Interdite depuis treize ans, la pratique du bizutage est encore bien ancrée dans la mentalité étudiante. Lors des "week-end d'intégration", les nouveaux étudiants sont toujours la cible des anciens
Des étudiants en première année se font bizuter, le 09 semptembre 2010 à Lyon (AFP PHOTO / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)
En France, le bizutage est un délit puni de 6 mois d'emprisonnement et de 7 500 ? d'amende par la loi, depuis 1998. Pourtant, cette pratique est toujours d'actualité en 2011, notamment dans les grandes écoles et prépas prestigieuses.
9 parents sur 10 inquiets
Le Comité national contre le bizutage dénonçait une situation "inacceptable" mardi matin. Cette organisation qui fédère des syndicats d'enseignants, des grandes écoles, des associations de parents d'élèves ou de lycéens, révélait le même jour une étude menée auprès de 3.276 parents d'élèves. "On constate déjà qu'ils ont pris conscience que les pratiques de bizutage étaient graves", analyse Marie-France Henry, présidente du CNCB. Pour 78% d'entre eux, le bizutage est une "épreuve humiliante". En cas de "bizutage soupçonné, annoncé, avéré", 86% des parents affirment qu'ils avertiraient le chef d'établissement et 55% qu'ils porteraient plainte. Il y a deux semaines, le ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez a écrit aux recteurs et aux responsables d'établissement afin de leur demander d'être très "vigilants".
Les filles en première ligne
Selon la présidente du CNCB, "les filles sont les premières victimes du bizutage, les humiliations sexuelles sont plus violentes que chez les garçons, les simulations ou actes de fellation forcés sont fréquents". Le bizutage entraîne des "traumatismes psychologiques graves" chez les victimes pour 92% des parents d'élèves.
La complaisance des chefs d'établissements
Si les parents d'élèves s'inquiètent de la gravité des débordements occasionnés par les "week-ends d'intégration", les chefs d'établissement eux-mêmes se montrent "complaisants", dénonce Françoise Mougin, secrétaire générale du CNCB. "Certains expliquent qu'un étudiant qui ne supporte pas le bizutage n'a pas sa place dans leur école. Comme s'il s'agissait de la phase ultime du processus de sélection?", poursuit-elle. Pour lutter contre le phénomène, la Conférence des grandes écoles a adopté une charte proscrivant le bizutage. Pour son président, Pierre Tapie, les chefs d'établissement doivent cependant continuer à s'intéresser "à la façon dont les nouveaux étudiants célèbrent l'entrée dans leur école", alors que l'alcoolisation excessive est largement plus répandue que par le passé.
J.B (www.lepetitjournal.com) jeudi 15 septembre 2011
Voir aussi :
La Croix - Le bizutage, une dérive qui perdure
Le Parisien - Le bizutage, les parents en ont toujours peur