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ART - Derniers jours pour la salade de fruits d'Arcimboldo

Ses compositions à double lecture sont archi célèbres, archi fruités, archi aimées. Arcimboldo, qui n'était pourtant pas l'homme d'une seule idée, est l'invité du Musée du Luxembourg pour une expo à la mesure du peintre des Habsbourg. Il y fait un tabac. A voir une semaine encore


Personne n'a pu échapper aux étranges portraits d'Arcimboldo. Des amoncellements ordonnés de fruits et de légumes, des cascades d'objets ou d'animaux y forment des visages énigmatiques. On aime, on trouve ça drôle et brillant ou l'on déteste, jugeant les compositions dérangeantes ou anecdotiques. Pourtant, qui n'a pas, au moins une fois, eu une institutrice en mal d'inspiration proposant un collage "à la manière de"en guise de sujet d'arts plastiques, n'a pas été scolarisé dans nos contrées.

Curiosités
Derrière le jeu de double lecture et la fortune contemporaine de ses images, il y avait un homme et une époque.
Giuseppe Arcimboldo était un artiste maniériste du XVIe siècle. Né en Lombardie en 1526, on sait peu de choses de ses débuts, sinon qu'il a collaboré aux dessins de certains vitraux de la cathédrale de Milan. On ignore également pour quelle raison il a été remarqué et invité à travailler à la cour des Habsbourg, pour Maximilien II d'abord, puis pour son fils, Rodolphe II. Ce fut la chance de sa vie et une opportunité magnifique pour un tel amoureux de l'observation et des sciences.
Les temps sont alors à la nouveauté, à l'extravagance de l'invention, aux découvertes botaniques importées des Amériques. Dans les cabinets de curiosités, il a eu tout le loisir d'étudier des produits aussi exotiques et déroutants que l'artichaut ou l'aubergine, avant d'en faire la chair de son ?uvre.

La relève
Après quelques portraits classiques, son inventivité est employée à l'invention des décors, costumes et autres féeries nécessaires aux festivités de la cour. On ne disait pas encore travailler dans l'évènementiel ! Il met aussi au point sa manière si particulière, à la fois naturaliste et fantastique, et se taille un immense succès avec ses cycles allégoriques des saisons ou des métiers. Au point de devoir lui-même en faire plusieurs copies. Il faudra pourtant attendre longtemps après sa mort pour que sa renommée se réveille. Peut être trop personnel, le travail d'Arcimboldo n'a pas connu d'héritier direct, avant d'être à nouveau révélé au XXe siècle par les Surréalistes, et de marquer le travail de Dali ou Picasso.
Sans oublier tous les écoliers sommés de découper fièrement les plaquettes Carrefour et les catalogues de maman.
Jean Marc JACOB. (www.lepetitjournal.com)
Un article déjà paru le 24 septembre 2007

Arcimboldo (1526-1593), Musée du Luxembourg, 75006 Paris, jusqu'au 13 janvier 2008