très forte valeur ajoutée qui est parfois trop méconnue des entreprises. Ainsi, il y a aussi un enjeu de “faire-savoir”. J'ai été conforté dans le savoir-faire des collaborateurs. Nous avons 75 bureaux dans 55 pays, plus de 50 nationalités qui connaissent les marchés et les pays étrangers. Les taux d'impact et de satisfaction sont très bons et il faut continuer à aller vers plus d'exportations, en diversifiant nos outils d'accompagnement.

Il faut maintenant utiliser ce que j'appelle la stratégie du mégaphone : bombarder d'information les chefs d'entreprise en France pour leur faire comprendre que ne pas se lancer dans l'exportation représente une énorme perte d'opportunités.

 

Un tiers de l'export français est permis via des investissements internationaux

 

Nous savons le plan de réindustrialisation important pour vous. Mais est-ce que ce plan donne la priorité à l'attractivité au détriment d'une politique d'exportation ?

Les deux se nourrissent. Un tiers de l'export français est permis via des investissements internationaux. Ainsi, plus vous parvenez à attirer des capitaux étrangers, plus vous renforcez votre potentiel d'exportation et votre capacité à réindustrialiser votre pays. La France est d'abord un pays qui a dégradé sa balance commerciale à cause de la désindustrialisation. Le plan France 2030, mis en place par le gouvernement, est une brique majeure de la réussite.

Personnellement je n'ai pas de corps d'origine entre politiques d'exportation et d'attractivité, donc je ne privilégie pas un métier ou un autre. Je veux que la transversalité des deux notions soit au cœur de l'agence car les deux sont interdépendants. Aujourd'hui, il y a eu un énorme effet de rattrapage sur l'attractivité en France et Business France y a joué un rôle considérable.

 

La France reste un pays avec une balance excédentaire vis-à-vis du Royaume-Uni

 

Quel est l'état de la relation commerciale bilatérale entre la France et le Royaume-Uni, depuis le cadre restreint du Brexit ? 

Nous subissons encore les conséquences du Brexit, mais cela ne nous a pas empêché de poursuivre une dynamique commerciale intéressante. La France reste un pays avec une balance excédentaire vis-à-vis du Royaume-Uni (à peu près 5,5 milliards), avec des secteurs phares comme l'aéronautique, l'automobile, la pharmacie ou encore l’agriculture.

Par contre, le Brexit a amené un certain nombre de défis comme pour le V.I.E (Volontariat International en Entreprise). Typiquement, le Brexit nous place dans une réglementation qui complexifie les visas pour les V.I.E ,alors qu’ils sont extrêmement utiles pour les entreprises françaises. Il faut aussi rappeler aux entreprises qui ont dû s'arrêter ou ralentir sur le marché local, de revenir; car le marché anglais reste porteur.

 

Je pense qu'il y a un effort de communication à faire auprès des jeunes

 

En parlant des V.I.E, le programme va-t-il évoluer ? 

Oui. D'abord, nous sommes revenus à nos échelles pré-covid (10.000 V.I.E, ndlr). Les premiers postes employés pendant le covid commencent à rentrer et libérer des postes. Nous pouvons faire plus, notamment avec les grandes entreprises mais aussi les PME. Je pense qu'il y a un effort de communication à faire auprès des jeunes. Avant il y avait 8000 CV par poste. Nous ne pouvons pas dire que le système ne marche pas, mais il mérite d'être davantage connu. À ce titre, nous allons fêter le 100.000ᵉ VIE de l'histoire, le 10 octobre. Enfin, il y a un effort à faire aussi dans la diversification du milieu, avec un accent sur les BTS. Pour eux aussi, l'expérience à l'étranger faciliterait la mobilité.

 

Le Volontariat International en Entreprise se donne une nouvelle vie au Royaume-Uni

 

 

Êtes-vous intéressé par le développement des Entrepreneurs Français à l'Étranger (EFE), notamment suite à la proposition de loi adoptée au Sénat ?

Ces entreprises étrangères par définition font partie de la communauté française à l'étranger. Il faut cependant juger si l’EFE est intéressant en matière d’affaires et s’il a vocation à encourager le commerce bilatéral. À mon avis, il faudrait identifier ce qu'on ne fait pas aujourd'hui : les EFE qui importent des produits français. Il faut se focaliser sur les expatriés, dont la spécialité est d'apporter des produits de notre territoire, pour le marché local. 

 

Nous allons promouvoir la marque France et promouvoir le business entre la France et les autres pays.

Envisagez-vous de tirer parti d'événements sportifs tels que la Coupe du Monde de rugby et les Jeux Olympiques de 2024 pour promouvoir la marque France ?

Absolument. Nous allons promouvoir la marque France et promouvoir le business entre la France et les autres pays. Pour la Coupe du monde de rugby, nous allons installer dans chaque ville hôte de match des “Business France Rugby Clubs” où nous créerons de la connexion business entre équipe et entreprises des différents pays. Nous le faisons avec les agences régionales de développement qui nous soutiennent. Aujourd'hui, nous comptons sur la région sud (PACA, ndlr), Pays de la Loire et Hauts de France. 

Les Jeux Olympiques et paralympiques de 2024 sont un autre format car les réseaux business sont un peu différents. Étant donné la période estivale, il faut imaginer un business au fil de l'eau. Les grands événements sportifs en France restent de toute façon des opportunités pour créer du business bilatéral et multilatéral.