Les Fallas, notre édition vous en parle en long, en large et en travers depuis dix ans. Mais sans habiter Valencia, il est difficile de comprendre ce qu’il se passe réellement pendant plusieurs semaines et à quel point elles ont un impact sur le quotidien de nombreux habitants, qu’ils participent ou non à ces fêtes.
Moins connues que la Tomatina de Buñol ou que la San Fermin de Pampelune, plus débridées que la Semana Santa, les Fallas sont à Valencia ce que le Carnaval est à Rio : des festivités grandioses qui attirent chaque année des centaines de milliers de touristes. Et si les Fallas ont été inscrites en 2016 sur la liste de l’UNESCO du Patrimoine Immatériel de l’Humanité, c’est qu’elles sont le reflet d’une tradition et du respect de la culture valencienne.
Des festivités attendues comme le retour du printemps
Reprenons depuis le début : que sont les Fallas ? C’est tout simplement le plus grand festival d’art éphémère au monde avec l’exposition de plus de 700 sculptures, dénommées Fallas par les Valenciens, qui peuvent atteindre pour certaines, plus d’une vingtaine de mètres de hauteur. Une série de festivités accompagne ces Fallas qui se déroulent sur plusieurs semaines, de la proclamation de leur ouverture le dernier dimanche de février, ce que l’on appelle la Crida, jusqu’à la crémation des œuvres le 19 mars. Bien que cette date corresponde à la Saint-Joseph, le saint patron des charpentiers, ces fêtes sont avant tout païennes et gardent une profonde symbolique de renaissance et de renouveau lié à l’équinoxe du printemps qui a lieu le jour suivant.
Si Valencia semblait s’être assoupie depuis le passage des Rois Mages le 6 janvier, elle se réveille doucement de sa torpeur au fur à mesure que s’organisent les Fallas. C’est en général au début de l’année, entre les mois de janvier et mars, que le climat est le plus rude dans la région qui peut connaître des épisodes de gota fria voire des événements neigeux. Désertée par les touristes, Valencia somnole et ses habitants se renferment chez eux.
L’arrivée des différentes festivités liées aux Fallas marque un pas de plus vers le redoux et le retour d’une luminosité qui augmente au rythme des journées. C’est donc un moment de l’année particulièrement attendu par tous et chacun sait que la vie reprendra son bouillonnement habituel après le 19 mars. D’ailleurs, la plupart des rendez-vous, qu’ils soient professionnels ou personnels, s’organisent après les Fallas et il est très habituel d’entendre les phrases « On se voit pour parler de ce projet … mais après les Fallas ! » ou « Prenons une bière un soir … mais après les Fallas ! »
Une cohésion sociale très forte
Comprendre les Fallas, c’est aussi comprendre l’impact social que ces festivités génèrent. A la base, ces fêtes sont possibles grâce au travail de plus de 300 casals fallers, ces associations qui regroupent les Falleras et Falleros. De tailles variables, des plus modestes aux plus fortunées, ces associations se réunissent toute l’année pour préparer activement les Fallas. Pour s’y inscrire, le curriculum vitae importe peu. Ce qui compte avant tout c’est l’envie de contribuer à un projet commun : réussir les Fallas.
Ainsi, les casals fallers regroupent des membres de toutes les origines, de tous les âges et de toutes les professions. Les liens entre les Falleros d’une même Falla sont bien évidemment très forts et chaque occasion pour se retrouver ou pour promouvoir son casal faller est vécu avec entrain et fierté.
C’est pourquoi l’importance du lien social a été l’un des critères pris en compte par l’UNESCO pour l’inscription des Fallas au Patrimoine Immatériel de l’Humanité. Le Comité intergouvernemental pour "la protection du patrimoine culturel immatériel" avait en effet déclaré en novembre 2016 que les Fallas représentaient une expression de la « créativité collective » et que les sculptures satiriques, créées par des artistes locaux, étaient ainsi propices à la « communication et le dialogue entre les citoyens ».
Trois semaines où les habitants vivent, pensent et respirent Fallas
On a souvent tendance à réduire les Fallas aux cinq jours de la Semana Grande alors qu’en réalité, les habitants de Valence, qu’ils soient Falleros ou non, sont confrontés bien en amont à toute la ferveur liée à ces fêtes qui s’invitent dans leur quotidien.
Les Fallas sont notamment un prétexte pour de nombreuses activités scolaires et il est quasiment certain que tous les parents valenciens se sont un jour retrouvés dans la plus grande perplexité face à la réalisation d’un ninot pour leurs enfants et ce, dès la crèche ! Les écoles rivalisent d’ingéniosité pour permettre à leurs élèves de contribuer à leur manière à cet événement en créant, par exemple, une sculpture collective qui sera bien entendu brûlée dans la cour de l’école. Il arrive souvent également que les uniformes des écoliers soient troqués pour des blousons falleros.
Pour les plus grands, l’ouverture des magasins de pyrotechnie sonne le glas des nuits calmes et apaisées. Dès la fin des cours, les enfants s’en donnent à cœur joie pour faire exploser un maximum de pétards, des plus petits aux plus impressionnants. Pour marcher dans Valence, il faut ainsi avancer en surveillant les lancés de pétards ou apprendre à ne plus sursauter lorsque l’un de ces engins explosent.
A partir du 1er mars, la vie des Valenciens est bien évidemment rythmée par les mascletas quotidiennes tirées depuis la place de la Mairie. Un spectacle qui attire chaque jour des milliers de spectateurs et qui contraint les autorités locales à fermer à la circulation de nombreuses rues adjacentes. Les plus fortunés ou ceux qui auront eu la chance d’avoir une place sur une des terrasses dominant la place de la Mairie, pourront assister à ces mascletas une coupe de cava à la main. Ces terrasses sont l’endroits où il faut être, où les hommes et femmes d’affaires emmènent leurs clients pour discuter contrats et business.
Vous l'aurez compris, à bien des égards, les Fallas de Valence représente un temps fort dans la vie valencienne, une succession d’événements qui contribuent à développer la fierté d’une culture régionale déjà solidement ancrée chez les Valenciens. Qu'on les aime ou non, elle ne laisse en aucun cas indifférent.
L'EXPAT GUIDE