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Le récit des familles cambodgiennes sous les frappes des jets thaïlandais

Sous les survols de chasseurs thaïlandais, des milliers d’habitants de Poipet et O’Chrov fuient en urgence. Témoignages de familles déracinées et plongées dans l’incertitude.

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Des civils ont décidé de se réinstaller dans le camp de déplacés du marché de Chamka Ta Doak le 10 décembre après que des avions de combat thaïlandais ont survolé leur campement. Photo de Sao Phal Niseiy.
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 11 décembre 2025

Des habitants de Poipet et d’O’Chrov racontent la panique qui les a saisis lorsque des avions de chasse thaïlandais ont survolé leurs maisons avant de frapper des zones résidentielles voisines.

Noum Ny, 64 ans, originaire du village de Prey Prech, dans la commune d’O’Chrov, a rejoint le centre de déplacés du marché Chamka Ta Doak le 10 décembre.
« Je n’ai pas osé rester chez moi parce que j’ai vu des avions de chasse passer au-dessus de ma tête. J’étais terrifiée », dit-elle.

Selon elle, les tirs venus de Thaïlande se poursuivent depuis plusieurs jours et se sont intensifiés dans la matinée. Les explosions avaient jusque-là frappé près de son village, mais l’apparition des jets l’a poussée à partir.
« Il y avait des grondements d’explosions mais nous pouvions encore rester. Mais quand un avion de chasse est passé, je n’ai plus pu. La seule option était de fuir », raconte-t-elle.

Une fuite en urgence, sans ressources

La plupart des villageois étaient déjà partis lorsque sa fille l’a suppliée de quitter les lieux avec ses petits-enfants.
« Mes deux petits-enfants sont venus avec moi. L’un a 14 ans, l’autre 12. Ils sont tous les deux en sixième », précise-t-elle.

Mais rejoindre le centre n’a pas mis fin aux difficultés. Atteinte d’une maladie chronique et sans argent, elle se retrouve dans l’incertitude la plus totale.
« Je ne sais pas où dormir ce soir », confie-t-elle en partageant un repas tardif, vers 17 h, offert par une famille voisine.

Chamka Ta Doak, situé dans le district de Mongkul Borey, est devenu l’un des plus grands centres d’accueil du moment, hébergeant plus de 10 000 personnes, majoritairement venues de Poipet et d’O’Chrov.

 

La famille Man Pich a deux enfants qui ont fui leur maison dans le village de Prey Prech le 10 décembre. Photo de Sao Phal Niseiy.

La famille Man Pich a deux enfants qui ont fui leur maison dans le village de Prey Prech le 10 décembre. Photo de Sao Phal Niseiy.

 

Solidarités précaires

Man Pich, 52 ans, voisin de Ny, héberge la grand-mère et ses petits-enfants au centre de déplacés. Il connaît ses difficultés et tente de l’aider malgré la précarité.
Lui aussi a fui à cause des avions. « Nous ne voulons pas quitter notre maison. Mais quand ils ont utilisé des avions de chasse au-dessus de nos têtes, nous avons eu peur. Et s’ils larguaient des bombes ? Nous ne pouvions pas prendre le risque, à cause des enfants », explique-t-il.

« Si nous n’avions pas beaucoup d’enfants, nous aurions pu essayer de rester », ajoute-t-il.

Pour l’heure, sa famille continuera de soutenir Ny, en espérant un retour rapide au calme.

Un conflit qui s’intensifie

Le ministère de la Défense nationale a indiqué que le 10 décembre, des avions thaïlandais avaient survolé des zones résidentielles à Poipet et largué deux bombes à Svay Chek. Les affrontements, entrés dans leur quatrième jour, ont provoqué des déplacements massifs dans cinq provinces frontalières, forçant plus de 100 000 personnes à quitter leur foyer.

Selon le ministère, au moins sept civils ont été tués par les bombardements et plus de vingt blessés, alors que les hostilités se poursuivent sans signe d’apaisement.


Avec l’aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction de cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.
 

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