Hier, Le Cambodge et la Chine ont inauguré la rénovation et l’agrandissement de la base navale de Ream, dont les États-Unis craignent qu'elle soit destinée à un usage militaire chinois.
Ces travaux comprennent la construction d'une cale sèche, d'une jetée et la réhabilitation de la cale de halage.
Tea Banh, vice-Premier ministre et ministre de la Défense nationale qui co présidait la cérémonie d’ouverture du chantier avec l’ambassadeur chinois M Wang a déclaré:
Nous voulons la réhabilitation de la cale sèche, de la jetée et de la cale de halage car maintenant, les navires de taille moyenne ne peuvent pas accoster à Ream, nous devons être présent en mer et nous n'avons aucun moyen de réparer les navires.
Il a poursuivi : “Une fois achevé, ce projet promouvra de manière significative la modernisation de la marine du Cambodge, renforcera efficacement la capacité des Forces Armées Royales du Cambodge à sauvegarder sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale »
Les inquiétudes américaines
Dans un article paru le 06 juin, le Washington Post avait accusé la Chine de construire secrètement une installation navale au Cambodge pour l'usage exclusif de ses militaires.
Cette question empoisonne les relations américano-cambodgiennes depuis 2018. En juillet 2021, des militaires américains avaient même inspecté la base à la recherche d’indices d’une présence chinoise, mais n’avaient pas eu accès à l’entièreté du site. En rétorsion, les Etats-Unis avaient alors mis fin au programme de leur coopération militaire dans certains domaines. Notamment l'accès à l'Académie militaire américaine de West Point dont le Fils de Hun Sen, Manet est sorti diplômé.
La menace de voir des militaires chinois s'installer au Cambodge est prise très au sérieux par le Pentagone, à l’heure où cette présence est déjà attestée sur les îles Sparleys (en mer de chine) où les chinois ont construit des îlots artificiels et revendiquent comme leur, les eaux qui les entourent.
La présence militaire étrangère est interdite par la constitution cambodgienne.
Sollicitée pour un commentaire pour le Washington Post, l'ambassade du Cambodge aux États-Unis a répondu que la constitution de la nation n'autorise pas les bases militaires étrangères ni la présence de militaires étrangers sur le sol cambodgien.
C’est exactement le même argument que celui avancé par Hun Sen déjà en 2018 :
Je veux qu’il soit clair pour nos compatriotes et nos amis étrangers que le Cambodge ne violera pas sa propre constitution. La constitution du Cambodge interdit la présence d’armées étrangères ou de bases militaires dans le pays.
L'ambassadeur de Chine au Cambodge, Wang Wentian, a déclaré que le projet avec l'aide chinoise était basé sur le respect mutuel et le dialogue égal entre la Chine et le Cambodge, conformément à la loi des deux pays, au droit international et au code de conduite international.
Dans le plus pur style de la diplomatie chinoise, il a évoqué les Etat Unis sans les nommer :
Certains pays font de la propagande et peignent la coopération et la communication normale entre la Chine et le Cambodge sous prétexte de démocratie, de sanctions unilatérales, d'utilisation arbitraire de la juridiction au-delà des frontières et d'ingérence dans les affaires intérieures du Cambodge. Je m'oppose fermement à tous ces actes.