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Rome ou la pierre irrévérencieuse

PasquinoPasquino
Écrit par Karine Gauthey
Publié le 3 janvier 2019, mis à jour le 4 janvier 2019

Nichée derrière la Piazza Navona se trouve la Piazza di Pasquino qui abrite l’une des six statues parlantes de la capitale italienne. Initialement dispersées dans différentes parties de la ville, ces statues parlantes sont peut-être l’une des meilleures expressions de l’âme romaine en ce qui concerne la satire irrévérencieuse à l’égard du pouvoir.

Malgré sa petite taille, cette place est devenue célèbre dans le monde entier, en raison d’une tradition répandue depuis le VIème siècle.

Au pied de la statue, on peut découvrir des feuilles satiriques en vers dans le but de se moquer de personnalités importantes ; c’est ce que l’on appelle le « pasquinat »

Du mythe à l’histoire

Cette statue a été découverte lors des fouilles de 1501 à l’occasion de la restructuration du Palais Orsini (l’actuel Palais Braschi), elle daterait du IIIème siècle et nous fait découvrir un épisode de la guerre de Troie selon certains historiens : Ménélas soutenant Patrocle mourant, reproduction, comme souvent, d’une statue grecque du premier siècle avant Jésus Christ.

Le nom de cette sculpture reste un mystère ; on lui aurait attribué le nom d’un artisan bien connu du quartier de Parione, « Pasquino », d’autres sources indiquent qu’il s’agirait du nom d’un restaurateur qui exposait ses vers sur cette place.

La tradition de la statue parlante naît à l’époque papale : le peuple commença à accrocher des affiches avec des écrits satiriques sur le cou de ces sculptures. Bien souvent, les papes étaient les cibles de ces satires invectives, c’est la raison pour laquelle certains pontifes ont tenté en vain d’anéantir le Pasquino, obligeant des gardes à le surveiller la nuit.

Et de nos jours ?

Aujourd’hui, le « Pasquino » est le seul survivant des six statues originelles dispersées dans la ville : « Marforio » dans la cour du musée du Capitole, « Madame Lucrezia » sur la place Saint-Marc, « l’abbé Luigi » sur la place Vidoni, « Facchino » à la via Lata, « Babuino » à la via del Babuino.

Les « pasquinats » ont été momentanément interrompus à la suite de l’annexion de Rome au nouveau royaume d’Italie ; néanmoins la statue qui parle fait toujours partie de la tradition des Romains, qui se plaisent à rédiger des satires en vers ou en prose à l’encontre des politiciens et des dirigeants.

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