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BUCAREST CENTENAIRE – L'écrivaine Marthe Bibesco, une grâce européenne

Nous nous sommes intéressés aujourd'hui pour ce centenaire de la Roumanie moderne, à Martha Bibescu (Marthe Bibesco), écrivaine roumaine d’expression française, figure omniprésente des salons mondains européens durant la première moitié du XXe siècle, remarquée pour son cosmopolitisme, pour sa verve, pour la finesse de sa conversation mais aussi pour son regard bleu.

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Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 3 juillet 2024, mis à jour le 4 juillet 2024


Martha Bibesco est née à Bucarest le 28 janvier, probablement en 1886, celle-ci évitant de mentionner l'année de sa naissance, dans l’esprit d’une élégante coquetterie. Son père, Jean Lahovary a été député, ministre des Affaires étrangères, président du Sénat et ambassadeur de la Roumanie en France. D'ailleurs la famille Lahovary s'était imposée, à la fin du XIXe siècle, sur la scène politique roumaine, les oncles de l’écrivain, Alexandre et Jacob, ayant plusieurs fois occupé des fonctions dans le gouvernement. Du côté maternel, les origines de Martha étaient grecques, sa mère, Smaranda-Emma Lahovary, née Mavrocordat, ayant des origines phanariotes. Marthe est donc éduquée dès sa plus tendre enfance dans l’esprit romantique de la Belle-Époque, dévorant les classiques, parlant plusieurs langues étrangères (on dit que le roumain a succédé au français) et voyageant  beaucoup.

Elle se marie très jeune avec le prince George-Valetin Bibesco, descendant direct du Voïévode de la Valachie, Gheorghe Bibesco, un pilote réputé et fondateur de la Ligue Aéronautique Nationale ; ils auront une fille, Valentine. Grâce à son titre de princesse, Marthe Bibesco devient cousine de deux illustres femmes de la culture roumaine, Elena Vacaresco et la comtesse Anna de Noailles. En suivant son mari dans ses voyages, elle est parmi les premières femmes à avoir traversé l'Atlantique par avion. Sa carrière en tant qu’écrivain débute en 1908, suite à un voyage en automobile en Perse - le volume Les Huit Paradis lui faisant décrocher le prix de l’Académie française.

Le point culminant de sa carrière littéraire est sans doute son roman Le Perroquet Vert paru en 1924 : l’histoire de l’exil d’une famille de Russes pendant la Première Guerre Mondiale et qui comporte des racines autobiographiques. L’écrivain évoque la mort de son frère aîné et le refus de son père de lui acheter un perroquet vert - considéré symbole du bonheur et de l’espoir.

L’élément autobiographique trouve une place d’honneur dans l’œuvre de Marthe Bibesco : les rencontres répétées avec l’écrivain français Marcel Proust sont donc naturellement racontées dans le recueil Au bal avec M. Proust (1928). Sa correspondance avec l’abbé Mugnier est publiée dans La Vie d’une amitié; plusieurs personnalités royales et impériales de la Roumanie, de l’Angleterre, de la Russie et de l’Allemagne sont aussi évoquées dans ses récits. Elle dédie des monographies à Winston Churchill et au général Charles de Gaulle. Son œuvre littéraire se compose également de vers, d'essais et de notes de voyage et collabore avec plusieurs feuilletons, signant sous son pseudonyme, Lucile Decaux. Tout au long de sa vie, l’intelligence fervente et la beauté de l’écrivain fascineront les cercles et salons des mondains, fréquentés par des souverains, des hommes d’état, des savants et des artistes.

Le manoir de Posada et le palais de Mogosoaia, ancien établissement de Constantin Brancoveanu, sont les cadeaux les plus chers qu'elle reçoit de son mari ; pour la restauration de ce dernier, elle se donne corps et âme. Plus tard, son salon sera peuplé par des personnalités comme Cella Delavrancea, Nicolae Iorga, Vasile Parvan, Paul Boncour, Louis Barthou ou Paul Reynaud.  

 
Marthe Bibesco prend régulièrement l’Orient-Express pour se rendre de Bucarest à Paris, jusqu’en 1945 où elle s'établit définitivement dans la capitale française, y mourant dix années plus tard. Son âme restera toujours chez elle, en Roumanie. Dans Isvor, le Pays des saules elle écrit : « Je veux rappeler dans mon livre, les hommes et mon pays natal, pour qu’ils soient connus de tous. Je veux surprendre la forme et la valeur de ces choses qui ont été miennes parce que je les ai aimées ».

Marthe-Bibesco
Source: Wikimedia / Portrait of princess Marthe-Lucile Bibesco - Giovanni Boldini

 

Ana-Maria Roșca

 

Sources: Arllfb.be, Gerflint.fr, Noblesseetroyautes.com

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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