

De Rome, on ne connait bien souvent que son centre historique et le Vatican. Pourtant, les attraits de la ville éternelle ne se restreignent pas seulement à la fontaine de Trevi et au Panthéon. Sortez des sentiers battus, ouvrez les yeux et partez à la découverte d'autres quartiers moins connus. Première étape: San Lorenzo
La naissance d'un quartier populaire
Aujourd'hui habité par plus de 9.000 romains, San Lorenzo est né au 19e siècle sur des terres agricoles. En effet, l'exode rural oblige la ville de Rome à construire des logements pour accueillir les nouveaux immigrés, principalement ouvriers et artisans. Rapidement, la situation géographique du lieu, éloigné du tissu urbain, lui donne un esprit de village, tandis que sa communauté se forge une identité propre. Ce quartier populaire qui entre véritablement dans la commune de Rome en 1909 devient "une ville dans la ville".
Eglise de San Lorenzo, photo, Victoire Maurel pour LPJ de Rome
Sous le régime de Mussolini, la situation économique du quartier est peu glorieuse et la guerre n'arrange rien. Le 19 Juillet 1943, San Lorenzo, proche de la gare ferroviaire, est la cible de bombardements alliés qui détruisent de nombreux édifices. Cet épisode douloureux cause la mort de plus de 1.000 personnes. Il a d'ailleurs été le sujet d'une chanson, "San Lorenzo", écrite par Francesco De Gregori en 1982 (vidéo).
La fin de la guerre marque un tournant dans l'histoire du quartier. De nombreux habitants déménagent, tandis que de nouveaux immigrés du Sud de l'Italie viennent s'installer. Cette "ville dans la ville" en reconstruction est en difficulté. Mais, les années 1960 lui apportent un souffle nouveau. L'université de La Sapienza attire de plus en plus d'étudiants. Ces derniers s'installent donc tout naturellement à San Lorenzo, et en font progressivement un des hauts lieux de regroupement des jeunes romains.
Une forte identité politique
Dès 1900, du fait de la composition très populaire de sa population, San Lorenzo affiche une forte identité politique de gauche. Tandis que s'y diffuse une pensée anarchiste, le parti socialiste y ouvre une section. Avec l'aide de l'Eglise, ce dernier fait preuve d'une réelle volonté de développement socioculturel du quartier et d'assistance à la population.
Malheureusement San Lorenzo paye cher son opposition au régime et subit les expéditions punitives fascistes puis les bombardement alliées de la guerre. Pourtant le quartier reste malgré tout l'épicentre des activités de la gauche italienne et notamment de la jeunesse contestataire de Mai 1968.
Plan du quartier San Lorenzo
Un quartier toujours très vivant
Aujourd'hui encore, San Lorenzo reste un quartier en marge de Rome, du fait de sa position géographique mais aussi de son architecture et de son esprit alternatif. Il semble d'ailleurs parfois oublié des pouvoirs publics, comme en témoignent, par exemple, certains édifices détruits pendant la seconde guerre mondiale et jamais reconstruits. En Avril 2008, une association du quartier interpellait d'ailleurs le président del Municipio III, Dario Marcucci, à propos des problèmes de stationnement, d'hygiène et des désagréments causés par la vie nocturne très active du lieu.
Dans les rues de San Lorenzo, photo Victoire Maurel (LPJ de Rome)
Le quartier est devenu le repère des étudiants et des artistes comme Pier Paolo Pasolini et Alberto Moravia qui avaient l'habitude de fréquenter le restaurant Pommidoro, toujours en activité. Les habitants originaux ont bien vieilli, pourtant, le lieu n'a certainement pas oublié son passé très à gauche. Au contraire, il le revendique souvent sur ses murs, recouverts de tags et autres graffitis. San Lorenzo est fier de son Histoire comme en témoigne l'inauguration d'un monument commémoratif en 2004 dans le parc des Caduti. Cet édifice rend hommage aux 1.674 victimes du bombardement du 19 Juillet 1943.
Victoire Maurel (www.lepetitjournal.com/rome) Mercredi 2 novembre 2011
De Rome, on ne connait bien souvent que son centre historique et le Vatican. Pourtant, les attraits de la ville éternelle ne se restreignent pas seulement à la fontaine de Trevi et au Panthéon. Sortez des sentiers battus, ouvrez les yeux et partez à la découverte d'autres quartiers moins connus. Première étape, San Lorenzo !
La naissance d'un quartier populaire
Aujourd'hui habité par plus de 9.000 romains, San Lorenzo est né au 19e siècle sur des terres agricoles. En effet, l'exode rural oblige la ville de Rome à construire des logements pour accueillir les nouveaux immigrés, principalement ouvriers et artisans. Rapidement, la situation géographique du lieu, éloigné du tissu urbain, lui donne un esprit de village, tandis que sa communauté se forge une identité propre. Ce quartier populaire qui entre véritablement dans la commune de Rome en 1909 devient "une ville dans la ville".
