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Ariane Chapelle : l’autrice qui relie littérature et solidarité avec le Cambodge

Le Petit Journal Cambodge a rencontré Ariane Chapelle, autrice belgo-britannique de littérature jeunesse, en voyage au Cambodge pour la première fois. En tournée littéraire et caritative, elle revient sur les faits marquants de son voyage. Après une brillante carrière dans la gestion des risques à Londres et à Bruxelles, Ariane a choisi de se consacrer à l’écriture — un virage guidé par le désir de transmettre des valeurs d’imagination, de courage et de bienveillance aux jeunes générations.

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Les enfants du Centre EKL assistent à un atelier de lecture. Photo EKL
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 20 décembre 2025

En visite au Cambodge du 25 novembre au 3 décembre 2025, l’autrice Ariane Chapelle a présenté ses livres pour enfants et son engagement auprès de l’ONG Enfants de Klang Leu (EKL).

« L’envie de raconter, de créer des univers et de transmettre des valeurs de courage et de persévérance aux jeunes lecteurs s’est imposée naturellement. »

LePetitJournal : Ariane, comment passe-t-on du monde de la finance à la littérature pour enfants ?


Ariane Chapelle : J’ai travaillé de nombreuses années dans la finance et la gestion des risques — d’abord comme universitaire, puis comme enseignante et consultante spécialisée. Ce monde m’a offert de nombreuses expériences d’écriture et de transmission. Il y a quelques années, mon fils m’a déclaré : « Maman, tu devrais plutôt écrire des livres pour enfants ». Je le lui ai promis, et cette expérience m’a donné le goût de me dédier entièrement à l’écriture créative, après de nombreuses publications professionnelles. L’envie de raconter, de créer des univers et de transmettre des valeurs de courage et de persévérance aux jeunes lecteurs s’est imposée naturellement.

LPJ : Le site Lovereading4Kids décrit votre roman comme “une enquête pleine de mystère menée par des enfants débrouillards”. Comment résumeriez-vous vous-même l’histoire de ce premier ouvrage ?


A.C: Tempête mène l’enquête raconte l’histoire de Tempête, 11 ans, jeune fille intrépide, et de son petit frère Wallace, qui sauvent un chaton et décident de le garder en secret… jusqu’à sa disparition. Tempête mène alors l’enquête, entraînant son frère dans une aventure pleine de mystère et de rebondissements. L’esprit du livre s’inspire beaucoup de mes lectures d’enfance : les aventures du Club des Cinq ou Alice détective. J’avais envie de retrouver cette énergie-là : des enfants courageux, curieux, qui mènent l’aventure avec cœur.

LPJ : Sur la 4ᵉ de couverture, vous précisez que Tempête mène l’enquête reverse tous ses bénéfices à l’association Enfants de Klang Leu. Quel est votre lien avec le Cambodge, et qu’est-ce qui vous a donné envie de soutenir ce pays à travers votre premier roman ?


A.C : J’ai découvert le travail de l’ONG Enfants de Klang Leu (EKL) grâce à mon amitié avec Fabienne Hankard, qui en est la vice-présidente. Fabienne m’a accompagnée dans l’écriture du livre : elle a relu et questionné mes premières pages, et nos échanges littéraires s’entremêlaient souvent avec ce qu’elle vivait au sein de l’association. J’ai été touchée par la force de son engagement en faveur des plus vulnérables. Grâce à EKL, 60 enfants ont accès à une éducation de qualité, une alimentation équilibrée et près de 300 membres de leur famille sont soutenus. Alors, quand Tempête mène l’enquête a vu le jour, j’ai voulu qu’il soit plus qu’une histoire : qu’il devienne un pont entre la lecture et l’action solidaire. Les bénéfices du livre soutiennent aujourd’hui les programmes éducatifs d’EKL.

LPJ : Nous avons parcouru votre actualité : vous avez couru pour collecter des fonds pour la National Society for the Prevention of Cruelty to Children (NSPCC), et vous venez d’organiser une vente aux enchères au profit d’EKL. Votre engagement prend plusieurs formes.
A.C : La cause des enfants me tient profondément à cœur, et j’ai levé des fonds et soutenu plusieurs ONG britanniques qui défendent la cause des mineurs. C’est dans cette même continuité que je soutiens aujourd’hui les enfants vulnérables de Klang Leu, qui sont devenus, à ce jour, mon cheval de bataille. Je suis heureuse d’avoir pu collecter des fonds par mon réseau professionnel, mais j’aimerais en étendre l’action. Ce mois de décembre, je mobilise mes plateformes pour soutenir l’année scolaire à EKL, et j’invite vos lecteurs à participer à cette collecte. Leur contribution peut faire une réelle différence pour la vie et l’avenir des enfants.

Un premier livre pour les enfants cambodgiens

« Les enfants cambodgiens m’ont profondément touchée par leur chaleur et leur joie de vivre. »

LPJ : Votre passage à Klang Leu reste un des points importants de ce premier voyage au Cambodge. Quelles sont vos ressentis ?


