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Sala Baï : cinq ans après, l’impact durable d’une école pas comme les autres

Cinq ans après leur formation, les diplômés de Sala Baï à Siem Reap travaillent, progressent et soutiennent leurs familles. Une étude révèle l’impact durable de cette école hôtelière pas comme les autres.

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Photo fournie
Écrit par Raphaël FERRY
Publié le 27 novembre 2025, mis à jour le 29 novembre 2025

Depuis 2002, Sala Baï forme chaque année environs 150 jeunes Cambodgiens issus de familles très modestes, souvent vivant avec moins de 1 000 dollars par an. Créée par l’ONG Agir pour le Cambodge, l’école est née d’une idée simple : offrir à des jeunes sans perspectives une formation professionnelle gratuite et concrète dans l’hôtellerie.

À Siem Reap, ces étudiants âgés de 17 à 23 ans apprennent pendant un an les métiers de la cuisine, du service, de la réception, du housekeeping ou du spa. Pour beaucoup, c’est leur premier véritable cadre d’apprentissage. Et dès leur arrivée, tout est pris en charge : logement, repas, uniformes, soins de santé et même un vélo pour se rendre en stage.

L’école accueille majoritairement des jeunes femmes — 70 % des élèves — afin de répondre aux inégalités d’accès à l’éducation qui restent importantes. À la fin de la formation, les diplômés obtiennent des certifications officielles reconnues au Cambodge et dans l’ASEAN .

Une étude qui suit les diplômés cinq ans après

En novembre 2025, une étude menée par Rapid Universal s’est intéressée à 205 anciens élèves formés il y a plus de cinq ans, à Siem Reap, Phnom Penh et Sihanoukville. L’objectif : mesurer l’évolution de leur vie professionnelle et de leurs conditions de vie, longtemps après la sortie de l’école.

Les auteurs de l’étude résument les choses simplement : « les effets de la formation sont durables, visibles, et continuent de se faire sentir des années après la fin du programme » .

Un emploi trouvé… et conservé

Le premier enseignement est clair : 97 % des personnes interrogées ont un emploi aujourd’hui. La très grande majorité travaille dans des postes qualifiés ou semi-qualifiés, loin de la précarité qu’elles connaissaient avant leur arrivée à l’école.

Le revenu moyen atteint désormais 950 dollars par mois, avantages compris — un changement majeur pour ces jeunes et leurs familles. « La formation ouvre des portes, mais surtout elle donne les moyens de progresser ensuite », souligne le rapport .

 

un élève apprend le métier de cuisinier . Photo Salabaï
un élève apprend le métier de cuisinier . Photo Salabaï

Un lien durable avec l’hôtellerie

Cinq ans après la sortie de l’école, 78 % des diplômés évoluent toujours dans le secteur hôtelier. Pour beaucoup, ce n’est pas seulement un emploi, mais un parcours qui s’est construit au fil des années : montée en compétence, responsabilités croissantes, parfois même un premier rôle de supervision ou d’encadrement .

Un soutien direct aux familles

L’étude rappelle aussi que l’impact ne s’arrête pas au seul diplômé. 78 % des anciens contribuent financièrement à soutenir leur famille. Pour des foyers vivant autrefois sous le seuil de pauvreté, ce revenu stable constitue souvent un tournant.
« Les changements observés touchent plusieurs générations », note l’étude .

L’écart de genre persiste

L’enquête met toutefois en lumière un point de vigilance : les femmes diplômées gagnent en moyenne 22 % de moins que les hommes. L’écart apparaît au fil de la carrière, signe que les femmes accèdent moins souvent à des postes de management. Une inégalité qui dépasse le cadre de Sala Baï, mais que l’école pourrait contribuer à réduire via un accompagnement renforcé .

Quelles pistes pour aller plus loin ?

L’étude recommande de continuer à renforcer l’accompagnement des diplômés, en particulier dans l’évolution de carrière, afin de leur permettre d’accéder plus facilement à des postes à responsabilité. L’ouverture de stages à l’international, la consolidation des compétences linguistiques et l’implication accrue des anciens élèves dans le mentorat des nouvelles promotions sont autant de pistes qui pourraient élargir leurs horizons. L’enjeu des prochaines années sera aussi de mieux soutenir les jeunes femmes dans leur progression professionnelle, afin de réduire les écarts qui apparaissent au fil du temps.

Vingt ans après sa création, Sala Baï continue d’exercer une influence directe sur la vie de centaines de jeunes chaque année.

 

un élève apprend le métier
70 % des élèves de Salabaï sont des jeunes femmes

 

L’étude confirme ce que beaucoup observent déjà sur le terrain : une formation solide engendre un premier emploi rapide, puis une progression qui transforme durablement les trajectoires individuelles et familiales. Dans un Cambodge en plein essor touristique, l' école reste l’un des lieux où se construit, concrètement, la mobilité sociale des plus vulnérables

Pour en savoir plus : le site de Salabaï

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