A l’heure de la mondialisation tous azimuts, le Cambodge, comme nombre des pays du monde, est affecté de manière négative par des catastrophes économiques, sanitaires, environnementales ou autres dont il n’est pas directement responsable. La pollution par les déchets plastiques est, au moins en partie, de celles-là.
La pollution par le plastique touche le monde entier
Avec la consommation de masse de produits industriels pour la plupart importés ou fabriqués localement selon les mêmes normes que ceux importés, il y a bien longtemps que le conditionnement des denrées alimentaires avec des produits de la campagne – feuilles de bananier, etc. – a été supplanté par des emballages en plastique – bouteilles, sacs, gobelets – qu’on retrouve par tonnes échoués le long des berges des fleuves et rivières et au bord des routes. Et comment peut-on connaitre la provenance des déchets plastiques amenés par les courants marins sur les plages ou dans les mangroves du Royaume…
Cependant, la mondialisation a ceci de positif que des projets en faveur de la protection de l’environnement initiés à des milliers de kilomètres du royaume dont nul ici n’a vraiment connaissance peuvent y avoir des répercussions concrètes.
Jouer en ligne pour dépolluer
Ainsi, le 13 juillet, l’ONG The SeaCleaners a été sélectionnée, ainsi que 4 autres ONG dédiées à la protection de l’environnement, par le projet caritatif ZEvent pour bénéficier de fonds collectés lors d’un marathon de « gamers » organisé en septembre prochain, au cours duquel, durant 50 heures, des joueurs de jeux vidéo en ligne encourageront leurs fans à faire des dons. L’an dernier, ce marathon avait permis de récolter près de 10 millions de dollars.
Quel rapport, me direz-vous entre The SeaCleaners, les « gamers » et le Cambodge ?
The SeaCleaners, une ONG fondée par navigateur franco-suisse Yvan Bourgnon
Cette ONG a été fondée par le navigateur franco-suisse Yvan Bourgnon dont le site de l’ONG nous dit ceci : ‘au fil de sa carrière, Yvan Bourgnon s’est forgé un palmarès de course impressionnant en multicoque de sport et également en courses au large sur les bateaux les plus performants. Avec son frère aîné, Laurent Bourgnon, il a remporté la Transat Jacques-Vabre en 1997. Détenteur de plusieurs records du monde, il pousse la navigation à l’extrême en entamant une série d’aventures inédites en solitaire, sur son catamaran non-habitable, sans instruments et sans assistance, notamment un tour du monde de 2013 à 2015 et le passage du Nord-Ouest permettant de relier le Groenland à l’Alaska en 2017. »
Au terme de cette carrière épique, le navigateur a décidé de s’investir dans la dépollution des océans et des fleuves en créant The SeaCleaners qui va lancer la mise en chantier du Manta, un bateau de dépollution des mers, des estuaires et de côtes marines et qui a déjà mis à l’eau le bateau de collecte MOBULA 8 à destination des pays affectés par la pollution plastique. Les dons obtenus par les « gamers » de ZEvent seront destinés à accélérer la mise en en œuvre de ces deux programmes.
Un navire de dépollution innovant
C’est au travers du MOBULA 8 que peut s’établir une connexion entre l’initiative du navigateur franco-suisse et ses collaborateurs, les « gamers » de ZEvent et le Cambodge. Il s’agit d’un navire de dépollution doté d’une technologie unique et innovante pour la collecte des déchets flottants solides et liquides. « Grâce à ses flotteurs amovibles et à son pont rabattable, il dispose d’un stockage important pour les déchets plastiques tout en restant au gabarit routier et en conservant la possibilité d’être transporté dans un conteneur de 40 pieds de façon économique et sûre », précise l’ONG.
Tout à fait adapté à la dépollution des eaux intérieures et, en conséquence, à celles du Cambodge, le MOBULA 8 va être déployé en Indonésie.
Les eaux du royaume figurent sur la liste de ces projets d’intervention et des contacts ont déjà été établis entre des autorités locales et l’ONG. Souhaitons que les fonds collectés en septembre par les fans de jeux vidéo permettront au bateau mangeur de plastique de faire son œuvre salutaire le plus rapidement possible au Cambodge.
Certes, le pays n’aura pas attendu ce navire pour commencer à se mobiliser contre cette pollution mais l’accueillir serait une belle opportunité pour le Cambodge de s’inscrire dans la promotion à l’échelle internationale d’initiatives innovantes pour la lutte contre ce fléau des eaux, lesquelles, au-delà des frontières dont les courants se moquent, appartiennent au patrimoine commun de l’humanité.
Pierre Gillette