On estime que 13 millions de tonnes de plastique atteignent les océans chaque année dans le monde. Plus d'un million de mammifères, de poissons et d'oiseaux souffrent ou meurent chaque année soit en ingérant ce plastique, soit en s'y empêtrant.
On rapporte qu'environ 90 % des poissons transportent désormais des particules de plastique dans leur estomac. Ces produits chimiques toxiques s'accumulent tout au long de la chaîne alimentaire et finissent par passer dans le corps humain.
Environ 90% des déchets plastiques transportés vers l'océan proviennent de seulement 10 grands fleuves. Il s'agit en Asie du Yangtsé, du Fleuve Jaune, du Hai He, de la Rivière des Perles, de l'Amour, du Mékong, de l'Indus, du delta du Gange, et du Niger et du Nil en Afrique. Chacun traverse des zones peuplées de certains des pays parmi les moins développés où non seulement les infrastructures de collecte et de recyclage des déchets font défauts, mais où la sensibilisation à l'environnement est également limitée.
Le problème de la pollution marine des plastiques est étroitement lié à l'augmentation de la production mondiale et de leurs utilisations. Le volume total de la production mondiale de plastique a atteint 8,3 milliards de tonnes. En tant que matériau pratique, bon marché et durable, le plastique a complètement transformé notre mode de vie et le fonctionnement des entreprises.
Ce changement est également visible au Cambodge. Il y a trente ans, le plastique n'était pas aussi omniprésent. Les gens apportaient des paniers en bambou sur les marchés locaux pour acheter fruits et légumes, que les vendeurs enveloppaient dans des feuilles de lotus ou de bananier. Ces matériaux biodégradables sont aujourd'hui presque entièrement remplacés par des sacs, des pailles, des emballages alimentaires et des bouteilles.
A Phnom Penh, les déchets plastiques représentent plus de 20 % du volume total des déchets municipaux (3 600 tonnes) produits chaque jour. Cela exerce une pression énorme sur les services de gestion des déchets. Dans les zones urbaines, les déchets plastiques déversés illégalement bloquent les cours d'eau, obstruent les systèmes d'égouts et de drainage et augmentent les risques d'inondation.
Dans les zones dépourvues de services de collecte, les déchets plastiques sont souvent brûlés à l'air libre ou éliminés dans des décharges informelles, dans les rues ou dans les cours d'eau locaux, qui les transportent jusqu'à la mer. La combustion des plastiques libère des produits chimiques nocifs qui présentent de graves risques pour la santé publique.
Dans les zones côtières, l'impact des déchets plastiques sur l'industrie du tourisme est particulièrement important. Ils représentent 80% des débris trouvés sur les plages du Cambodge, ce qui détériore l'environnement naturel des zones côtières, les écosystèmes marins et les paysages.
Cette énorme croissance des déchets plastiques et le défi qu'elle pose ne sont pas propres au Cambodge. En fait, une situation similaire peut être observée dans d'autres parties de l'Asie. Dans ces régions également, un grand nombre de personnes et d'entreprises jettent leurs déchets plastiques à proximité des voies navigables ou dans les cours d'eau. Elles ignorent peut-être l'impact et les perturbations causées par ces déchets sur les écosystèmes marins et les chaînes alimentaires, y compris les nôtres.
Que peut-on faire ?
Depuis 2018, le gouvernement royal du Cambodge promeut les 4R - Refuser, Réduire, Réutiliser et Recycler - pour lutter contre la pollution plastique.
À cette fin, une série de mesures dites "de la carotte et du bâton" relatives à l'éducation, aux incitations et à l'application de la loi a été formulée et mise en œuvre. Par exemple, le gouvernement royal a introduit une petite taxe sur les sacs en plastique, destinée aux supermarchés et aux centres commerciaux.
