A Bamako, la capitale du Mali, une école s'appelle le Complexe Scolaire Samdech HUN SEN . Une école dans un pays d'Afrique de l'Ouest qui porte le nom du premier ministre cambodgien ? Oui, vous avez bien lu. Ce projet unique est le fruit d'une collaboration humanitaire entre le Cambodge et le Mali.
L'école a été fondée par Eva Mysliwiec, une humanitaire américaine qui a passé 30 au Cambodge.
La première fois qu'elle est venue au Cambodge, c'était au début des années 1980 pour ce qui était censé être une visite de trois mois. Elle a fini par passer 30 ans dans le pays, au cours desquels elle s'est impliquée dans l'éducation et le développement par le biais d'ONG. Au début des années 1990, elle a lancé le Cambodia Development Resource Institute (CDRI), un groupe de réflexion sur la recherche en matière de politique de développement. Puis, en 2005, elle a fondé Youth Star Cambodia pour, comme il est indiqué sur le site web de l'ONG, "donner aux jeunes Cambodgiens les moyens, en tant que volontaires, d'améliorer la qualité de vie des communautés vulnérables par l'éducation et la participation civique."
La participation de Hun Sen au financement de l'école
En 2012, Mysliwiec a décidé de retourner travailler pour la cause dans laquelle elle s'était engagée avant de venir au Cambodge : l'éducation des filles au Mali. Et elle a eu l'idée de créer une école à Bamako.
Comme elle connaissait personnellement le Premier ministre Hun Sen - elle avait notamment obtenu la nationalité cambodgienne en reconnaissance de son travail dans le pays - elle a rencontré le Premier ministre pour lui annoncer qu'elle partait travailler sur ce projet à Bamako.
"Et c'est à ce moment-là qu'il a proposé d'aider à financer l'école", a déclaré Mysliwiec dans une interview. "Le Premier ministre Hun Sen était vraiment fier d'être dans une position où il pouvait aider les autres : Il s'est toujours préoccupé de l'éducation."
Construit en 2013, le complexe scolaire Samdech Hun Sen a été inauguré en 2014. Avec 60 élèves et uniquement des classes de primaire au départ, l'école dispense aujourd'hui un enseignement jusqu'à la dernière année de lycée à environ 440 élèves. "Et 51 % d'entre eux sont des filles", a souligné Mme Mysliwiec.
L'école est maintenant autosuffisante
Initialement financée par l'aide du Cambodge, qui a permis la construction des bâtiments en une seule fois, l'école est un établissement privé qui ne dépend plus de financements extérieurs, a-t-elle précisé. "Nous sommes fiers d'être autosuffisants depuis 2018... nous ne dépendons d'aucune ONG : Nous avons deux actionnaires, et nous couvrons nos frais.
Nous gérons même une petite marge que nous utilisons pour donner des bourses aux filles qui ne peuvent pas payer les frais de scolarité
a déclaré Mysliwiec.
Car pour fréquenter cette école privée, les élèves doivent payer des frais. "Nous devons effectivement couvrir nos dépenses", a-t-elle expliqué. "Mais nous maintenons le prix à un niveau modeste, et il y a une réduction pour les familles de plus de trois enfants".
Un peu de Cambodge au Mali
Chaque matin, deux drapeaux nationaux sont hissés au sommet de l'école : le drapeau du Mali et celui du Cambodge. Selon Mysliwiec, la présence du Cambodge est un élément important de l'école. "Les élèves suivent chaque année un cours spécifique sur l'histoire du Cambodge", dit-elle. "Le Mali et le Cambodge ont beaucoup en commun : ce sont tous deux des [pays] agricoles, tous deux ont été de grands empires dans le passé... Les élèves connaissent le Cambodge et corrigent même leurs parents lorsqu'ils prononcent mal 'Samdech' dans le nom de l'école."
Des cours en Français et une initiation à la participation
Les cours à l'école sont dispensés en français, qui est la langue officielle du pays. "C'est aussi un outil pour unir à travers une même langue toutes les différentes ethnies [du pays] : une diversité représentée par nos élèves".
"L'objectif de l'école est de donner aux enfants une bonne et solide base", a déclaré Mme Mysliwiec. "Nous visons à former des citoyens conscients qui apporterons à leur société." Pour aider à développer la conscience civique des élèves, l'école a mis en place un "gouvernement des enfants" qui consiste à voter chaque année pour élire des étudiants aux différents postes de ministres. "De cette façon, ils apprennent ce qu'est la démocratie et comment elle fonctionne de manière réaliste", a déclaré Mme Mysliwiec, qui dirige toujours l'école qu'elle a créée.
Outre le fait que l'école est reconnue au niveau national pour sa qualité et qu'elle jouit d'une bonne réputation, ses étudiants remportent souvent des prix académiques et certains d'entre eux ont obtenu des bourses pour poursuivre leurs études à l'étranger.
L'histoire du Complexe Scolaire Samdech HUN SEN, qui est une rare histoire d'entraide entre deux pays émergents, continue.
Nicolò Tissier
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.
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