Le Programme des Nations unies pour le développement soutient le gouvernements, les communautés locales et le secteur privé pour élaborer des cadres juridiques d’accès et de partage des avantages aux bénéfices de la biodiversité au Cambodge.
La bio- prospection au service de la biodiversité
La prospection, autrefois considérée comme le domaine chercheurs d’or et des groupes pétroliers, est en train de une transformation verte. L'énergie, l'agriculture, le tourisme et d'autres secteurs importants - y compris la planification du développement - connaissent tous un changement de paradigme en faveur de la nature. Cela permettra de renforcer la sécurité humaine et la résilience climatique.
Aujourd’hui, la bio-prospection consiste d’explorer les mondes végétal et animale en vue d'utiliser leurs ressources dans les industries pharmaceutiques et biochimiques, et de fabriquer un large éventail de produits commercialement viables.
Elle a permis de mettre au point de nouveaux traitements contre le paludisme, la tuberculose, le VIH et le cancer. Cela souligne une fois de plus l'interdépendance entre les écosystèmes et la santé et le bien-être de l'homme.
La bio-prospection est fondée sur une approche durable qui apporte des avantages économiques et sociaux à des communautés souvent pauvres qui, autrement, auraient recours à une exploitation non durable des terres, à la consommation de ressources environnementales ou à d'autres mécanismes d'adaptation négatifs tels que la migration économique.
Un gros filon naturel
La riche biodiversité du Cambodge et les ressources génétiques qui lui sont associées rendent le
pays attrayant pour la bio-prospection commerciale. Il abrite un nombre élevé de plantes médicinales indigènes connues.
Il existe de nombreuses espèces connues de plantes médicinales indigènes au Cambodge. Elles comprennent le Mmoem Tthnam Cchin (une herbe pérenne de la famille des Zingiberaceae), le Rromdeng Pprey (Alpinia conchigera), le Rromeit Pprey (Curcuma sp. ), Kkravah (Amomum kravanh), Mreah Prov Phnom (Dysoxylum lourieri), Dey Khla (Gardenia angkorensis), Tepongru (Cinnamomum cambodianum) et Vohr Romiet (Coscinium usitatum). D'autres plantes indigènes comme le Voer Romiet (Coscinium sp.) se trouvent également dans toute l'Asie.
La richesse biologique du Cambodge menacée
Alors que le pays continue de gérer sa transition d'une économie basée sur l'agriculture de subsistance vers une économie agro-industrielle, ses ressources biologiques sont de plus en plus menacées.
Ces menaces comprennent notamment l'utilisation concurrente des terres pour l'agriculture, l'urbanisation et les infrastructures, la surexploitation des plantes et des animaux sauvages pour le commerce national et international, la surexploitation des produits forestiers et le changement climatique.
Actuellement, plusieurs plantes médicinales indigènes sont en voie d'extinction et ne sont plus disponibles en quantité suffisante pour être utilisées par les populations locales. 324 espèces de plantes médicinales originaires du Cambodge sont considérées comme potentiellement menacées - ou pourraient devenir vulnérables à plus long terme.
Certaines plantes indigènes ont été prélevées jusqu'à l'extinction dans le sud-ouest du Cambodge, notamment dans la région de la montagne Cardamome et dans les zones du parc national de Bokor.
Les hautes terres montagneuses du Cambodge sont également riches en connaissances traditionnelles sur la conservation de la nature, la santé et le bien-être, les pratiques agricoles durables, ainsi que l'utilisation et la gestion des espèces végétales et animales.
Elles abritent environ 1,7 million de personnes (11,68 % de la population totale du pays), dont plus de 200 000 appartiennent à des minorités autochtones qui vivent depuis des siècles en harmonie avec leur environnement naturel.
Dans de nombreux cas, ces communautés ont vécu isolées ou en contact minimal avec d'autres groupes, développant des normes et des règles culturelles complexes qui régissent leur vision du monde, leurs croyances spirituelles et leurs moyens de subsistance fondés sur une coexistence durable avec l'environnement naturel.
Ces réserves de connaissances varient selon les zones géographiques, les minorités autochtones et les autres minorités ethniques.
L'érosion de ces précieuses connaissances traditionnelles sur l'utilisation et la protection des ressources génétiques aura un impact négatif sur la conservation efficace de la biodiversité et conduira finalement à la perte de solutions fondées sur la nature d’une part mais aussi à la perte de ressources (monétaires et non monétaires) pour les communautés locales et autochtones, et en fin de compte pour le pays et la communauté mondiale dans son ensemble.
Changer les règles du jeu
L'innovation, qui combine les connaissances traditionnelles avec la science et la technologie modernes, a transformé ces ressources génétiques en médicaments, en denrées alimentaires et en de nombreux autres produits indispensables à l'existence humaine.
En fait, on peut affirmer que cette combinaison les ressources génétiques / innovation est à la base du développement durable. Il existe un lien évident entre l'utilisation durable de la biodiversité et la croissance économique.
Ces dernières années, les instituts de recherche, les entreprises pharmaceutiques privées et les ONG ont reconnu l'importance de conserver et d'utiliser ces connaissances. Toutefois, les bénéfices correspondants se sont pas souvent partagés avec les communautés locales.
La protection des ressources génétiques et la garantie de l'accès et du partage des avantages nécessitent une sensibilisation des différentes parties prenantes, à savoir les autorités publiques (le régulateur) et le secteur privé, les universités, les instituts de recherche et les communautés autochtones et locales (les utilisateurs).
Le Protocole de Nagoya, un accord supplémentaire de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, fournit une plate-forme pour le partage équitable des avantages qui facilite le développement durable pour les peuples autochtones et les communautés locales, et la conservation continue de notre capital naturel pour de nombreuses années à venir.
Au Cambodge, il existe un instrument juridique pour l'accès des communautés autochtones et locales et le partage des avantages. Toutefois, sa mise en œuvre est en suspens. A ce jour, aucun permis officiel n'a été délivré et aucun contrat d’ accès et de partage des avantages (APA) n'a été approuvé par l'autorité nationale compétente.
Accéder et partager les avantages
Depuis 2011, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), avec le financement du Fonds de mise en œuvre du Protocole de Nagoya (NPIF) et du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), soutient les gouvernements, les communautés locales et le secteur privé pour élaborer des cadres juridiques d’ « accès et de partage des avantages (APA) » et renforcer les capacités et exploiter le potentiel des ressources génétiques.
Ce soutien est utilisé pour développer de nouveaux produits pour l'agriculture, la protection des cultures, les produits pharmaceutiques, les soins personnels et les aliments/boissons dans plus de 40 pays.
Au Cambodge, le PNUD et le Secrétariat général du Conseil national pour le développement durable du ministère de l'Environnement mettent en place le projet "Développer un cadre global pour la mise en œuvre pratique du protocole de Nagoya au Cambodge".
Financé par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), ce projet crée un environnement propice au renforcement des capacités juridiques et institutionnelles du pays en matière d'accès et de partage des avantages des ressources génétiques, et de conservation des connaissances traditionnelles pertinentes.
Un cadre national d'APA et une feuille de route pour sa mise en œuvre ont été élaborés, y compris des modèles de bio-prospection. Il s'agit dun cadre de surveillance et d'évaluation pour le suivi de l'application des ressources génétiques, et un mécanisme financier correspondant pour le partage des avantages. avec un système de permis administratifs d'APA pour fournir une base solide pour une plus grande sécurité juridique et une plus grande transparence pour les fournisseurs et les utilisateurs de ressources génétiques.
source : Programme des Nations unies pour le développement