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Préy Lang, sanctuaire fragile des gibbons à favoris blancs

Une étude révèle qu’environ 12 000 gibbons à favoris blancs vivent dans la forêt de Préy Lang. Un chiffre encourageant, mais qui masque des menaces bien réelles sur leur habitat.

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Photo : Wild Earth Allies Report
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 22 juillet 2025

Une population en danger mais encore bien présente

La forêt de Préy Lang, dans le nord du Cambodge, abriterait environ 12 000 gibbons à favoris blancs, selon une étude menée par l’ONG Wild Earth Allies en partenariat avec le département de l’environnement de Stung Treng et la communauté autochtone Kuy.

Ce chiffre fait de ce sanctuaire l’un des derniers bastions mondiaux pour cette espèce en danger.

« Préy Lang n’est pas seulement important pour le Cambodge – c’est l’un des derniers refuges pour les gibbons à favoris blancs dans le monde », explique Neang Thy, responsable de la conservation pour l’ONG.

En cinquante ans, près de la moitié de ces gibbons ont disparu. Sur les quelque 47 000 individus recensés aujourd’hui, plus des deux tiers vivent au Cambodge.

Un précédent recensement, il y a vingt ans, en dénombrait 10 000 à Préy Lang. Ce nouveau chiffre confirme que Préy Lang reste un habitat essentiel pour l’espèce.

Les gibbons à favoris blancs (Hylobates pileatus) sont des primates arboricoles, endémiques d’Asie du Sud-Est, principalement présents au Cambodge, en Thaïlande et au sud du Laos. De taille moyenne, ils se distinguent par leur pelage noir chez les mâles et beige chez les femelles, tous deux arborant une bande de poils blancs caractéristiques autour du visage. C’est une espèce strictement frugivore et dépendante de la canopée. Le gibbon à favoris blancs est classé en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en raison de la perte rapide de son habitat forestier et du braconnage. 

Une forêt riche, vitale pour les gibbons et les humains

Le rapport souligne le rôle clé de l’écosystème végétal de Préy Lang. Il fournit aux gibbons une alimentation variée et soutient aussi les moyens de subsistance des populations locales, notamment les Kuy.

Les gibbons y consomment des fruits, feuilles et fleurs issus de plusieurs espèces de plantes, dont 49 arbres et 13 lianes.

« Les fruits sont les plus consommés, issus de 52 espèces différentes », précise l’étude. En les mangeant, les gibbons participent aussi à la dispersion des graines.

Plus de 80 % des plantes qu’ils consomment sont également utilisées par les Kuy pour se nourrir, se soigner ou générer des revenus.

Une protection encore fragile

Malgré ces résultats positifs, le rapport souligne que les menaces persistent. Le sanctuaire, pourtant protégé depuis 2016, subit encore des coupes illégales de bois, en particulier de grands arbres anciens comme les diptérocarpacées.

« La coupe des grands arbres ouvre des brèches dans la canopée, ce qui gêne les déplacements des gibbons et limite leur accès à la nourriture », souligne le rapport.

Agir localement pour préserver durablement

Au-delà du constat, l’étude appelle à une action concrète.

« Protéger ces gibbons ne suffit pas : il faut investir dans la conservation sur le long terme et collaborer avec les communautés locales », insistent les auteurs.

Deux pépinières forestières ont déjà été mises en place avec les Kuy. Elles peuvent produire jusqu’à 20 000 plants d’espèces locales, pour restaurer les zones dégradées.

L’ONG accompagne également des initiatives communautaires : revalorisation des produits forestiers non ligneux, ou encore projets d’écotourisme autour des gibbons.

Enfin, un système de suivi à long terme est en cours de développement avec le ministère de l’Environnement et les Kuy, pour mieux comprendre l’évolution des populations et de leur habitat.

« On en est encore aux débuts. Plus on comprendra la vie de ces gibbons, mieux on pourra les protéger », conclut le rapport.


Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui nous permet d'offrir cet article à un public francophone.

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