22 millions. C’est le nombre de résidents de l’Union européenne qui disent avoir été victimes d’un acte de violence physique dans les 12 derniers mois, selon un rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Publié le 19 février 2021, le rapport issu du « Fundamental rights survey » recense 22 millions de victimes d’une forme de violence physique dans les 12 derniers mois. Réalisées dans l’Union européenne en 2019 auprès de 35.000 résidents, de plus de 16 ans, des 27 pays membres, les interviews font état d’un véritable écart, entre hommes et femmes, dans la nature des violences physiques.
La réalité des femmes : violences physiques au domicile, harcèlement dans la rue
Le rapport différencie violences physiques et harcèlement, étant entendu par violences physiques tout acte de violence sans distinction de degré. Selon l’enquête réalisée, 39% des violences physiques à l’encontre des hommes sont commises dans des lieux publics. Pour les femmes, la tendance est contraire : plus du tiers des violences physiques ont lieu à leur domicile. Pour les hommes, dans 42% des cas, l’agresseur n’était pas connu, à l’inverse des femmes dont l’agresseur est souvent un proche. En résulte une plus grande difficulté pour les femmes à demander de l’aide, à porter plainte, et à poursuivre une action en justice.
Fait intéressant, lorsqu’il s’agit de harcèlement, les statistiques s’inversent complètement. La proportion d’actes de harcèlement commis par des inconnus à l’encontre des femmes passe à 72%, contre 40% pour les hommes. De même, 57% des actes de harcèlement sur les femmes ont lieu dans l’espace public, et cette part se réduit à un peu moins d’un tiers pour les hommes.
Quand les femmes modifient leur trajet pour éviter une agression potentielle
13% des femmes et 10% des hommes déclarent avoir été victimes d’une violence physique à caractère sexuel. Si ces proportions sont sensiblement proches, il apparaît qu’un tiers des femmes ayant subi une violence à caractère sexuel font état de conséquences psychologiques importantes, contre seulement 9% des hommes.
Ces violences sont vécues plus intensément par les femmes, qui tendent plus à modifier leurs activités et déplacements. 64% d’entre elles affirment essayer, au moins parfois, d’éviter certaines rues ou lieux peu fréquentés par peur d’être agressées. Une proportion qui diminue presque de moitié chez leurs pairs masculins.
Un rapport inédit : mesurer et comparer les violences dans l’Union
C’est la première fois que des données statistiques suivant une méthode similaire sont effectuées sur autant de pays. Leur comparaison pourrait permettre aux pays membres d’identifier les « bonnes pratiques » de certains pays et de s’en inspirer. Réalisée en 2019, l’étude ne permet pas d’observer les conséquences de la crise sanitaire sur les différentes formes de violence et leur occurrence. Le nombre de violences physiques ou d’actes de harcèlement dans les lieux publics a logiquement dû diminuer.
Inversement, les statistiques tendent à montrer une forte augmentation des violences à domicile avec la crise sanitaire et les confinements. Ainsi, en France, entre le 9 mars et le 20 avril 2020, le nombre d’appels reçus par le service d’écoute des victimes de violences conjugales a fait un bond de 400%, passant de 2.145 à 8.213. (Source : mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains).
Si vous êtes victime ou témoin de violences en dehors de la France métropolitaine, le numéro d’aide aux victimes est le suivant : +33 (0)1 80 52 33 76.