A.C : Sihanoukville elle-même est une ville de contrastes saisissants : des tours lumineuses côtoient des quartiers très précaires. Cette coexistence rend encore plus visibles la vulnérabilité de nombreuses familles, celles que le système laisse trop facilement de côté. J’ai adoré pouvoir échanger directement avec les enfants et les familles. Grâce au personnel local magnifique du centre, qui assure la traduction, j’ai pu animer des ateliers de lecture et d’écriture créative. Les enfants cambodgiens m’ont profondément touchée par leur chaleur et leur joie de vivre. Pendant mes ateliers, je leur ai proposé d’écrire leur propre version de l’histoire — une manière ludique de leur faire découvrir le travail d’autrice. Je leur ai montré mes carnets, mes notes, les différentes étapes de création. Nous avons aussi discuté des illustrations du livre. En fonction de l’âge des enfants, ces échanges se terminaient en séance de coloriage ou en atelier créatif.

 

Les élèves de ISPP participent à un atelier d’écriture animé par Ariane Chapelle

Les élèves de ISPP participent à un atelier d’écriture Photo EKL

LPJ : Votre héroïne évolue dans un univers confortable et sécurisé. Comment conciliez-vous cette fiction avec la réalité, beaucoup plus fragile, des enfants de Klang Leu ?


A.C : Oui, vous avez raison dans une certaine mesure. Tempête grandit dans un environnement stable, avec deux parents, alors qu’à Klang Leu, beaucoup d’enfants vivent en situation de monoparentalité. Elle va à l’école, elle a tout ce dont elle a besoin, alors que pour les familles de Klang Leu, chaque rentrée scolaire est un défi : trouver les moyens d’acheter le matériel, les uniformes et les chaussures. Et puis, Tempête ne manque de rien pour se nourrir, tandis que les enfants du centre dépendent largement des repas offerts par EKL : sans eux, ils ne mangeraient qu’une fois par jour. Les contrastes sont réels, je ne les ignore pas.
Pour la version khmère du livre — en cours d’élaboration avec l’équipe locale — les références trop locales seront gommées, pour rendre l’histoire plus universelle. Ce que je veux transmettre à travers Tempête, c’est sa résilience, son courage, sa détermination. Ce sont des qualités que je retrouve aussi chez les enfants de Klang Leu, parfois de manière encore plus forte. Je me souviens d’une histoire racontée par Fabienne : une adolescente qui avait tenu tête à un parent qui voulait l’envoyer travailler à l’usine. Cette force intérieure existe déjà ; elle mérite d’être encouragée, reconnue, nourrie. Si Tempête peut, à sa manière, incarner ces valeurs et inspirer d’autres enfants, alors j’aurai atteint un objectif au-delà de mes espérances.

 

Ariane Chapelle découvre le quartier de Klang Leu, dans lequel opère EKL

Ariane Chapelle découvre le quartier de Klang Leu, dans lequel opère EKL

 

LPJ : Entre vos rencontres avec les diplomates et les ateliers que vous avez animés dans les écoles, vous avez navigué entre deux univers : l’institutionnel et l’éducatif. Comment ces échanges, très différents dans leur nature, ont-ils nourri votre regard sur le Cambodge et sur votre engagement ?


A.C : Ces deux univers m’ont touchée différemment, mais ils se complètent merveilleusement. Les rencontres institutionnelles — SEM Dominic Williams, ambassadeur du Royaume-Uni, Monsieur Thierry Dalimier, consul honoraire de la Belgique, Monsieur Pierric Reynaud, chargé de mission Coopération multilatérale et ONG — m’ont offert une vision d’ensemble et l’ouverture à des projets ou des partenariats possibles. Il est pour moi fondamental de mettre en lumière le travail d’EKL, qui reste parfois en marge en raison de sa localisation, et de créer des passerelles avec celles et ceux qui peuvent soutenir, relayer ou amplifier ces initiatives.

 

Dominic Williams, Ambassadeur du Royaume-Uni, reçoit Ariane Chapelle rencontre accompagnée de Fabienne Hankard, Vice-présidente de

Dominic Williams, Ambassadeur du Royaume-Uni, reçoit Ariane Chapelle accompagnée de Fabienne Hankard, Vice-présidente de EKL


Dans cet esprit, les ateliers dans les écoles — International School of Phnom Penh, Western International School de Sihanoukville, PAMA International School de Sihanoukville, ISPS – International School of Sihanoukville — m’ont permis le contact direct avec les enfants et le travail créatif. Je voulais leur faire sentir la joie d’imaginer, de créer des histoires, et ils ont tous été magnifiques. Ces deux types de rencontres m’ont renforcée dans mon engagement : construire des projets ambitieux, mais toujours ancrés dans la réalité et l’énergie des enfants.

LPJ : Et Tempête au Cambodge ?
A.C: Peut-être ! Je travaille en ce moment à l’adaptation khmère de Tempête mène l’enquête, pour diffuser le livre dans le pays. C’est un projet qui me tient très à cœur et qui sera une de mes priorités pour 2027.

 

Tempête mène l’enquête est disponible chez  Seavphov Café (Sihanoukville) et Carnets d’Asie (Phnom Penh). il exite aussi en anglais : Tempest’s Secret 

Pour en  savoir plus

sur Ariane Chapelle : www.arianechapelle.org
En savoir plus sur EKL : www.lesenfantsdeklangleu.org

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