Malgré l’appel lancé lundi par l’ASEAN en faveur d’un cessez-le-feu immédiat, les combats se sont poursuivis tout au long de la journée du 22 décembre dans plusieurs zones frontalières cambodgiennes, touchant à nouveau des secteurs habités.


Selon le ministère cambodgien de la Défense nationale, l’armée thaïlandaise a continué de bombarder des zones résidentielles, notamment dans le secteur de Toul Pongro, commune d’O’Russey, à Poipet, dans la province de Banteay Meanchey. À 17h25, des obus tombaient encore à proximité immédiate d’habitations.
Plus tôt dans la journée, trois tirs de lance-grenades M79 auraient visé des maisons civiles dans le même secteur, peu avant la tenue à Kuala Lumpur de la réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN consacrée au conflit.
Oddar Meanchey et Preah Vihear également touchées
Lors d’un point presse tenu lundi après-midi, la porte-parole du ministère de la Défense, Maly Socheata, a indiqué que les forces thaïlandaises poursuivaient leurs opérations militaires depuis seize jours.
Elle a précisé que des bombardements visaient plusieurs zones des provinces d’Oddar Meanchey et de Preah Vihear, notamment Tathav, Ta Moan Thom, Phnom Kmouch et Koul 8, ainsi que des secteurs de Banteay Meanchey et Battambang. Des villages du district de Sampov Lun et de la ville de Poipet auraient également été touchés par des tirs d’artillerie, des drones armés et des échanges de coups de feu.
« Ces actes brutaux constituent des attaques indiscriminées de l’armée thaïlandaise, en violation grave du droit international humanitaire », a déclaré Maly Socheata.
Un bilan humain en hausse
Le ministère de l’Intérieur a indiqué qu’au 22 décembre, le bilan faisait état de 20 civils tués et 79 blessés. Plus de 525 000 personnes ont été évacuées, dont près de 275 000 femmes et plus de 167 000 enfants, conséquence directe de l’intensification des combats le long de la frontière.
L’ASEAN appelle à un retour au dialogue
Réunis à Kuala Lumpur, les ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN ont exprimé leur vive préoccupation face à la poursuite des hostilités et à leurs conséquences humanitaires. Dans un communiqué conjoint, ils ont exhorté le Cambodge et la Thaïlande à faire preuve de la plus grande retenue et à prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux combats.
Les ministres ont rappelé la nécessité de mettre en œuvre pleinement la déclaration conjointe du 26 octobre et l’accord de cessez-le-feu du 28 juillet, négociés sous l’égide du Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, avec le soutien des États-Unis, de la Chine et des États membres de l’ASEAN.
Une réunion du Comité général des frontières doit se tenir le 24 décembre afin de discuter des modalités de mise en œuvre et de vérification du cessez-le-feu.
Pressions diplomatiques internationales
Alors que la réunion se déroulait, le ministère cambodgien de la Défense a affirmé que des frappes aériennes menées par des F-16 thaïlandais avaient visé la cinquième région militaire, notamment dans la province de Banteay Meanchey, quelques heures seulement avant l’ouverture des discussions.
Le ministre cambodgien des Affaires étrangères, Prak Sokhonn, a pris part à la réunion afin d’exposer la situation sur le terrain, alors que les États-Unis, l’Union européenne, la Chine et plusieurs partenaires internationaux appellent à un arrêt immédiat des hostilités et au retrait des armes lourdes.
« Nous saluons la mobilisation des dirigeants de l’ASEAN pour aider les deux pays à honorer pleinement leur engagement à mettre fin à ce conflit », a déclaré Tommy Pigott, porte-parole adjoint du département d’État américain.
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