Cette taxe a permis de réduire l'utilisation de ces sacs de plus de 50% dans les grands supermarchés. Les fonds collectés ainsi sont utilisés pour soutenir des initiatives écologiques dans tout le pays. Celles-ci comprennent l'installation de fontaines d'eau et de panneaux solaires dans les écoles publiques pour aider à construire des écoles et des espaces publics plus respectueux de l'environnement.
Le gouvernement royal élabore actuellement une réglementation supplémentaire sur les plastiques à usage unique qui sont jetés. La stratégie d'économie circulaire et le plan d'action ont également été élaborés, avec le soutien de la Suède et du Programme des Nations Unies Pour le Développement UNDP, pour favoriser la mise en œuvre des 4R.
Entre-temps, dans le cadre d'une initiative plus large, le gouvernement royal a renforcé la capacité technique et institutionnelle des administrations infra-nationales à traiter la gestion des déchets en mettant en œuvre sa politique de décentralisation et de déconcentration. Le ministère de l'environnement a délégué les fonctions de gestion des déchets solides aux administrations locales et a élaboré une série de politiques, de cadres et de directives techniques habilitantes. Le ministère a également apporté un soutien technique et financier aux administrations locales pour leur permettre de remplir pleinement leurs nouvelles fonctions, par exemple en fournissant des équipements de gestion des déchets tels que des installations d'incinération à petite échelle, des camions à ordures et des poubelles, et en formant les gouverneurs de district et les chefs de commune aux questions de gestion des déchets.
Outre ces initiatives, la lutte contre les déchets plastiques nécessite d'autres changements systématiques non seulement aux différents niveaux nationaux et infranationaux, mais aussi sur l'ensemble du cycle de vie du plastique, de la production à l'importation et à l'utilisation, en passant par l'élimination ou le recyclage.
Le Cambodge n'est pas un grand producteur de produits en plastique et la plupart des articles en plastique sont importés. Dans le même temps, le Cambodge ne dispose pas encore d'infrastructures adéquates ni de technologies suffisamment avancées pour la gestion et le recyclage des déchets. Comme les déchets plastiques continuent à augmenter, il est maintenant urgent de réduire le volume des déchets et de créer un environnement où ils seront correctement gérés, recyclés ou récupérés.
Tout d'abord, l'importation et la vente de plastique à usage unique doivent être réglementées. Les grandes industries qui utilisent du plastique à usage unique comme les bouteilles en plastique doivent créer des produits facilement recyclables et soutenir activement ce recyclage, par exemple par le biais d'un programme de responsabilité élargie des producteurs. Les entreprises et les particuliers doivent réduire considérablement l'utilisation de plastique à usage unique et adopter des alternatives durables. Les déchets plastiques doivent être triés pour permettre leur réutilisation, leur recyclage ou leur valorisation énergétique. Un soutien supplémentaire du gouvernement royal ainsi que des initiatives communes et la coopération des pays développés et des partenaires de développement sont un facteur essentiel pour construire et promouvoir l'industrie du recyclage au Cambodge.
Le gouvernement japonais vient de signer un accord de subvention de 3 millions de dollars avec l’UNDP pour un nouveau projet de la "lutte contre les déchets plastiques marins au Cambodge". Mise en œuvre par le ministère de l'environnement, le Conseil de l’UNDP, cette initiative vise à prévenir et à réduire au minimum la pollution des déchets plastiques sur terre et dans l'océan, en promouvant les 4R. Il permettra d'élaborer des réglementations, de sensibiliser et de soutenir la réduction des déchets plastiques, ainsi que la promotion du recyclage et des alternatives au plastique.
En réunissant tous les acteurs clés, des mesures urgentes peuvent être prises pour réduire les déchets plastiques au Cambodge et dans le monde et assurer la protection des écosystèmes marins pour les générations à venir.
S.E. Say Samal, Ministre de l'Environnement, Gouvernement Royal du Cambodge
S.E. Mikami Masahiro, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Japon auprès du Royaume du Cambodge
M. Nick Beresford, Représentant résident, l’UNDP Cambodge
Article Traduit par lepetitjournal.com. publié sur le site de l'UNDP