Le Krama, tissu traditionnel khmer souvent porté en pagne ou en écharpe, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité ? Ce tissu, riche en associations culturelles, joue un rôle central dans la vie quotidienne des Khmers à la ville et encore plus à la campagne
La dix-neuvième session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel se tiendra du 2 au 7 décembre à Asuncion, au Paraguay. C'est lors de cette session que les décisions seront prises.
Histoire et fabrication du krama
Bien que les origines précises du krama soient floues, des preuves archéologiques suggèrent que le krama était déjà présent durant la période pré-Angkorienne, entre le Ier et le Ve siècle de notre ère. Ce tissu a évolué au fil du temps et est devenu un symbole national du Cambodge.
Traditionnellement, le krama est fabriqué à partir de coton ou de soie, souvent teint avec des colorants naturels. La production implique un processus minutieux de tissage à la main sur des métiers à tisser artisanaux. Les motifs typiques du krama incluent des carreaux rouges et blancs ou bleus et blancs, bien que d'autres variations de couleurs soient désormais disponibles.
Véritable couteau suisse cambodgien
Véritable couteau suisse cambodgien, le krama est utilisé dans presque tous les aspects de la vie quotidienne. Il peut servir de pagne et d’écharpe bien sûr, mais aussi de couverture, de couvre-chef, de ceinture, de baluchon, de tissu décoratif, de hamac pour les enfants. Il peut aider à monter au cocotier, servir à tracter des remorques… La liste ne saurait être exhaustive et nous vous invitons à écrire en commentaire les usages de ce tissus les plus improbables dont vous avez été témoin.
Symbolisme Culturel
Le krama n'est pas seulement un vêtement ; il représente également l'identité culturelle cambodgienne. Il est souvent associé à des événements importants tels que les mariages, les naissances et les cérémonies religieuses. En outre, son utilisation a été marquée par l'histoire tumultueuse du Cambodge, notamment durant l'ère des Khmers rouges, où certaines couleurs ont pris une connotation politique.
Un record mondial
En juillet 2018, un krama a été inscrit dans le Livre Guinness des records comme étant la plus longue écharpe du monde. Des tisserands issus de 20 villages ont mis plus de cinq mois à créer cette pièce mesurant plus d’un kilomètre de long (1 149,8 m) pour 88 cm de large .
Demande d'inscription auprès de l'UNESCO
Le ministère cambodgien de la Culture et des Beaux-Arts a soumis en mars 2023 des informations sur l'histoire et l'utilisation du krama à l'UNESCO, demandant son inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Aujourd'hui, le krama continue d'être un symbole vivant de la résilience et de l'héritage culturel cambodgien. Que ce soit dans les zones urbaines ou rurales, cet accessoire reste un élément fondamental de la vie quotidienne au Cambodge, témoignant d'une tradition qui perdure à travers les générations.
Autres éléments inscrits par le Cambodge
Actuellement, plusieurs art et artéfacts cambodgiens figurent déjà sur la liste de l'UNESCO avec plusieurs éléments : le ballet royal cambodgien et le sbek thom, ou théâtre d'ombre khmer, inscrits en 2008 ; les rituels et jeux de tir à la corde en 2015 ; le chapei dang veng en 2016 ; le lkhon khol wat svay andet en 2018 ; ainsi que les arts martiaux traditionnels kun lbokator en 2022.