Sous le régime de Mussolini, la situation économique du quartier est peu glorieuse et la guerre n'arrange rien. Le 19 Juillet 1943, San Lorenzo, proche de la gare ferroviaire, est la cible de bombardements alliés qui détruisent de nombreux édifices. Cet épisode douloureux cause la mort de plus de 1.000 personnes. Il a d'ailleurs été le sujet d'une chanson, "San Lorenzo", écrite par Francesco De Gregori en 1982.
La fin de la guerre marque un tournant dans l'histoire du quartier. De nombreux habitants déménagent, tandis que de nouveaux immigrés du Sud de l'Italie viennent s'installer. Cette "ville dans la ville" en reconstruction est en difficulté. Mais, les années 1960 lui apportent un souffle nouveau. L'université de La Sapienza attire de plus en plus d'étudiants. Ces derniers s'installent donc tout naturellement à San Lorenzo, et en font progressivement un des hauts lieux de regroupement des jeunes romains.
http://www.vivisanlorenzo.it/origini_san_lorenzo.htm
Une forte identité politique
Dès 1900, du fait de la composition très populaire de sa population, San Lorenzo affiche une forte identité politique de gauche. Tandis que s'y diffuse une pensée anarchiste, le parti socialiste y ouvre une section. Avec l'aide de l'Eglise, ce dernierfait preuve d'une réelle volonté de développement socioculturel du quartier et d'assistance à la population.
Mais, c'est dans les années 1920, face à la montée du fascisme, que le quartier s'affirme réellement comme une exception politique face au reste de la capitale. Il devient spontanément un bastion de l'opposition à Mussolini. Pendant la seconde guerre mondiale, de nombreux habitants s'engagent dans la Résistance. Ainsi, le bar-laiterie Remolo, via degli Equi, devient le point de rencontre des opposants au régime. Le tenancier du lieu, Romolo d'Onofrio, indique chaque jour l'avancée des troupes alliées sur une carte de l'Europe affichée sur un mur du bar. Pendant ce temps, dans sa cave, se fabrique le journal clandestin du Parti Communiste "L'Unita".
Malheureusement San Lorenzo paye cher son opposition au régime et subit les expéditions punitives fascistes puis les bombardement alliées de la guerre. Pourtant le quartier reste malgré tout l'épicentre des activités de la gauche italienne et notamment de la jeunesse contestataire de Mai 1968.
Un quartier toujours très vivant
Aujourd'hui encore, San Lorenzo reste un quartier en marge de Rome, du fait de sa position géographique mais aussi de son architecture et de son esprit alternatif. Il semble d'ailleurs parfois oublié des pouvoirs publics, comme en témoignent, par exemple, certains édifices détruits pendant la seconde guerre mondiale et jamais reconstruits. En Avril 2008, une association du quartier interpellait d'ailleurs le président del Municipio III, Dario Marcucci, à propos des problèmes de stationnement, d'hygiène et des désagréments causés par la vie nocturne très active du lieu. http://degradodiroma.wordpress.com/2008/04/22/san-lorenzo-non-e-gardaland/
A San Lorenzo, hormis les deux vestiges historiques de la Basilique, qui renfermerait le Saint Graal selon un légende, et de la Porta Tiburtina, on ne trouve pas de beaux immeubles ou de rues léchées. IL est peu probable de croiser les hordes de touristes qui déferlent habituellement dans le centre de la capitale. En revanche, vous pourrez vous confronter au "Street Art" sur la piazzetta, écouter de la musique électro à l'Atlantide ou encore déguster une délicieuse pizza, pour la modique somme de 5 euros, au "Formula 1".
Le quartier est devenu le repère des étudiants et des artistes comme Pier Paolo Pasolini et Alberto Moravia qui avaient l'habitude de fréquenter le restaurantPommidoro, toujours en activité. Les habitants originaux ont bien vieilli, pourtant, le lieu n'a certainement pas oublié son passé très à gauche. Au contraire, il le revendique souvent sur ses murs, recouverts de tags et autres graffitis. San Lorenzo est fier de son Histoire comme en témoigne l'inauguration d'un monument commémoratif en 2004 dans le parc des Caduti. Cet édifice rend hommage aux 1.674 victimes du bombardement du 19 Juillet 1943.
Victoire Maurel (www.lepetitjournal.com/rome) Mercredi 2 novembre 2011

































