Lepetitjournal vous invite à découvrir l’histoire et le futur incertain d’El Palo, un quartier à l’Est de Malaga. Anciennement marécageux, le site s’est transformé en un village de pêcheurs, puis en plages touristiques. Cependant, les habitants expriment leur mécontentement contre une mesure du ministère de la Transition Ecologique. Les maisons traditionnelles proches de la plage appartiennent au domaine public maritime-terrestre, selon le ministère. La conséquence ? Elles sont hors de la zone légale constructible et les 570 familles concernées craignent de perdre leurs logements. Changement climatique, héritage des pêcheurs, tourisme… Pour comprendre, plongez dans l’histoire passionnante de ce quartier populaire de Malaga.
De zone marécageuse à plages touristiques
A l’Antiquité, El Palo était située dans une zone marécageuse, d’où son nom qui provient du latin « palus, paludis », signifiant lagune avec des eaux stagnantes. Une autre explication vient d’une inondation qui aurait rejeté un imposant bâton sur la plage (« palo » en espagnol). Le tronc serait resté tellement longtemps que les pêcheurs auraient fini par renommer le quartier en son nom.
El Palo était un petit village de pêcheurs mal desservi avec peu d’habitants. Au 17ème siècle, on compte 35 habitants, puis 560 habitants au 19ème siècle grâce à la construction du chemin de Vélez qui relie le quartier à Malaga. Les habitants d’El Palo, fiers et désireux d’êtres indépendants, envoient une pétition au conseil municipal de Malaga pour se détacher de la municipalité. Refusée, cette pétition donnera toutefois aux habitants d’El Pelo la réputation d’être fiers et unis.
Au début du 20ème siècle, le quartier se développe et atteint les 5 000 habitants. De plus en plus de maisons sont construites par les pêcheurs au bord de la plage. L’activité économique centrée autour du tourisme s’accroît dans la région et fait son chemin jusqu’au quartier d’El Palo. Des digues artificielles sont construites sur le littoral, de Malaga en passant par Pedregalejo jusqu’à El Palo, laissant la place à de grandes plages le long de la côte. Angela Martinez Badas, une octogénaire qui tient depuis 43 ans un commerce à proximité de la plage, témoigne, elle était déjà installée dans le quartier lors de ces constructions. Elle désigne l’entrée de sa boutique : « Avant on avait les pieds dans l’eau ici. Ils ont construit des digues, elles nous protègent. ».
«Deslinde ya !»: une régularisation attendue depuis 10 ans
Ce sont les maisons au bord de la plage qui font l’objet d’un débat entre les habitants d’El Palo et le gouvernement. Considérées comme trop proche de l’eau par le ministère de la Transition Ecologique, elles appartiennent au « domaine public maritime-terrestre ». Elles se trouvent à l’intérieur de la ligne du rivage de la mer, qui est considérée comme une «zone d’incertitude».
Cette mesure empêche les habitants de faire de grands travaux dans leurs maisons, alors que certaines sont en mauvais état et nécessitent des rénovations. Les habitants ont également peur de perdre leur logement s’ils ne sont pas régularisés. «Ces maisons ont été construites par les pêcheurs eux-mêmes, certains sont là depuis des générations», souffle Antonia Carmenia, 77 ans, elle est née à El Palo et a vécu ici toute sa vie.
Francisco Lopez, habitant d’El Palo témoigne : « Cette situation me préoccupe beaucoup, tout dépend du gouvernement et ils ne font rien ». En effet, la Loi des Côtes de 2013 devait régulariser la situation de ces habitations. Depuis 10 ans, toujours rien. Le ministère des Finances examine actuellement ces régularisations.
Pourtant, le quartier Pedregalejo à quelques centaines de mètres -qui était aussi concerné par cette mesure- a été régularisé. Pour Francisco, « ce n’est pas logique » et l’explication vient du fait que «El Palo est un des quartiers les plus populaires de Malaga». Mais quelle est donc la raison de cette mesure ?
Faire face au changement climatique ?
En effet, le littoral de la Costa del Sol risque de faire face au changement climatique. Les digues seront-elles assez efficaces pour retenir l’eau qui monte ? Les plages artificielles seront-elles recouvertes d’eau ? Les maisons seront-elles menacées ? La députée « Vox pour Malaga », Patricia Rueda, s’est exprimée il y a quelques jours sur ce sujet et a déposé une motion auprès du ministère de la Transition Ecologique pour « retirer les maisons [d’El Palo] de l’espace public maritime terrestre ». La députée a dénoncé une politique « d’expropriation au nom du changement climatique », niant les risques auxquels font face le littoral.
Or, des recherches menées par trois chercheurs italiens montrent que la Méditerranée reste « l’une des régions où les effets du changement climatique sont les plus extrêmes et les plus rapides. », (un lieu où la montée des eaux serait trois fois pire que prévu selon Geo.fr). Toutefois, l’eau monte à des degrés très différents. Par exemple, la montée de l’eau sur la côte Amalfitaine en Italie -près de Pompei- est deux fois plus rapide qu’ici à Malaga. La ville met en place des initiatives pour lutter contre le réchauffement climatique et réduire ses effets.
Face à cet avenir incertain, les habitants gardent espoir. « Il est peu probable que la mer monte », affirme Francisco Lopez, habitant d’El Palo. « Oui il y a le changement climatique, mais je ne pense pas que l’eau montera jusqu’ici, en tout cas pas avant de nombreuses années. » assure Angela Martinez Badas, qui tient un commerce au bord de la mer. Ils demandent au contraire la préservation du patrimoine d’El Palo, qui fait la fierté de ses habitants. Les maisons de pêcheurs colorées, héritées de leurs ancêtres, font en effet le charme de ce quartier de Malaga.
Venez découvrir ce quartier accueillant, dans lequel vous retrouverez son passé historique. Sardines grillées, maisons de pêcheurs, restaurants, bars… A deux pas de Pedregalejo, l’ambiance chaleureuse d’El Palo vous accueillera à bras ouverts !