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Hervé Le Tellier, L’anomalie : un projet orchestré entre Gdansk et Varsovie

Hervé Le Tellier, auteur du célèbre roman L’anomalie (traduit en polonais par Beata Geppert), lauréat du Prix Goncourt en 2020, et du récit autobiographique Toutes les familles heureuses (traduit en polonais par Wiktor Dłuski) vient rencontrer ses lecteurs à Varsovie mercredi 10 mai, puis à Gdansk, jeudi 11 mai et vendredi 12 mai. Ce projet de longue haleine, mené par l’Institut de philologie romane de l’Université de Gdańsk et soutenu par l’Institut français de Pologne, les éditions Filtry, la Fondation Jan Michalski, notamment, permet – entre autres, aux étudiants des philologies romanes ayant pris part à la 4e édition du programme Atelier littéraire. Gdańsk, de plonger dans le monde oulipien d’Hervé Le Tellier. Pour l'occasion, lepetitjournal.com s'est entretenu avec Katarzyna Kotowska, Directrice de la chaire des études de lettres romanes à l’université de Gdańsk, initiatrice et coordinatrice de l’Atelier littéraire. Gdansk. 

Rencontres avec Hervé Le TellierRencontres avec Hervé Le Tellier
Écrit par Bénédicte Mezeix
Publié le 9 mai 2023, mis à jour le 25 septembre 2023


Première étape de L’Anomalie en Pologne : une exposition 

Inaugurée à la Bibliothèque du département de Néophilologie de l’Université de Gdańsk, L’exposition Anomalie est l’événement phare de la quatrième édition du projet Atelier littéraire. Gdańsk. Les vingt-cinq photographies présentées, inspirées par le roman L'anomalie d’Hervé Le Tellier ont été soumises par des étudiants polonais en études romanes.

Des universités de toute la Pologne ont pris part à ce projet : l’Université de Gdańsk, l’Université de Szczecin, l’Université Catholique de Lublin, l’Université UMCS de Lublin, l’Université Nicolas Copernic de Toruń, l’Université de Varsovie, l’Université Pédagogique de Cracovie, l’Université d’Opole et l’Université de Łódź. Actuellement, cette exposition fait le tour des alliances françaises de Pologne, pour connaitre toutes les dates, rendez-vous dans notre rubrique agenda.

 

Deuxième étape : rencontrer Hervé Le Tellier et échanger avec lui

La deuxième étape de la quatrième édition du projet Atelier littéraire. Gdansk se déroule cette semaine, lors de la rencontre entre des étudiants polonais et Hervé Le Tellier à l’Université de Gdansk (les 11 et 12 mai).

Atelier Littéraire. Gdansk est un atelier annuel initié par l’Institut de philologie romane de l’Université de Gdansk, en étroite coopération avec La Maison des écrivains et de la littérature à Paris. Il vise à organiser des rencontres entre des écrivains français et un public jeune, déjà engagé dans un cursus littéraire. À ce jour, l’atelier a déjà accueilli Olivier Rolin, Patrick Deville et Maylis de Kerangal.

 

Docteur Katarzyna Kotowska (Faculté de philologie, Institut des langues romanes - Département des littératures romanes - Directrice de la chaire des études de lettres romanes à L’université de Gdańsk), initiatrice et coordinatrice de l’Atelier littéraire. Gdansk, a accepté de répondre à nos questions.

Lepetitjournal.com/Varsovie : En quoi consiste Atelier littéraire. Gdansk ?

Dr Katarzyna Kotowska : L’idée de l’atelier, c’est que les étudiants puissent se préparer à l’avance, en ayant un projet sur lequel travailler pendant plusieurs mois, dans leurs universités respectives et ainsi lorsqu’ils arrivent enfin à Gdansk au mois de mai, ils sont enfin prêts pour échanger avec l’auteur qui aura accepté notre invitation. Ce sont des étudiants qui viennent des philologies de Varsovie, Cracovie, Torun, Szczecin, Lodz, Lublin… En 2019, par exemple, les étudiants avaient préparé autour de l’œuvre de Patrick Deville, un travail sur cette relation étroite entre l’endroit où l’on vit et l’histoire que l’on vit, chacun réalisant de petits exposés sur leur sphère locale. Puis il y a eu la pandémie. On a repris l’an passé avec Maylis de Kerangal sur le thème de la réalité et la fiction, mais à distance.  Dans le cadre de ce thème, avec une poignée d’étudiants de l’Université de Gdańsk par exemple, nous avons créé un « faux » compte Instagram, mettant en scène un personnage fictif, pour ensuite observer les réactions de « viewers » ou des « followers ». Certaines étudiantes ne se sentaient pas à l’aise avec ce projet, à cause du « mensonge » sur lequel il était bâti.

Nous avons beaucoup parlé de cela avec Maylis de Kerangal, qui disait qu’au fond, c’était comme créer un personnage littéraire. Nous avons ensuite fait face à un autre problème : faut-il fermer le compte maintenant que l’expérience est terminée ?

