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LEGGE 40 – La fécondation assistée devient légale en Italie

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 11 avril 2014

Qualifiée d'historique par certains et d'atrocité pour d'autres, l'abrogation de la Loi 40 qui interdisait depuis 10 ans le don d'ovocyte et de spermatozoïdes en Italie a fait beaucoup parler. La Cour constitutionnelle, la plus haute instance juridique du pays a déclaré illégitime cette décision prise sous le gouvernement Berlusconi. Les couples infertiles qui devaient se résigner à ne pas faire d'enfants ou à payer des sommes astronomiques pour bénéficier des lois favorables à l'étranger pourront dorénavant avoir accès à la fécondation assistée en Italie.

Un changement historique

C'est une barrière éthique qui vient de tomber en Italie. La Cour constitutionnelle vient de déclarer illégitime l'interdiction de la fécondation assistée par donneur (don d'ovocyte ou de spermatozoïdes). La Loi 40, adoptée en 2004 sous le gouvernement de Silvio Berlusconi devient donc caduque. Elle interdisait aux couples infertiles de recourir à cette pratique, pourtant en vigueur partout en Europe. Les aspirants à la maternité devaient alors jusque là renoncer à l'espérance de concevoir un enfant légalement dans la Péninsule.

Jusqu'à présent, les couples devaient contourner la loi en ayant recours à un don de spermatozoïdes ou d'ovocyte à l'étranger. Mais la pratique étant coûteuse, seuls les couples qui avaient les moyens pouvaient se le permettre. Avec la décision de la plus haute Cour de justice du pays, la fécondation assistée pourra être pratiquée dans les centres habilités en Italie. Les couples candidats devront encore patienter environ un mois, le temps que la sentence soit entérinée et publiée sur le Journal Officiel.

Maria Paola Costantini, avocate de l'association de consommateurs Cittadinazattiva estime que "4.000 couples italiens sont partis à l'étranger en 2012 à la recherche d'un donneur". Elle ajoute que "62 % des couples à la recherche d'un donneur en Espagne sont des Italiens". L'abrogation de la Loi 40 devrait donc voir bon nombre de couples de la Péninsule se tourner vers des centres hospitaliers italiens.

Les conservateurs et l'Eglise contre l'abrogation de la loi

Malgré ce revirement de situation, les résistances sont encore très nombreuses au pays du Vatican. Les réactions ne se sont d'ailleurs pas faites attendre. Le monde catholique a immédiatement crié au scandale. L'hebdomadaire Famiglia Cristiana aborde le sujet dans ses pages comme "une fécondation sauvage pour tous". Le journal catholique et conservateur parle même de "dernière folie italienne". Quant à l'Accademia Pontificia per la Vita, elle manifeste "consternation et mécontentement".

Même les politiques d'influence catholique sont récalcitrants à l'abrogation de la Loi 40. Pour Eugenia Roccella du Nuovo Centrodestra, le parti fondé par Angelino Alfano, "une dérive très dangereuse est en train de s'ouvrir". Elle ajoute même que "le droit de chaque nouveau né de grandir avec ses parents naturels vient de tomber". Même son de cloche pour l'Unione del Centro qui, par la voix  de Paola Binetti dénonce une "grave attaque à la famille". 

Du côté de la gauche et du Partito democratico, le discours est évidemment tout autre. La décision a été saluée par l'ensemble de la formation politique de Matteo Renzi. Mais la ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin (droite) a, quant à elle, estimé que "la loi avait été vidée de sa substance" et demande à ce qu'intervienne le Parlement pour pallier au vide juridique.

Aurélien Bureau (Lepetitjournal.com de Rome) - vendredi 11 avril 2014

Crédits photo : Corbis LD

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Publié le 10 avril 2014, mis à jour le 11 avril 2014
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