 

Qu’en est-il de cette année ? Qu’avez-vous mis en place pour préparer la venue d’Hervé Le Tellier ?

Cette année, avec L’anomalie, la situation était un peu différente. Nous avons décidé de découper notre projet en 2 parties ; aux mois de novembre et décembre, nous avons réalisé un concours photographique grâce à une subvention de l’Institut français, destiné aux étudiants en philologie romane en Pologne, dont le sujet était la présentation visuelle d’une anomalie. Nous avons eu de très bons retours des professeurs d’autres universités qui ont envoyé leurs étudiants, et nous avons choisi 25 photographies pour l’exposition.

Ces photos étaient particulièrement intéressantes, on remarque immédiatement que certaines sont inspirées par l’œuvre d’Hervé Le Tellier. Les lauréats sont maintenant invités à nous rejoindre, à Gdansk, pour rencontrer Hervé Le Tellier.  Je voudrais aussi souligner que depuis le début de notre projet, c’est-à-dire 2018, l’Institut Français nous soutient.

 

Comment les deux journées du 11 et 12 mai vont-elles se dérouler ?

Le jeudi 11 mai, c’est la partie ouverte au public qui est traduite simultanément en polonais, pour que la population de Gdansk découvre l’auteur (toutes les informations ici). Le lendemain, est réservé aux étudiants et se déroule à l’université. Il y a aura entre autres une partie animée par Dr. Tomasz Swoboda [Professeur de l’UG, auteur et traducteur, NDLR] pour des étudiants qui parlent français, les invités d’autres universités polonaises et ceux de Gdansk. Pendant 1h30, Tomasz va animer cette rencontre avec Hervé Le Tellier, en français – ce ne sera pas traduit. Ce n’est pas un événement complètement fermé, même si les places sont limitées, des francophones peuvent venir y assister. L’autre temps important de cette journée est à 15h, il y aura une autre rencontre que je trouve très importante. C’est avec une traductrice de Wydawnictwo Nowe, une maison d’édition spécialisée dans la littérature francophone contemporaine. Elle est issue de la librairie Nowela, qui vend des manuels de français, ainsi que tout ce qui concerne les langues romanes plus généralement. Ils ont décidé il y a quelques années de se lancer également dans l’édition. Ils publient beaucoup de littératures contemporaines, et ont le droit de traduire le dernier choix polonais du Goncourt, c’est-à-dire Le cœur ne cède pas de Grégoire Bouillier traduit par Elżbieta Janota qui va faire des ateliers de traduction contemporaine avec les étudiants.

 

En tant que spécialiste et amoureuse des lettres, qu’est-ce qui vous plait dans L’anomalie, qu’est-ce qui vous interpelle ?

Il y a beaucoup de choses. Je crois qu’il y a beaucoup de clins d’œil à ceux qui connaissent plus ou moins la littérature française et internationale, des références également aux jeux oulipiens. En général, j’aime les romans où il y a plusieurs personnages, dont les vies sont entremêlées, qu’on lit comme une série télévisée. C’est un peu un scénario tout préparé, où l’on découvre au fil de la lecture certains indices. Je l’ai déjà lu trois fois, et avec après chaque lecture on découvre d’autres indices qui nous prédisent que quelque chose va se passer. L’anomalie m’a beaucoup plu, ça me donne une joie presque enfantine. C’est également comme un roman d’aventures. On peut lire plusieurs commentaires qui disent que L’anomalie est un mélange de plusieurs genres : roman d’espionnage, un roman d’aventures, un roman intime, un roman policier…, sans oublier l’humour. Il y est également question de philosophie, de choix, de doutes… Par exemple, les délibérations des représentants religieux qui représentent plusieurs fois, qui se posant des questions de base. Est-ce que les êtres qui sont doubles ont deux âmes ? Comment faut-il les traiter ? Ce sont des questionnements qui peuvent entrainer des situations un peu « science-fiction », mais également très humaines. Le roman m’a fait rire, mais ça m’a surtout fait beaucoup réfléchir. Quand on plonge dedans, on ne sait pas du tout comment ça va terminer, et je ne sais toujours pas comment interpréter la fin…

 

Les ouvrages d’Hervé Le Tellier peuvent être empruntés, notamment à la médiathèque de l’Institut français de Pologne à Varsovie et à la bibliothèque de l’Alliance français de Gdańsk.

 

Programme des rencontres :

Varsovie

10 mai, à 19h, au club Pardon, to tu, al. Armii Ludowej 14
Rencontre animée par Marek Bieńczyk
Entrée libre / Rencontre en français et en polonais, traduite par Ewa Świtlak

Gdańsk

11 mai, à 18h30, à Instytut Kultury Miejskiej, Długi Targ 39/40
Rencontre animée par Bénédicte Mezeix
Entrée libre / Rencontre en français avec traduction simultanée en polonais

12 mai, à 9h30, à la Bibliothèque de l’Université, ul. Wita Stwosza 53
Rencontre en français

 

Rencontre avec Hervé Le Tellier